• L'Aube dorée, un parti xénophobe au Parlement grec

    L'Aube dorée, un parti xénophobe au Parlement grec


    Par Alexia Kefalas Mis à jour <time class="updated" datetime="07-05-2012T20:44:00+02:00;">le 07/05/2012 à 20:44</time> | publié <time datetime="07-05-2012T20:26:00+02:00;" pubdate="">le 07/05/2012 à 20:26</time>

     

    Le leader du parti ultranationaliste grec Chryssi Avgi «(l'Aube dorée»), Nikos Mihaloliakos, lors d'une conférence de presse, dimanche, à Athènes.
    Le leader du parti ultranationaliste grec Chryssi Avgi «(l'Aube dorée»), Nikos Mihaloliakos, lors d'une conférence de presse, dimanche, à Athènes. Crédits photo : Petros Giannakouris/AP
     

    En obtenant près de 7 % des voix, Chryssi Avgi estime avoir reçu une consécration et compte remettre de l'ordre dans la vie politique grecque.

    Il est 22 h 30, dimanche soir au siège du parti d'extrême droite Chryssi Avgi, «Aube dorée», près du centre d'Athènes. Les résultats des législatives sont en train de tomber. Dès les premières estimations, ce parti néonazi est assuré d'obtenir assez de voix pour entrer au Parlement. Une première dans l'histoire moderne de la Grèce.

    Une nuée de journalistes attend les déclarations de Nikos Mihaloliakos, le leader de Chryssi Avgi. À son arrivée, des membres du parti demandent à la salle de se lever: «Le président arrive, debout en signe de respect, allez! Allez!» Toute la presse reste assise. Un affront pour les militants, qui dénoncent cette insolence, crient à la conspiration. «Veni, vidi, vici, je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu! Vous m'avez couvert de boue, vous m'avez diffamé, je vous ai vaincus. C'est une victoire sur le pouvoir tyrannique des médias, contre la junte des télévisions et des journaux qui me boycottent. Ce combat continuera, la nouvelle Aube dorée de l'hellénisme arrive, l'heure est venue pour les traîtres à la patrie d'avoir peur»,hurle Nikos Mihaloliakos.

    En obtenant près de 7 % des voix, Chryssi Avgi estime avoir reçu une consécration et compte remettre de l'ordre dans la vie politique grecque. Le chaos et l'instabilité dans le pays alimentent son succès. «Nos élus s'en prendront à tous les responsables politiques grecs qui ont laissé les immigrés clandestins envahir le pays. La Grèce s'est laissée aller dans la corruption et le clientélisme. Quand vous appelez un policier pour déclarer un vol, il ne note même pas votre déposition tant il croule sous les appels. Je préfère demander de l'aide à Chryssi Avgi», explique Stelios, un électeur du mouvement d'extrême droite venu célébrer la victoire.

    Méthode forte

    À 38 ans, ce professeur de lettres a du mal à joindre les deux bouts et ne cache pas son espoir de voir les membres du parti faire le ménage au Parlement. «On leur reproche d'avoir le crâne rasé et de saluer comme Hitler, mais c'est complètement ridicule. Lever le bras droit était le salut des Grecs dans l'Antiquité! Mussolini et Hitler l'ont certes copié par la suite, mais c'est bien une tradition hellénique. On nous a tout volé depuis des siècles: notre culture, nos rites. Maintenant, les Européens et les Turcs veulent acheter nos plages et nos îles. Nous ne sommes pas à vendre et nous nous battrons»,lâche-t-il.

    La violence du groupe ne l'effraie pas: certes, ce sont des «hooligans», mais «ils veulent préserver le salut du pays et de la race». Les méthodes de Chryssi Avgi sont pourtant contestées par une partie de ses nouveaux électeurs. «Mais personne ne propose de meilleure solution pour que justice soit faite. Si envoyer un immigré à l'hôpital est une manière de le dissuader de rester, alors c'est bien. Au moins, ça lui servira de leçon», estime Stelios.

    Ce parti plafonnait à 0,23 % des voix aux dernières législatives de 2009. Il a fait un bond spectaculaire en dénonçant l'absence de politique efficace pour lutter contre l'afflux d'immigrés. «Ils sont des centaines à arriver chaque jour en Grèce. Nous voulons réactiver les mines du nord du pays pour les dissuader de venir. C'est une méthode forte mais efficace», proclame Ilias Panagiotaros, député de Chryssi Avgi.

    Hostiles aux plans européens de sauvetage économique, Ilias et son parti se disent prêts à une sortie de la Grèce de la zone euro, croyant à l'autosuffisance du pays. «Quand nous importons l'ail de Chine ou les tomates des Pays-Bas, on ne peut pas faire fonctionner l'économie. Nous avons tout ce qu'il nous faut ici pour nous en sortir»,conclut Ilias Panagiotaros.

    Au-delà du terreau favorable que lui offre la crise, Chryssi Avgi, passé des bastonnades de rue aux débats du Parlement, compte s'inspirer des méthodes de Marine Le Pen pour «décomplexer» ses nouveaux électeurs.


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :