• L'accord européen arraché à Bruxelles, un soulagement teinté d'inquiétudes

    Dernière modification : 27/10/2011 
    - Crise financière - Économie européenne - Grèce - Union européenne - Zone euro

    L'accord européen arraché à Bruxelles, un soulagement teinté d'inquiétudes

     

    L'accord conclu à Bruxelles entre les dirigeants de la zone euro a été globalement accueilli avec soulagement par les économistes. Mais plusieurs points du nouveau plan suscitent interrogations et appréhensions.

    Par FRANCE 24 (texte)
     

    "Un accord sur un programme a été conclu". Ce jeudi matin, au terme d’une longue nuit de tractations, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a annoncé que les dirigeants européens réunis en sommet à Bruxelles étaient parvenus à boucler, non sans mal, un plan destiné à sortir la zone euro de la spirale infernale dans laquelle la crise de la dette grecque l’avait poussée.

    "Nous avons pris les bonnes décisions"
     
    Angela Merkel, chancelière allemande

    Accueillie avec soulagement par les marchés financiers, la série de mesures adoptées à Bruxelles est “à la hauteur des attentes”, estime Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, un think tank spécialisé dans les questions européennes. "Mais le plan pourrait s’avérer insuffisant s’il n’est pas suivi d’une meilleure gestion des dépenses publiques dans les pays de la zone euro. Il s’agit du début d’un processus qui sera douloureux mais qui, à terme, peut tirer la zone euro de ce mauvais pas."

    Ardoise pour moitié effacée

    “Douloureux”, ce sera le cas pour le secteur bancaire dans un premier temps. Dans le détail, l’accord prévoit en effet que les établissements créanciers d’Athènes tirent un trait sur près de la moitié de la dette hellène qu’ils détiennent. Quelque 100 milliards d’euros seront effacés de l’ardoise, sur un total d’endettement public de 350 milliards d’euros. En échange de l'effort demandé, les gouvernements de la zone euro se sont engagés à garantir la recapitalisation des établissements qui en feraient la demande.

    Obtenue après plusieurs heures d’âpres discussions, cette concession peut, à l’avenir, être lourde de conséquences sur le financement de l’économie européenne. "La majorité des banques, françaises notamment, a les moyens d’assumer cette perte mais elle les contraint à plus de vigilance. On peut craindre un resserrement du crédit car elles devraient moins prêter aux entreprises et aux États.", estime Jean-Dominique Giuliani.

    La Chine à la rescousse ?

    Au-delà du secteur bancaire, les pays de la zone euro ont décidé de porter à 1 000 milliards d'euros, dans un premier temps, le montant de l’enveloppe de leur Fonds de secours financier (FESF) pour les pays en difficulté.

    À ce mécanisme 100% européen devrait s’ajouter un fonds supplémentaire auquel pourrait contribuer des pays émergents comme la Russie et la Chine.

    "Faire appel à des tiers, en l’occurrence la Chine, pour augmenter les fonds du FESF, est un aveu d’échec de la part de la zone euro, un symbole de son abdication", tranche Frédéric Bonnevay, économiste à l’Institut Montaigne, "l’Europe doit seule mettre de l’ordre dans sa maison."

    L’idée fait pourtant son chemin au sein des instances dirigeantes européennes. Ce jeudi, Nicolas Sarkozy a appelé son homologue chinois, Hu Jintao, pour évoquer la question. Le président du FESF, Klaus Regling, est quant à lui attendu à Pékin ce vendredi

    De leur côté, "les autorités de Pékin sont disposées à s’investir et à aider l’Europe à remodeler sa stratégie de développement qu’elles jugeaient alors insoutenable", rapporte Joris Zylberstein, correspondant de FRANCE 24 en Chine, qui estime que le plan de Bruxelles "semble avoir convaincu les Chinois".

    "Par la barbichette"

    Les réelles intentions de Pékin sur le Vieux Continent inquiètent cependant nombre d’analystes et de dirigeants politiques pour qui la question reste sensible. "Si la Chine veut participer à ce fonds, c’est pour étendre son périmètre sur l’échiquier politique", affirme Frédéric Bonnevay.

    "Cela n’est ni choquant ni inquiétant, c’est normal", estime pour sa part Jean-Dominique Giuliani. "Les économies mondiales sont interdépendantes, tout le monde se tient par la barbichette. Il faut recycler l’argent. L’Europe ne fait qu’ouvrir un peu plus le marché de la dette à la Chine qui a envie de diversifier son portefeuille constitué aux deux tiers de dettes américaines."

    "Un moteur dans la machine"

    Malgré l’unité affichée à l’issue du sommet de Bruxelles, plusieurs dossiers demeurent sujets à disputes entre la France et l’Allemagne, les deux poids lourds de la zone euro. Au premier rang des pommes de discorde figure le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) à qui Paris veut attribuer davantage de poids. Au grand dam de Berlin qui souhaite que l’institution se cantonne à maîtriser l’inflation, sa mission première.

    Des divergences “essentiellement techniques” qui, aux yeux de Jean-Dominique Giuliani, ne remettent pas en cause la "volonté commune de consolider le noyau dur de l’Union européenne". Pour le président de la Fondation Robert Schuman, le combat mené contre la crise de la dette aura eu le mérite de montrer qu’il y a "un moteur dans la machine". "Cela fait 18 mois que les décisions vont dans le sens d’une intégration renforcée. Après avoir adopté la monnaie commune, l’UE va dans le sens d’un gouvernement économique commun."

    Ce jeudi, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a en effet élargi les attributions de l’actuel commissaire européen des affaires économiques et monétaires. Une décision qui, pour nombre d’observateurs, annonce la création d’un ministre des Finances de la zone euro, poste que les plus ardents "fédéralistes" appellent de leurs vœux depuis le début de la crise de la dette en janvier 2010.


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