• L'Inde teste un missile capable d'atteindre la Chine

     

    par Jatindra Dash

    BHUBANESWAR, Inde (Reuters) - L'Inde a lancé avec succès jeudi un premier missile à longue portée capable d'atteindre la Chine ou l'Europe orientale, entrant dans le club très restreint des pays à même de déployer des engins nucléaires sur une telle distance.

    Les chaînes de télévision indiennes ont diffusé les images du décollage de l'Agni-V, d'une portée supérieure à 5.000 km, sur la côte Est de l'Inde. Les autorités n'ont pas précisé la distance parcourue par le missile avant d'atteindre son objectif "avec une grande précision" dans l'océan Indien.

    "Le succès de ce test est une nouvelle étape majeure dans notre volonté d'ajouter de la crédibilité à notre sécurité et notre préparation", a déclaré le Premier ministre Manmohan Singh dans un message transmis aux scientifiques chargés du projet.

    Fabriqué presque exclusivement en Inde, l'Agni-V est le couronnement d'un programme de développement prioritairement conçu avec en tête la menace de la Chine voisine. Le missile ne sera pas opérationnel avant au moins deux ans, a précisé le gouvernement.

    Seuls les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, France, Russie, Grande-Bretagne et Etats-Unis) et Israël disposeraient d'armes d'une portée de plus de 5.000 km.

    L'Inde, désormais incontournable sur la scène économique mondiale, entend jouer un rôle plus important sur la scène diplomatique et milite pour obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité.

    Ces dernières années, le pays s'est hissé parmi les grands importateurs d'armes, ce qui s'explique par le besoin de moderniser son équipement.

    "L'INDE NE DOIT PAS SURESTIMER SA FORCE"

    Le test, annoncé bien à l'avance, n'a pas été critiqué par l'Occident, à l'inverse des essais réalisés par la Corée du Nord, dont le dernier, le 13 avril, s'est soldé par un échec.

    Mercredi, l'Otan avait dit ne pas considérer l'Inde comme une menace. Le département d'Etat a de son côté estimé que le bilan de l'Inde en matière de non-prolifération était "solide", tout en appelant à la retenue.

    "C'est une manière de montrer pour l'Inde qu'elle arrive sur la scène mondiale, et qu'elle mérite d'être invitée aux grandes tables", explique Harsh Pant, spécialiste des questions de défense au King's college de Londres.

    A Pékin, le ministère chinois des Affaires étrangères a réagi avec mesure, estimant que les deux pays devaient "travailler dur pour maintenir une coopération stratégique amicale".

    "La Chine et l'Inde sont de grands pays en développement. Nous ne sommes pas concurrents mais partenaires", a déclaré Liu Weimin, la porte-parole du ministère.

    Le journal à grand tirage Global Times, propriété du Quotidien du Peuple, l'organe du Parti communiste chinois, s'est montré moins conciliant.

    "L'Inde ne doit pas surestimer sa force", peut-on lire dans un éditorial écrit avant le lancement, qui a été retardé d'une journée en raison de conditions météo défavorables.

    "L'Occident préfère ne pas prêter attention au mépris de l'Inde pour les traités concernant le nucléaire et les missiles", ajoute le journal.

    L'Inde assure que son programme d'armement nucléaire n'a que des fins dissuasives. Le pays est près d'achever un sous-marin nucléaire.

    L'armée indienne souffre toutefois de l'obsolescence de son équipement et de pénuries de munitions.

    Pour Uday Bhaskar, spécialiste de la défense, l'Inde est pour l'heure incapable de mener une course aux armements avec la Chine, qui dispose de capacités bien supérieures, dont des missiles d'une portée proche de 10.000 km.

    Benjamin Massot et Jean-Stéphane Brosse pour le service français


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