Alors que l’armée syrienne a utilisé pour la première fois mercredi 23 septembre des drones fournis par la Russie, le président français François Hollande a appelé à l’organisation d’une nouvelle conférence de l’ONU sur la Syrie , à la suite de celles de juin 2012 et février 2014.
« Pour la première fois, l’armée a utilisé aujourd’hui des drones reçus de Moscou dans des opérations contre des extrémistes dans le nord et l’est du pays », a affirmé une source de sécurité à Damas, sans préciser le type de drones utilisés ni sur les régions où les opérations avaient eu lieu. Jusqu’à présent, il avait été fait état de l’utilisation par l’armée syrienne de drones iraniens, moins sophistiqués, dans des opérations ponctuelles menées notamment dans la banlieue de Damas.
L’utilisation de drones russes est une nouvelle illustration du renforcement du soutien militaire apporté par Moscou qui renforce son soutien au régime de Bachar Al-Assad avec l’espoir qu’il reprenne l’ascendant militaire sur les djihadistes et les rebelles.
Cette montée en puissance russe depuis plusieurs semaines alarme les États-Unis, dont le chef de la diplomatie John Kerry s’est entretenu à ce sujet à trois reprises ces derniers jours avec son homologue russe Sergueï Lavrov.
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La présence de militaires russes en Syrie, trahie notamment par des selfies postés sur les réseaux sociaux par de jeunes soldats déployés dans le pays, Moscou a été contraint de confirmer, le 9 septembre, la présence de certains de ses ressortissants dans le pays dirigé par Bachar Al-Assad. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères russe a évoqué des « experts militaires » présents sur le sol.
La Russie justifie ce soutien accru par la nécessité de lutter plus efficacement contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui représente selon Moscou la principale menace à la stabilité du Moyen-Orient. Moscou estime que la coalition internationale conduite par les États-Unis, qui mène des raids en Syrie et en Irak, n’a pas réussi à le faire réellement reculer.
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Multiplication des frappes de l’armée syrienne sur Palmyre
Un haut responsable syrien avait indiqué mardi que son armée avait reçu de Moscou « au moins cinq avions de combat, des avions de reconnaissance (…) ainsi que du matériel de combat sophistiqué pour combattre l’EI ». De fait, ces derniers jours, l’armée de l’air syrienne a déjà multiplié ses frappes contre des positions des djihadistes, notamment sur et autour Palmyre, une ville du centre de la Syrie contrôlée par l’EI depuis mai et connue dans le monde entier pour sa cité antique dans le désert. Au moins 12 civils ont été tués et des dizaines blessés dans les bombardements, qui ont également provoqué la mort de plusieurs dizaines de djihadistes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Affaiblie ces derniers mois aussi bien sur le plan des effectifs que du matériel, l’armée syrienne tente de reprendre les positions perdues dans plusieurs régions au profit de l’EI mais aussi de groupes rebelles.
Relancer le processus politique
Dans ce contexte de combats sans fin plus de quatre ans après le début du conflit, les pays occidentaux ont récemment appelé à relancer le processus politique, au point mort.
Mardi, le président français François Hollande et le premier ministre britannique David Cameron, estimaient qu’il fallait « dynamiser le processus politique » car « une bonne partie de la réponse à la crise des réfugiés doit être une solution à la situation en Syrie ».
M. Hollande a insisté sur ce point mercredi en appelant à l’organisation d’une nouvelle conférence de l’ONU sur la Syrie, à la suite de celles de janvier 2012 et février 2013, dites de « Genève I et II » – qui avaient échoué, en raison notamment de désaccord sur le maintien à son poste de M. Assad, défendu avec force par la Russie et l’Iran.
« Tous ceux qui peuvent contribuer à trouver une solution politique en Syrie doivent être mis autour de la table », a déclaré le président français à son arrivée à un sommet européen sur les réfugiés à Bruxelles.
Avec David Cameron « nous avons encore renforcé notre coopération, nos échanges d’information. Et j’attends que la Grande-Bretagne prenne des décisions concernant la Syrie », a-il ajouté. « Nous aurons sans doute encore à accentuer notre pression de façon à ce que les vols de reconnaissance que nos avions font en ce moment puissent, si nous avons des cibles, des objectifs, être traduits le moment venu par des frappes ».
Le 7 septembre, le chef de l’Etat français a ouvert la voie à des frappes françaises en Syrie, tout en excluant une intervention terrestre. Depuis, des chasseurs français effectuent régulièrement des vols de reconnaissance sur le territoire syrien.
La chancelière allemande Angela Merkel a estimé qu’il fallait parler avec le président syrien pour trouver une solution au conflit évoquant « non seulement (…) les États-Unis, la Russie, mais aussi avec les partenaires régionaux importants, l’Iran, des pays sunnites comme l’Arabie saoudite ».
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