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L'incroyable aveu du rapporteur général PS de la commission des Finances
Le Point.fr - Publié le <time datetime="2013-10-30T13:12" itemprop="datePublished" pubdate=""> 30/10/2013 à 13:12</time>
Manque de réalisme, divisions, stratégie non assumée... Christian Eckert se livre à une autocritique cinglante dans un post de son blog.
<figure class="media_article panoramique" itemprop="associatedMedia" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"> <figcaption>Le rapporteur général de la commission des Finances, Christian Eckert. © MARTIN BUREAU / AFP </figcaption> </figure>
"Nous n'avons pas été bons sur les messages envoyés à nos concitoyens depuis 18 mois." L'autocritique vient d'un personnage central dans la construction budgétaire, le rapporteur général PS de la commission des Finances de l'Assemblée nationale. Dans un post de son blog publié dimanche, Christian Eckert s'essaie à expliquer la fronde fiscale à laquelle il est confronté tous les jours. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne ménage ni son gouvernement, ni la majorité.
Un sidérant aveu de "manque de réalisme" qui résonne encore plus depuis le recul en rase campagne sur l'écotaxe poids lourds mardi. "Devenu parti de pouvoir, le PS comme ses élus se cherchent, et la formule est encore bien complaisante", attaque le député de Meurthe-et-Moselle. La liste de ses griefs est longue : "Trop de déclarations contradictoires, certains députés déjà en pré-congrès, un sérieux budgétaire assumé dans les faits plus que dans les mots, des faiblesses face aux lobbies, des Verts égoïstes et peu solidaires", tout le monde en prend pour son grade.
Des mesures fiscales "moins circonscrites que nous l'aurions espéré"
Sans la nommer, Christian Eckert s'en prend en fait ni plus ni moins qu'à la stratégie de François Hollande. "Nous aurions dû dès notre arrivée dire très fortement la gravité de la situation financière du pays (façon Fillon en 2007) : le niveau des déficits, de l'endettement, des impasses financières constatées, des contentieux européens non soldés, des risques potentiels sur Dexia ou la SFIL [Caisse française de financement local, NDLR]...", écrit Christian Eckert. Le rapport demandé à la Cour des comptes sur les perspectives des finances publiques, publié en juillet 2012, était pourtant une base idéale pour dramatiser le discours une fois la campagne passée... Une occasion manquée. "Tout cela, nous avons pensé que les Français le savaient par coeur et comprendraient naturellement que le retour à l'équilibre des finances publiques était si vital qu'il justifiait de mesures fiscales peu agréables et finalement moins circonscrites que nous l'aurions espéré."
Une remarque d'une naïveté confondante, alors que le président avait laissé croire aux Français qu'il suffirait de taxer les riches pour redresser les comptes. Qu'il avait surtout fait de Sarkozy la cause de tous les maux, laissant ainsi entendre qu'il suffirait de démanteler ses mesures-phares (baisse de l'ISF, défiscalisation des heures supplémentaires, TVA sociale) pour rétablir la justice fiscale. Le gouvernement n'écrivait-il pas que 9 Français sur 10 seraient épargnés par les hausses d'impôts du budget 2013 ?
"Le consentement à l'impôt" pas "inscrit dans les gènes"
Si Christian Eckert voit dans les multiples reculs et ajustements du gouvernement un signe qu'il sait écouter, il n'en reconnaît pas moins que les Français, eux, perçoivent surtout "un manque de lisibilité".
Certes, le député pend soin de charger les élus de l'opposition, qui "se régalent, caricaturent, soufflent sur les braises, attisent les peurs, perdant toute conscience de leurs propres actes pas si anciens" ; mais aussi les journalistes, pas toujours experts en fiscalité et qui véhiculeraient toutes les peurs. Mais il appelle sa majorité à ne pas se défausser pour autant. "Tout cela est de notre faute. Nous ne sommes pas naïfs au point de croire que le consentement à l'impôt est inscrit de façon naturelle et indéfectible dans les gènes de nos concitoyens. Nous ne sommes pas non plus stupides au point de penser que l'opposition allait faire preuve de repentance et s'isoler dans un comportement méditatif, contemplatif, voire monacal, afin de faire de son silence le préalable à une hypothétique résurrection."
Poursuite de la même politique
Christian Eckert n'en est pas masochiste pour autant. Sur le fond, il assume tout. "Les mesures prises, si elles n'ont pas épargné tout le monde, ont principalement porté sur les plus favorisés. Les déficits sont en nette réduction, et, pour la première fois depuis des lustres, les dépenses de l'État baisseront en valeur en 2014. L'économie et la croissance connaissent un petit redressement. Les salaires et les pensions n'ont pas été diminués. Les taux d'intérêts restent bas, et nous avons obtenu un délai de deux ans supplémentaires pour revenir sous les 3 % de déficit. L'avenir des régimes de retraite comme celui de la branche famille ont été assurés. Notre plus gros souci reste le chômage, qui continue à progresser, même si la hausse se ralentit. Et les Français nous jugeront surtout là-dessus."
Un nouvel accès de "manque de réalisme" ?
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