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La fiction française sur le front afghan
La fiction française sur le front afghanPour la première fois, un sujet s’inspire de la présence militaire française en Afghanistan. Et en expose les enjeux complexes à travers un drame intime
Si nombre de films – américains pour la plupart – ont abordé la question du conflit en Irak, rares sont ceux qui se sont engagés sur le front afghan. L’originalité n’est pas l’unique qualité du Piège afghan, tourné pour Arte par le cinéaste Miguel Courtois (GAL, El Lobo).
À travers l’histoire touchante d’une femme médecin militaire envoyée en Afghanistan et confrontée à des choix cornéliens, cette fiction entremêle habilement enjeux politiques et drame intime, rendant compte avec un étonnant réalisme de la situation ambiguë des militaires français sur place.
Le producteur Quentin Raspail a eu l’idée du projet en août 2008, lorsque dix soldats français de la force de l’Otan ont été tués dans une embuscade près de Kaboul. « Cet événement m’a fait réfléchir sur notre présence militaire en Afghanistan : que signifie mourir pour la France là-bas ? Quel rapport entretiennent les civils et nos représentants armés ? Comment aider à reconstruire un pays tout en faisant la guerre à une partie de sa population ? »
Ces questions ont nourri le scénario écrit à quatre mains par Didier Lacoste et Pauline Rocafull, avec la collaboration de Quentin Raspail. Les scénaristes sont aussi allés sur la base de Tora, ont discuté avec les militaires, rencontré des journalistes spécialisés, un chef de guerre afghan…
« Le film traduit la complexité de la situation sur le terrain »
« Certains représentants de la Grande Muette souffrent de ne pouvoir s’exprimer. S’ils ne discutent pas les missions qu’on leur confie, leurs réflexions politiques, leurs doutes, ont nourri notre travail », précise Didier Lacoste, qui assure n’avoir pas subi de censure de la part du ministère de la défense.
La Délégation à l’information et à la communication de la défense (Dicod) et le Service d’information et de relations publiques de l’armée de terre (Sirpa Terre) ont lu le scénario avant de fournir une aide active au tournage de certaines scènes dans le centre d’entraînement de Canjuers (Var), qui reproduit à l’identique les camps implantés dans les vallées afghanes (d’autres séquences ont été tournées au Tadjikistan et des vues d’extérieur, sans acteurs, à Kaboul).
« Équipement, gestuelle, vocabulaire… Je les ai conseillés pour coller au plus près de la réalité », indique le commandant Pierre Ansseau, satisfait que « le film traduise la complexité de la situation sur le terrain et pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses ».
Corruption du gouvernement Karzaï, poids des traditions culturelles, manipulation et cynisme des autorités françaises prêtes à « lâcher » un allié devenu encombrant… Le Piège afghan, porté par l’interprétation sans faute de Marie-Josée Croze, Samuel Le Bihan et David Kammenos (bluffant en chef pachtoune), n’épargne personne.
Vendredi à 20 h 40 sur Arte
CÉCILE JAURÈS
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