• L'UMP se radicalise pour plaire à ses militants

     

     

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    L'UMP se radicalise pour plaire à ses militants

    Le Monde.fr | <time datetime="2012-09-22T09:45:03+02:00" itemprop="datePublished">22.09.2012 à 09h45    </time>
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    <figure class="illustration_haut"> Jean-Francois Copé et Francois Fillon, à Paris, le 26 mai. </figure>

    C'est le symptôme d'un certain raidissement à droite. Le bureau politique de l'UMP a décidé, mercredi 19 septembre à l'unanimité, de lancer une pétition pour que les Français fassent "connaître directement leur opposition" au droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales, prmoesse de campagne de François Hollande dont la mise en œuvre est annoncée. En plein duel Copé-Fillon pour la présidence du parti, le sujet revient à point nommé pour remobiliser le parti.

    L'opération est un succès, se réjouit-on à l'UMP, car moins de 48 heures après son lancement sur le site Internet du parti, la pétition comptait plus de 75 000 signataires, vendredi 21 septembre, à 16 heures. Le parti va également diffuser 2 millions de tracts bleu-blanc-rouge "Non au droit de vote des étrangers" dans toute la France afin de permettre à ceux qui n'ont pas d'accès au Web de participer de signer la pétition sur ce tract.

    "RADICALISATION DE L'ÉLECTORAT DE DROITE"

    Le principal parti d'opposition lance son offensive au moment où des enquêtes d'opinion affirment que les Français sont de plus en plus opposés à ce projet. 63 % s'expriment contre, dans un sondage de l'institut CSA pour RTL, diffusé jeudi 20 septembre, et 61 % y sont opposés dans une enquête IFOP pour le site d'informations Atlantico publiée mercredi (voir le PDF).

    Dans l'enquête de l'IFOP, l'opinion des sympathisants de gauche, qui restent en grande majorité favorables à cette mesure, n'a quasiment pas bougé, passant d'un taux d'adhésion de 76 % en décembre à 72 % aujourd'hui. Le sondage montre ce sont principalement les sympathisants UMP et du FN qui y sont de plus en plus opposés. Les sympathisants UMP favorables au projet passent de 37 % à 11 % sur la même période, tandis que ceux du FN étaient 20 % pour et ne sont plus aujourd'hui que 8 %.

    Le droit de vote des étrangers aux élections locales est "un thème qui mobilise chez les sympathisants de l'UMP et du FN, car il est perçu comme un chiffon rouge", observe le directeur adjoint de l'IFOP, Frédéric Dabi. Pour ce dernier, les résultats du sondage réalisé par son institut traduisent "une radicalisation de l'électorat de droite". Elle "intervient dans un contexte de repli identitaire, résultant de la stratégie de droitisation de l'UMP, impulsée par Nicolas Sarkozy à l'occasion du discours de Grenoble à l'été 2010", ajoute-t-il.

    "POTENTIEL ÉLECTORAL"

    La tonalité de la campagne présidentielle de M. Sarkozy a également contribué à ce raidissement de la base UMP. Le président-candidat avait largement utilisé ce sujet comme angle d'attaque à l'encontre de M. Hollande. Il avait par exemple accusé son adversaire " de proposer un vote communautariste", lors du débat d'entre-deux-tours.

    M. Sarkozy a mobilisé le peuple de droite contre le droit de vote des étrangers car "il a perçu le fort potentiel électoral de cette posture, qui lui a permis de fédérer sa base électorale autour de ce totem", estime Thomas Guénolé, politologue au Cevipof. "On n'a fait campagne que là-dessus pour le second tour", reconnaît un responsable UMP. Pour ce dernier, la stratégie s'est révélée payante : "Au soir du 6 mai, Sarkozy gagne vingt points par rapport au premier tour, sans aucun ralliement."

    DÉJÀ, CHIRAC EN 1988...

    M. Sarkozy n'est pas le premier à surfer sur ce sentiment de rejet. En 1988, Jacques Chirac avait déjà dénoncé en pleine campagne présidentielle la volonté de M. Mitterrand d'appliquer cette proposition. La réélection du premier président de la Ve République entraînerait, "pour l'immigration, le retour au laxisme des années 1981-1985, avec, en plus, le droit de vote donné aux étrangers", dénonçait alors le candidat du RPR. Un an plus tôt, M. Mitterrand avait redit être "de ceux qui pensent que ce droit devrait être étendu".

     

     

    En 1990, Alain Juppé, alors secrétaire général du RPR, avait déjà lancé une pétition contre le droit de vote des étrangers, qui avait recueilli près d'un million de signatures.

    L'UMP réédite donc l'opération aujourd'hui, après celles lancées en octobre par le collectif de la Droite populaire, représentant l'aile droite de l'UMP, dix jours avant celle du Front national, pour s'opposer à la proposition, inscrite à l'époque dans le projet présidentiel du PS.

    "DÉBAT TRÈS ANCIEN"

    "Le sujet a toujours fédéré l'électorat de droite car il fait partie de son identité", souligne le politologue au Cevipof. Si, depuis trente ans, les majorités de gauche promettent de mettre en place cette proposition, sans jamais s'exécuter, la droite républicaine s'y oppose en effet depuis aussi longtemps... Et même beaucoup plus longtemps, rappelle l'historien Pascal Blanchard.

    "La question de savoir s'il faut accorder la citoyenneté pleine et entière ainsi que le droit de vote à certaines populations est un débat très ancien. Il est lié à l'histoire coloniale de la France et s'est porté sur les populations vivant dans les colonies françaises. La controverse est née dans la classe politique au moment où l'Algérie est devenue un département français en 1848", explique le chercheur du CNRS.

    Le débat s'est poursuivi jusqu'à la décolonisation, avant de se cristalliser à partir de 1981 autour de la 80e des 110 propositions de François Mitterrand. "Historiquement, la droite française s'est constamment opposée dans sa majorité à accorder l'extension du droit de vote", abonde le politologue au Cevipof.

    "UNE OCCASION POUR LA DROITE DE RESSOUDER SA BASE"

    "En Europe, tous les partis populistes surfent sur le thème du droit de vote des étrangers donc en France, la droite républicaine et nationale ne peut pas laisser passer l'occasion de ressouder sa base", estime Pascal Blanchard. Selon ce dernier, l'électorat de droite est très sensible à cette proposition, et y est massivement opposé, car "l'Europe est dans une phase de repli sur soi et d'inquiétude face aux pays arabes, africains et asiatiques. Une part de ses habitants manifestent une sorte de protectionnisme civilisationnel, en ayant peur d'être envahis par celui qui ne nous ressemble pas". "Depuis les attentats du 11-Septembre, la peur du musulman a exacerbé ce sentiment", selon lui.

    Pour les chercheurs, c'est davantage la question de savoir à quels étrangers on accorde le droit de vote qui hérisse la droite. En 1992, quand le traité de Maastricht a accordé le droit de vote et d'éligibilité aux élections municipales pour les ressortissants de l'Union européenne, les ténors du RPR ne s'y étaient pas opposés, soulignent-ils. 

    Depuis l'appel de 77 députés socialistes, lundi 17 septembre, dans Le Monde, réclamant une mise en œuvre rapide du droit de vote aux étrangers non communautaires, les deux rivaux pour la présidence de l'UMP et l'ensemble des dirigeants du parti ont réaffirmé leur opposition totale à ce projet de l'exécutif. François Fillon a ainsi demandé "solennellement" à M. Hollande de renoncer à ce projet, alors que M. Copé a exigé un référendum.

    Leurs prises de position interviennent dans un contexte particulier : celui de la campagne interne pour la présidence UMP. La radicalité de leur discours tend à coller aux aspirations des 264 000 adhérents du parti, appelés à voter au congrès de novembre et qui campent sur une ligne plus radicale que les sympathisants.

    Pour l'emporter, M.Copé tente d'apparaître comme celui qui fait preuve de la plus grande fermeté dans les domaines de la laïcité, de l'immigration et de la sécurité. Le maire de Meaux (Seine-et-Marne) rappelle constamment qu'il est à l'origine de la loi interdisant le voile intégral, et devrait encore durcir le ton dans son Manifeste pour une droite décomplexée (Fayard, 11,90 euros), publié fin septembre.

    Le camp Copé promet "des propositions fortes" dans les domaines régalien et économique dans cet ouvrage, qui sera "le support programmatique" de sa campagne. "Cela ne va pas le faire monter en popularité mais ça va plaire aux militants", anticipe un copéiste. "Pour l'instant, Copé va chercher le vote militant. Ensuite, il aura quatre ans pour rassembler" explique un autre.

    Face à cette surenchère à droite, François Fillon n'entend pas se laisser enfermer dans le rôle du modéré ni se laisser déborder. Pour donner des gages aux militants, l'ancien premier ministre tient un discours ferme sur les sujets régaliens, en proposant par exemple une politique d'assimilation obligatoire pour les immigrés.

    Lire : Le duel Copé-Fillon favorise la droitisation de l'UMP

    La participation des résidents étrangers aux scrutins locaux divise pourtant au sein même de la droite. Dans le passé, des personnalités de centre droit se sont d'ailleurs montrées favorables à la participation des résidents étrangers aux scrutins locaux, tels Jean-Louis Borloo et Gilles de Robien en 2000, Philippe Séguin l'année suivante et le député UMP, Yves Jégo, en 2002, qui fait aujourd'hui partie des centristes regroupés autour de M. Borloo. A terme, ce durcissement de la droite républicaine peut laisser un espace aux centristes.

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