• L'Arabie saoudite hausse le ton contre Damas en rappelant son ambassadeur

     

    L'Arabie saoudite hausse le ton contre Damas
    en rappelant son ambassadeur
     
    Riyad a rappelé "pour consultations" son ambassadeur à Damas en insistant sur le fait que son pays "ne [pouvait] pas accepter" ce qui se passe en Syrie. Cette intervention survient après un appel similaire de la part des monarchies du Golfe.
    Par Maureen GRISOT (vidéo)
    FRANCE 24 (texte)
     

    Près de cinq mois après le début du soulèvement en Syrie, l’Arabie saoudite hausse le ton contre le régime de Bachar al-Assad. Le roi Abdallah est sorti de son silence, dimanche, en annonçant dans un communiqué qu’il rappelait, pour "consultations", son ambassadeur à Damas.

    "Le royaume saoudien ne peut aucunement accepter ce qui se passe en Syrie. Les événements [la répression, NDLR] ne se prêtent à aucune justification", a-t-il déclaré.

    Les villes syriennes où ont eu lieu des manifestations
    (cliquez pour agrandir)

    Le roi Abdallah a, en outre, appelé Damas à "mettre en œuvre des réformes globales et rapides" et "à faire valoir la raison avant qu'il ne soit trop tard".

    Ces déclarations interviennent au terme de deux journées particulièrement meurtrières en Syrie. Au moins 54 personnes ont péri, dimanche, dans des assauts de l’armée contre les villes de Deir ez-Zor et de Homs.

    L’initiative de Riyad, qui entretient des relations tendues avec Damas depuis l’assassinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri, le 14 février 2005 à Beyrouth (Liban), a de quoi surprendre. D’habitude assez discrète sur la scène diplomatique, l’Arabie saoudite était en effet restée silencieuse face à la répression des soulèvements tunisien et égyptien par Zine el-Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak, avant qu’ils ne conduisent à leur chute.

    Les condamnations dans le monde arabe se multiplient

    Mais, pour Frédéric Encel, spécialiste du Proche-Orient et maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris, "on est ici dans le schéma d’un pays qui veut assurer un rôle de puissance arabe sunnite au Moyen-Orient. Par conséquent, elle ne peut pas se permettre de se taire face à une Syrie répressive". Majoritairement peuplée de sunnites, la Syrie est dirigée depuis 40 ans d’une main de fer par le clan Assad qui est, lui, issu de la minorité alaouite, une branche sécessionniste du chiisme.

    Reste que cette initiative est "faible" et arrive "bien tard", poursuit Frédéric Encel, qui explique que "le rappel d’un ambassadeur est une mesure plus symbolique qu’autre chose".

    La déclaration du roi Abdallah d’Arabie saoudite n’est pas une initiative isolée. Samedi, les pays du Golfe ont lancé un appel similaire à la Syrie.   Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) - composé de l’Arabie saoudite, du Koweït, du Bahreïn, des Émirats arabes unis, d’Oman et du Qatar - a appelé le régime de Bachar al-Assad à "la raison et à l'introduction de réformes sérieuses et nécessaires protégeant les droits et la dignité du peuple (syrien), tout en répondant à ses aspirations".  

    La Ligue arabe, longtemps restée muette elle aussi, a également fini par prendre la parole, dimanche. Son secrétaire général, Nabil al-Arabi, a appelé Damas "à mettre immédiatement fin à tous les actes de violence et aux campagnes sécuritaires contre les civils". Mais, pour Frédéric Encel, l’organisation "a montré une nouvelle fois qu’elle n’arrivait pas à régler ses propres problèmes, et surtout qu’elle attend toujours la réaction de quelqu’un d’extérieur pour agir". La déclaration de la Ligue arabe est en effet intervenue à la suite du durcissement de la position russe, en début de semaine dernière.

    Quelles conséquences pour la Syrie ? 

    Proche des cercles officiels saoudiens, Jamal Khashoggi a également confié à l’AFP qu’"une réunion - regroupant notamment Saoudiens, Américains et Turcs - devrait se tenir prochainement dans une capitale de la région".

    Pour Frédéric Encel toutefois, il ne s’agit pas là de la mise en place d’une éventuelle "coalition" contre la Syrie. Il s’agit plutôt d’initiatives propres à chaque pays ou groupe de pays. Celui-ci ajoute d’ailleurs qu’"on ne peut en aucun cas s’attendre à une intervention militaire" contre Damas et que la "seule conséquence" de la mobilisation actuelle des pays arabes sera "un isolement diplomatique" accru du régime de Bachar al-Assad. "Une chose à laquelle il est habitué et qui risque bien, paradoxalement, de rendre service à son régime, car cela confirme sa théorie du complot", poursuit Frédéric Encel.

    Le président Bachar al-Assad a une nouvelle fois justifié les interventions sanglantes de l’armée syrienne par une lutte contre des "hors-la-loi". Au moins 2 000 personnes ont trouvé la mort en Syrie depuis le déclenchement d'un mouvement de contestation du régime le 15 mars dernier, selon les militants des droits de l'Homme.

     

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