Manifestations en Grèce et au Portugal contre l'austérité, appel syndical à la mobilisation générale en Espagne contre un projet de réforme du marché du travail: la grogne sociale s'étend dans les pays du sud de l'Europe les plus frappés par la crise.
Alors que la contestation s'est poursuivie samedi en Grèce contre les nouvelles mesures de rigueur pour la seconde journée consécutive, avec plus de 7.000 personnes dans les rues à Athènes et Salonique (nord), des milliers de personnes venues de l'ensemble du pays ont également manifesté à Lisbonne.
"Non à l'exploitation, non aux inégalités, non à l'apauvrissement" ou encore "une autre politique est possible et nécessaire", pouvait-on lire sur les banderoles déployées par des manifestants qui scandaient: "la lutte continue!".
"Mon pouvoir d'achat a baissé, les jeunes sont au chômage, les entreprises ferment les unes après les autres. Je ne vois pas d'issue", a déploré une retraitée lisboète.
"Je suis au chômage depuis trois ans. Aujourd'hui je dois vivre avec une retraite de 419 euros et payer un loyer de 150. C'est intenable", a confié de son côté une ancienne ouvrière d'une entreprise textile de la région de Guimaraes (nord).
Cette journée d'action intervient à quelques jours de la troisième mission trimestrielle de la Troïka (UE, BCE et FMI), représentant les créanciers du Portugal, chargée d'évaluer l'exécution du plan d'aide financière accordé en mai dernier, d'un montant de 78 milliards d'euros.
En échange de cette aide, le Portugal s'est engagé à mettre en oeuvre un exigeant programme de rigueur prévoyant diverses hausses d'impôts, une baisse des prestations sociales, une forte augmentation des tarifs des transports publics urbains ou encore une révision du code du travail introduisant un assouplissement des horaires et la suppression de jours de congés.
En Espagne, où le gouvernement a également adopté vendredi une réforme du travail pour flexibiliser le marché de l'emploi, les deux principaux syndicats, UGT et CCOO, ont appelé à la mobilisation générale et à manifester dans tout le pays le 19 février contre ces nouvelles mesures.
Les syndicats critiquent cette réforme qui démantèle, selon eux, les droits sociaux, détruisant "des emplois" et attaquant "les bases fondamentales du modèle de bien-être social".
Les manifestations doivent se poursuivre dimanche en Grèce, où les contestataires de tous bords sont appelés à affluer devant le parlement avant le vote nocturne du nouveau plan de rigueur exigé par les bailleurs de fonds de la Grèce pour débloquer un nouveau prêt de 130 milliards d'euros pour sauver le pays de la faillite.
Ce programme d'austérité, dont le contenu exact n'est pas encore connu, devrait notamment inclure une réduction de 22% du salaire minimum dans le cadre d'une déréglementation générale du marché du travail, la suppression dans l'année de 15.000 emplois publics et des coupes sur certaines pensions de retraite.
Le comportement des dirigeants européens face à la crise en Europe a encore une fois essuyé plusieurs critiques samedi.
"La crise grecque est précisément le résultat du manque d'initiative européen, du manque de solidarité", a affirmé l'ancien chef du gouvernement italien, Massimo D'Alema, déplorant "l'absence de vision" de l'Union européenne dans la gestion de la crise de la dette grecque, dans un entretien au quotidien belge Le Soir.
En visite officielle en Finlande, le président portugais Anibal Cavaco Silva a appelé l'UE à se "débarrasser du mot +crise+" pour se concentrer sur d'autres objectifs importants pour l'Europe.