La CGT dénombre 210.000 personnes manifestants, dont 65.000 à Paris, à l'occasion de ce 1er mai marqué par un vent de contestation contre le gouvernement. Un chiffre supérieur à celui avancé l'an passé où la CGT revendiquait 160.000 manifestants en France, alors que la police n'en dénombrait que 97.000.
Aux côtés de FO, la CGT avait décidé de défiler en cette journée du travail pour contester la politique du gouvernement. «Le gouvernement n'a pas entendu la claque des municipales. Mais il a intérêt à entendre le message. Celui sorti des urnes, et celui que font entendre les salariés et les représentants que nous sommes, a lancé Thierry Lepaon, patron de la CGT au micro d'Europe 1, craignant la montée des «idées d'extrême droite».
Les deux organisations syndicales ont fait cortège commun entre Bastille et Nation, en compagnie des dirigeants de la FSU et de Solidaires. Un fait rare: FO avait jusqu'à présent préféré faire bande à part. Les militants de Force ouvrière se réunissaient traditionnellement devant le mur des Fédérés au Père-Lachaise.
Quelques personnalités de gauche ont annoncé leur venue: Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent du Front de gauche, Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier, syndicaliste chez PSA, de Lutte ouvrière.
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Le front syndical est toutefois désuni. Alors que les défilés communs CGT-CFDT avaient marqué les années Sarkozy, cette fois Laurent Berger, le patron de la CFDT s'est illustré ce matin aux côtés de l'Unsa pour célébrer l'Europe et le progrès social. «Nous voulons dire que certes, les politiques menées en Europe posent problème, mais que l'Europe peut être une solution», a lancé Laurent Berger, qui dit «craindre le rejet de l'Europe, comme le fait notamment l'extrême droite».
Les régions et le monde mobilisés
Dans les grandes villes, les défilés ont également eu lieu dans la matinée avec en mot d'ordre le refus de l'austérité: à Lille un cortège hétéroclite a rassemblé de 800 à 1200 personnes (salariés, intermittents, sans-papiers) accompagné d'une fanfare.
À Lyon, le 1er mai a réuni un millier de personnes environ jusqu'à la place Bellecour, invitées à acheter les «muguets des communistes». De leur côté, Jean-Claude Mailly et FO étaient rassemblés dans le quartier de la Croix-Rousse, comme chaque année, devant la plaque commémorant la mémoire des canuts, en souvenir de la révolte de ces ouvriers de la soie dans les années 1830.
À Toulouse, la CGT a revendiqué 6000 manifestants (2.800 selon la police). A Bordeaux, entre 4000 et 10.000 personnes étaient dans la rue, davantage qu'en 2013. «Cela ne peut plus durer, ça va péter», scandaient les manifestants.
Particularité locale à Strasbourg où, à l'inverse des autres villes, la CGT et la CFDT faisaient cortège commun pour défendre le régime local d'assurance-maladie.
Mais en dépit de ces grands raouts spectaculaires, les syndicats peinent à convaincre: à peine un tiers des Français (32%) leur font confiance, selon un sondage Ifop publié à l'occasion du 1er mai.
Le 1er mai ailleurs dans le monde
Dans le reste du monde, d'autres nations se mobilisent également pour célébrer le travail. En Turquie, les manifestations ont pris un tour violent. Un an après la vague de contestation qui a secoué le pays et en dépit de l'interdiction, des milliers de personnes ont convergé vers la place Taksim pour tenter de relancer la fronde contre le gouvernement Erdogan. Des policiers anti-émeutes ont donné l'assaut contre les manifestants qui voulaient forcer les barrages. Pour l'heure, plus de 130 personnes ont été interpellées et une cinquantaine ont été légèrement blessés.