• La Birmanie s'ouvre aux investisseurs étrangers

    La Birmanie s'ouvre aux investisseurs étrangers

    A quatre jours d'élections symboliques, la Birmanie multiplie les gestes d'ouverture économique censés séduire les occidentaux, qui sont à l'affût. Elle va adopter un système de taux de change flottant

    Reuters

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    C'est un nouveau signe d'ouverture économique de la Birmanie. Après douze mois de réformes politiques spectaculaires, ce pays d'Asie du sud-est riche en ressources et situé dans une zone stratégique entre l'Inde et la Chine a annoncé, mercredi 27 mars, l'adoption, à compter du dimanche 1er avril, d'un système de taux de change flottant contrôlé. L'objectif est, à terme, d'unifier les multiples taux. « La valeur extérieure de la monnaie nationale, le kyat de Birmanie, sera à partir de maintenant déterminée par les conditions de l'offre et de la demande sur le marché des changes », a annoncé le quotidien officiel anglophone « New Light of Myanmar ». Le kyat birman est aujourd'hui soumis à des taux officiel, semi-officiel et non-officiels, sans compter les FEC (Foreign Exchange Certificates).

    « Un nouveau signe de normalisation »

    Le taux de change officiel actuel est de 6 kyats pour un dollar, contre environ 800 au marché noir. « Cette annonce a toutes les chances de rendre le pays plus attractif, car c'est un nouveau signe de normalisation de l'économie, estime la directrice du centre Asie de l'IFRI, Françoise Nicolas. Le taux de change multiple était une pratique complètement dépassée. L'intérêt était d'enregistrer des revenus pétroliers à un taux de change officiel déconnecté de la réalité et d'échanger ensuite les dollars au taux de change de contrebande. » Après une mission effectuée en Birmanie, le Fonds monétaire international (FMI) avait récemment poussé le pays à réformer son système de change.

    L'autre réforme-phare en cours concerne la libéralisation des règles d'investissement. Un projet de loi est sur le point d'être adopté. Il autorise les étrangers à détenir la totalité du capital de leur entreprise, sans s'associer à un partenaire local, et leur accorde une exonération fiscale pendant cinq ans. Les investisseurs étrangers devraient aussi pouvoir louer des terres à l'Etat ou à des particuliers autorisés à le faire, dans le cadre d'un bail pouvant aller jusqu'à 30 ans, et qui pourrait être renouvelé deux fois par tranches de 15 ans.

    Autre événement remarqué, une réunion de deux jours se déroule en ce moment à Rangoun sur les opportunités dans le secteur du pétrole et du gaz birman. Elle est organisée par le Centre for Management Technology (CMT) et le ministère de l'Energie. Alors que la Birmanie s'apprête à mettre aux enchères plusieurs blocs pétroliers offshore, cette réunion est censée, selon les organisateurs, dégager « des directions claires et des perspectives équilibrées sur les opportunités dans le secteur du pétrole et du gaz birman ». Selon le CMT, les réserves prouvées de pétrole en Birmanie sont de 3,2 milliards de barils et celles de gaz de 11 800 milliards de m3.

    La Chine premier investisseur étranger

    A Rangoun, l'explosion des investissements est déjà visible. « Sur la seule année 2011, avec le début d'ouverture du pays et la hausse des investissements chinois dans le secteur de l'énergie, on est passé de 300 millions de dollars d'investissements étrangers à 20 milliards de dollars ! » indique l'économiste Edgardo Torija Zane, en charge de l'Asie émergente chez Natixis. En 2011, la Chine a ainsi investi 8,27 milliards de dollars dans le pays. Viennent ensuite, parmi les autres investisseurs, Hong Kong (5,8 milliards), la Thaïlande (2,95 milliards) et la Corée du Sud (2,7 milliards). Les groupes occidentaux sont, pour l'instant, restés à l'écart des investissements, laissant les groupes asiatiques agir. Mais nombreux sont ceux qui sont à l'affût et qui attendent la levée des sanctions qui frappent le pays depuis la fin des années 1990.

    Feu vert politique pour l'AFD

    Signe des temps, l'Agence française de développement (AFD) a obtenu, jeudi 22 mars, le feu vert politique pour intervenir dans le pays. « Nous avons un mandat post-crise avec des interventions sous forme de subventions, circonscrites à certains secteurs et limitées en volume », précise le directeur adjoint du département Asie de l'AFD, Yves Guicquero, qui se rendra à Rangoun en mai. Lors de sa visite en Birmanie mi-janvier, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé avait promis un triplement de l'aide française avec des possibilités d'intervention, dans un premier temps, dans l'agriculture, l'environnement et la santé.

    La levée des sanctions occidentales, appliquées depuis la fin des années 1990, achèvera le processus d'ouverture économique en cours dans le pays. La décision pourrait être prise dans la foulée des élections législatives partielles du 1er avril, si elles se déroulent correctement. Des élections auxquelles se présente la chef de file de l'opposition, Aung San Suu Kyi. Ces élections symboliques seront l'occasion, pour les autorités birmanes, de montrer leur engagement d'avancer sur la voie de la démocratie. Le gouvernement actuel a, certes, entrepris des réformes et entamé le dialogue avec les minorités ethniques. Mais des conflits avec celles-ci persistent. Le 20 mars, l'ONG Human Rightw Watch (HRW) dénonçait dans une enquête des violations flagrantes des droits de l'Homme dans l'Etat Kachin de Birmanie. Or, la pacification des relations entre les minorités et le pouvoir central, essentielle pour l'avenir du pays, est l'une des revendications des Occidentaux pour la levée des sanctions.

    MARIE-CHRISTINE CORBIER

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