• La négociation sur l’emploi en péril

    La négociation sur l’emploi en péril

    A croire qu'elles se sont donné le mot. "Inacceptables", c'est ainsi que la CGT et la CFDT ont qualifié les propositions présentées par le Medef, jeudi 25 octobre, lors de la quatrième séance de négociations sur la sécurisation de l'emploi, concernant les licenciements collectifs. Cette convergence plutôt inattendue intervient alors que, pour la première fois depuis l'élection de François Hollande et la célébration du 1er-Mai, la CGT et la CFDT ont appelé, vendredi 26 octobre, avec les trois autres organisations de l'intersyndicale – la FSU, l'UNSA et Solidaires – à manifester le 14 novembre dans le cadre d'une journée européenne contre "l'austérité". Ce réchauffement entre la CGT et la CFDT, dont les relations s'étaient sensiblement dégradées depuis quelques mois, intervient alors que les syndicats préparent activement les élections de représentativité dans les très petites entreprises (TPE), qui auront lieu du 28 novembre au 12 décembre. En général, la compétition électorale entre les syndicats ne favorise guère les rapprochements...

    Mais, pour l'heure, c'est la négociation sur la sécurisation de l'emploi, démarrée le 4 octobre, qui semble en péril. Dans sa déclaration, le CGT affirme que "le Medef ne fait pas dans la dentelle" dans ses propositions. Elle l'accuse de vouloir "élargir la définition du motif économique et encadrer les délais de la procédure pour licencier plus facilement et rapidement" et "empêcher les recours en justice des salariés". Les revendications de la centrale de Bernard Thibault sont aux antipodes de celles du patronat : "élargir les droits d'intervention des représentants du personnel en amont des licenciements notamment par un droit suspensif" ; "revoir le licenciement économique pour le limiter aux seules entreprises en graves difficultés économiques" ; "élargir les droits existants comme le droit d'alerte, le recours à l'expertise". La CGT remet au premier plan sa vieille revendication, partagée avec la CFDT, sur la mise en œuvre d'une sécurité sociale professionnelle, "en expérimentant de nouvelles formes de maintien dans l'emploi, responsabilisant les entreprises qui licencient".  

    De son côté, la CFDT, par la voix de son négociateur, Patrick Pierron, durcit aussi le ton en reprochant aux propositions du Medef d'être "uniquement tournées vers la sécurisation juridique des employeurs". Pour M. Pierron, le projet patronal ne contient "aucune piste sur la sécurisation de l'emploi". "C'est l'essentiel du droit sur le licenciement économique collectif qui serait remis en cause", affirme-t-il. Le secrétaire national de la CFDT juge que "les revendications patronales conduisent à exonérer les employeurs de leur responsabilité en termes de formation, d'employabilité et d'accompagnement des salariés, pour se concentrer sur les sanctions contre les salariés". La centrale de François Chérèque souligne que "la négociation doit permettre de nouveaux droits pour les salariés, quelle que soit la taille des entreprises. Il est aussi nécessaire de distinguer les entreprises qui jouent le jeu de l'anticipation et de la formation des salariés de celles qui ne le font pas et doivent être sanctionnées".

    Au moment où le débat sur la compétitivité bat son plein, la CFDT va plus loin que la CGT. La prochaine séance de négociation tombant le 1er novembre, jour férié, le Medef, qui souhaitait un rythme hebdomadaire, a proposé de programmer la suite au 15 novembre afin de présenter "un projet de texte global". Inacceptable pour la CFDT qui estime que "trop de temps a déjà été perdu dans cette négociation". Elle laisse ainsi planer une menace de suspension en indiquant qu'elle a "posé comme condition à un report que la séance du 15 novembre se tienne sur toute la journée".  La montée des enchères, de part et d'autre, est un jeu classique dans une négociation sociale. Mais elle montre ici qu'on est décidément bien loin, à ce stade, de ce qu'avait souhaité François Hollande le 9 septembre : un "compromis historique" d'ici à la fin de l'année.


    Tags Tags :
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :