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La planète brûle, et ils regardent ailleurs
La planète brûle, et ils regardent ailleurs
LE MONDE | <time datetime="2012-04-07T13:06:47+02:00" itemprop="datePublished">07.04.2012 à 13h06</time> • Mis à jour le <time datetime="2012-04-07T17:01:11+02:00" itemprop="dateModified">07.04.2012 à 17h01</time>
Gouverner, c'est prévoir, choisir et expliquer. Surtout quand les défis sont complexes et de long terme. Au préalable, il faut être élu et, pour cela, se livrer à un tout autre exercice : séduire, promettre, simplifier. Et faire miroiter des lendemains qui chantent.
Redoutable contradiction. En 2007, c'est l'endettement du pays qui avait été ignoré par les deux principaux candidats, en dépit des mises en garde du troisième (François Bayrou). Les rêves immédiats avaient balayé les risques alors jugés lointains et dont on mesure trop bien aujourd'hui combien ils étaient imminents.
Aujourd'hui, c'est l'écologie - pour simplifier, la préservation des ressources d'une planète vivante et vivable - qui est tombée dans ce trou noir, comme sortie du radar politique, rayée de la carte des enjeux majeurs des prochaines décennies.
Cette cécité est stupéfiante, ou plutôt cette occultation confondante, si l'on veut bien se rappeler, un instant, les avertissements lancés de tous côtés, sans cesse plus nombreux et argumentés. Pas un mois ou presque sans qu'une étude scientifique pointe tel ou tel dérèglement progressif, insistant et, au bout du compte, inquiétant.
En mars encore, la dernière à sonner l'alarme a été l'OCDE - que l'on ne peut guère soupçonner d'être un repaire d'écolos intégristes. Que dit le club des pays développés dans son rapport sur "les perspectives de l'environnement à l'horizon 2050" ? Cela, sans ambiguïté : "Faute de nouvelles politiques, les progrès réalisés pour réduire les pressions sur l'environnement ne suffiront pas à compenser les impacts liés à la croissance économique." Sur quatre domaines-clés - changement climatique, biodiversité, eau, effets de la pollution sur la santé -, "il est nécessaire et urgent d'engager dès à présent une action globale, de manière à éviter les coûts et conséquences considérables de l'inaction, tant du point de vue économique que sur le plan humain", conclut l'OCDE.
Pendant ce temps, que font les candidats à l'élection présidentielle ? Exactement ce que déplorait le président Chirac, il y a dix ans, au Sommet de la Terre de Johannesbourg : "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs."
Nicolas Sarkozy avait fait de l'écologie, en 2007, une grande cause nationale, avant de décréter, en 2011, que "ça commen(çait) à bien faire". François Hollande pense avoir fait le nécessaire en s'en tenant à une réduction du nucléaire dans notre approvisionnement énergétique. Jean-Luc Mélenchon prône une "transition écologique" qui ne manque pas d'opportunisme. François Bayrou et Marine Le Pen ont d'autres chats à fouetter. Et les écologistes eux-mêmes ont oublié qu'une campagne présidentielle suppose un candidat aguerri - et convaincu de sa cause.
On se souvient de la formule de Pierre Mendès France un jour de 1953 : "Gouverner, c'est choisir, si difficiles que soient les choix." Cela suppose une démocratie adulte et du courage chez ceux qui entendent l'incarner. Pour l'heure, hélas, l'une et l'autre font par trop défaut.
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