Le G7 d'Angela Merkel a un air de fête du village. La chancelière allemande, qui reçoit pour 24 heures ses homologues dans le cadre idyllique des Alpes bavaroises, arbore un grand sourire. L'ambiance est bon enfant et le soleil est au rendez-vous, même si des orages sont prévus pour la fin de journée. Côte à côte sur la place du village de Krün, non loin d'Elmau, Angela Merkel et Barack Obama se comportent comme les meilleurs amis du monde.
Pour faire oublier le scandale d'espionnage de la NSA en Allemagne, Angela Merkel et Barack Obama ont soigné la mise en scène de leur entente. «Je vais demander à ce que nos réunions se déroulent ici, en buvant de la bière», plaisante le président américain, applaudi par les habitants du village quasiment tous vêtus du costume traditionnel: culotte de peau pour les hommes, dirndl pour les femmes. «Mais on devra négocier avec le service de sécurité», ajoute-t-il sur le même ton. Avant de se mettre au travail, Angela Merkel et Barack Obama se sont attardés pour boire une bière. «Il n'y a jamais de mauvais moment pour une bière», a lancé, jovial, le président américain. Toutefois à en croire l'un de ses voisins de table, interrogé par l'AFP, c'est à une bière sans alcool que Barack Obama a goûté.
Un front uni
La scénographie est millimétrée. Quelques minutes plus tard, les deux dirigeants prenaient la direction du «château d'Elmau», non loin de Garmisch-Partenkirchen. C'est là qu'Angela Merkel, accompagnée de son mari Joachim Sauer, a accueilli ses hôtes les uns après les autres. Le chef de l'État François Hollande est arrivé en dernier.
Malgré leur cadre exceptionnel, les discussions s'annoncent intenses. Le G7 se déroule sur fond de crises multiples et d'enjeux mondiaux. Les puissances qui le composent, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l'Italie, les États-Unis, le Canada et le Japon, voudraient afficher un front uni. Le G7, répète désormais Angela Merkel, est plus qu'une réunion d'intérêts économiques, mais avant tout une communauté de valeurs. Sur la lutte contre le terrorisme, l'unité devrait être facile. Sur d'autres points, comme les négociations commerciales et l'accord transatlantique TTIP, les discussions devraient en revanche opposer Européens et Américains. Sur un dernier sujet, le climat, c'est le Japon qui traîne des pieds. Tokyo ne veut pas s'engager sur le respect d'objectifs précis. Dimanche matin, le chef de l'État François Hollande s'est entretenu avec le premier ministre Shinzo Abe.
<aside class="fig-embed fig-exergue fig-media-droite fig-exergue-droite"></aside>Barack Obama et Angel Merkel se sont mis d'accord sur le fait que la durée des sanctions devrait être clairement liée à la mise en œuvre complète par la Russie des accords de Minsk et au respect de la souveraineté ukrainienne
L'un des principaux sujets de préoccupation des dirigeants du G7 concernera l'Ukraine, au menu du dîner de travail dimanche soir. Plus de trois mois après l'accord de Minsk 2, la situation est fragile et le cessez-le-feu constamment menacé. Barack Obama ne prend pas de gants pour dénoncer «l'agression» russe contre la Crimée, qui a valu à la Russie d'être exclue du G8. Angela Merkel est elle aussi partisane d'une ligne dure, même si pour ménager Moscou, elle évoque des entorses aux accords sur le terrain par toutes les parties, séparatistes et progouvernementales. «Les deux dirigeants se sont mis d'accord sur le fait que la durée des sanctions devrait être clairement liée à la mise en œuvre complète par la Russie des accords de Minsk et au respect de la souveraineté ukrainienne», a-t-on appris du côté américain, à l'issue d'une rencontre bilatérale entre Barack Obama et Angela Merkel. Côté français, on se montre légèrement plus souple: le regain de tension ne doit pas conduire automatiquement à un durcissement des sanctions. «C'est trop rapide, cela ne fonctionne pas ainsi», prévient-on à l'Élysée. L'Europe examinera fin juin le sujet. Seule la mise en œuvre complète des accords de Minsk pourra permettre la réévaluation des sanctions. Les parties prenantes ont jusqu'à la fin de l'année pour respecter leurs engagements.