Dans une interview au Journal du Dimanche, le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) chiffre à trois milliards d'euros, sur trois ans, les investissements nécessaires pour permettre à l'agriculture française de retrouver de la compétitivité face à ses voisins européens. Xavier Beulin estime nécessaire d'adapter les règles fiscales aux aléas de l'agriculture et souhaite un moratoire d'un an sur les normes environnementales.
«La France doit se doter d'une vision à 15 ans de son agriculture», déclare-t-il, à la veille d'une rencontre avec le chef de l'Etat François Hollande, le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll pour parler d'un plan d'action. Selon lui, sur les 600 millions d'euros accordés par le plan du 22 juillet, seuls 100 millions viennent réellement sauver les élevages de porcs. Il faudrait, en plus, pouvoir alléger les charges et restructurer les dettes des jeunes agriculteurs. En effet, près de 10% des élevages, soit entre 22 et 25.000, sont au bord du dépôt de bilan, selon le ministère de l'Agriculture. «Il faut engager un vaste plan pour moderniser les bâtiments, automatiser les abattoirs, organiser les regroupements d'exploitations afin qu'elles soient plus productives», propose-t-il.
En prévision du conseil européen extraordinaire des ministres de l'Agriculture qui aura lieu le 7 septembre, Xavier Beulin demande que «la Commission européenne accepte d'acheter du lait en poudre pour le stocker à un prix de 2,60 euros le litre contre 2,20 actuellement», ajoutant que l'Europe doit aussi imposer la provenance des viandes sur les produits et les plats cuisinés et que l'étiquetage qui existe déjà sur les viandes fraîches et le lait pourrait être plus lisible.
Embargo russe
Quant à l'embargo russe, le président de la FNSEA, qui compte demander à François Hollande de négocier pour sortir de l'impasse, estime injuste que l'agriculture soit pénalisée pour des raisons diplomatiques. «Si Moscou lève ses restrictions, 300.000 porcs partiront vers l'Est dès la première année», indique-t-il, précisant que «Moscou se dit prêt à importer du porc européen si les pays limitrophes de la Russie en sont exclus». Une table ronde réunissant une cinquantaine de représentants de la filière française du porc est prévue jeudi, à Paris, pour évoquer les nouvelles formes de commercialisation.
Le 3 septembre, une grande journée de mobilisation réunira les éleveurs et les cultivateurs de céréales et de fruits et légumes à Paris. La manifestation suivante aura lieu à Bruxelles, le lundi 7 septembre en marge du conseil européen des ministres de l'Agriculture qui décideront s'ils accordent, ou non, des aides supplémentaires aux agriculteurs, pour compenser le manque à gagner dû à l'embargo russe.