• La réunion de Vienne esquisse les contours d?une transition politique en Syrie

    La réunion de Vienne esquisse les contours

    d’une transition politique en Syrie

    Le Monde.fr | <time datetime="2015-11-15T18:08:42+01:00" itemprop="datePublished">15.11.2015 à 18h08</time> | Par

    Le ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius, à Vienne,  le 14 novembre. Le ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius, à Vienne, le 14 novembre. LEONHARD FOEGER / REUTERS

    C’est par une minute de silence en hommage aux victimes des attentats de vendredi à Paris, qui ont fait au moins 129 morts, qu’a débutée la réunion pour un règlement politique en Syrie à Vienne, samedi 14 novembre. L’attaque revendiquée par l’Etat islamique (EI) a bouleversé l’agenda de ces discussions, qui se sont déroulées dans un climat beaucoup plus apaisé que la première réunion organisée dans la capitale autrichienne, le 30 octobre. Les principaux acteurs régionaux et internationaux du conflit en Syrie, qui a fait plus de 250 000 victimes et des millions de réfugiés depuis 2011, ont annoncé une feuille de route pour une transition politique, qui prévoit un calendrier précis, mais ne résout pas la question du sort du président syrien, Bachar Al-Assad, principal point de discorde.

    Les dix-sept pays participants, ainsi que l’Union européenne et les Nations unies, « ont affirmé leur soutien à un cessez-le-feu et à un processus mené par les Syriens pour établir d’ici six mois (…) un calendrier pour rédiger une nouvelle Constitution », selon le communiqué final. « Des élections libres et équitables auraient lieu conformément à cette nouvelle Constitution d’ici dix-huit mois ». Ils se sont entendus sur « la nécessité de réunir le gouvernement syrien et des représentants de l’opposition pour des négociations formelles, sous les auspices de l’ONU, dès que possible, avec l’objectif du 1er janvier ». Une réunion est prévue « dans environ un mois » pour faire le point sur les avancées.

    « Un processus peut définitivement commencer » sur la résolution de la question syrienne, s’est félicitée la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, qualifiant la réunion de « très bonne ». « Ça a encore l’air utopique, mais nous avons toutes les puissances autour de la table » , a pour sa part commenté le ministre des affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier.

    « Une liste commune de groupes terroristes »

    Ce processus de transition politique est placé sous l’égide des Nations unies. L’équipe réunie autour de l’émissaire onusien pour la Syrie, Staffan de Mistura, est chargée d’obtenir un cessez-le-feu entre les forces du régime et de l’opposition syrienne. Cela suppose au préalable que soient définies la liste des groupes syriens devant être qualifiés de « terroristes » et celle des groupes considérés comme appartenant à l’opposition. La Jordanie sera chargée de « coordonner une liste commune de groupes terroristes » sous l’égide du Conseil de sécurité, à partir des propositions des différents participants, a expliqué le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov.

    La question divise les acteurs du conflit. Seuls l’Etat islamique et le Front Nosra, lié à Al-Qaïda, figurent actuellement sur la liste terroriste des Nations unies. Le régime Assad, soutenu par l’Iran et la Russie, qualifie de « terroristes » tous les groupes de l’opposition. Moscou se dit prêt à coopérer avec certains groupes modérés, soutenus par les Etats-Unis et des pays de la région, tout en continuant à les viser dans ses bombardements. Le débat devrait notamment se cristalliser autour de groupes salafistes, à l’instar de Ahrar Al-Cham et Jaich Al-Islam, soutenus par les pays du Golfe et la Turquie. Les pays arabes sunnites ont pour leur part appelé à placer sur cette liste des milices chiites soutenues par l’Iran , à l’instar du Hezbollah libanais qui figure déjà sur la liste terroriste de l’Union européenne et du département d’Etat américain.

    « Des divergences sur ce qu’il doit advenir de Bachar al-Assad »

    Le sort de Bachar Al-Assad n’a toujours pas été tranché à Vienne. « Nous avons toujours des divergences concernant ce qu’il doit advenir de Bachar Al-Assad », a admis le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, à l’issue de la réunion. Les Occidentaux, la Turquie et des pays arabes sunnites, Arabie saoudite en tête, exigeaient que le texte prévoit un calendrier pour sa mise à l’écart. Cette demande a été rejetée par la Russie et l’Iran. « Nous avons insisté sur le fait que seule la personne de Bachar Al-Assad pouvait décider de se représenter ou pas aux élections et seul le peuple syrien pouvait décider de voter ou pas pour lui », a souligné dimanche le vice-ministre iranien des affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, à la télévision d’Etat.

    Lire aussi : Iran, Etats-Unis, Russie... Les positions qui s’opposent sur la résolution de la guerre en Syrie

    « Bachar Al-Assad doit partir, dans le cadre de la transition en Syrie mais nous reconnaissons que s’il y a une transition il pourrait y participer », a concédé le ministre britannique des affaires étrangères Philip Hammond. Les pays opposés à son maintien temporisent et misent sur l’embourbement de l’intervention russe en soutien au président syrien. « La transition politique permettra de montrer que le maintien de Bachar Al-Assad n’est pas possible. Les rebelles modérés n’accepteront le cessez-le-feu que si une perspective de changement est proposée », a explicité une source diplomatique occidentale. « Les Russes commencent à se rendre compte que leur position est coûteuse autant financièrement qu’humainement. Le crash de l’avion russe en Egypte confirme que leur alignement avec les chiites en font la cible d’un djihad sunnite », ajoute cette source.

    Lire aussi : Après la réunion de Vienne, les désaccords sur le sort de Bachar Al-Assad persistent

    Coordination internationale dans la lutte contre Daech

    Un consensus s’est en revanche dessiné sur la nécessité d’« accentuer la coordination internationale dans la lutte contre Daech [acronyme arabe de l’Etat islamique] », après les attaques qui se sont produites à Paris. « Quand il y a un événement comme celui-là, le plus grave en Europe depuis quarante ans, il faut prendre des mesures. (…) Il faut être déterminés, continuer notre action et la renforcer », selon les mots du ministre français des affaires étrangères Laurent Fabius. Il a critiqué les déclarations du président Bachar Al-Assad, qui « semble presque justifier les attentats en France » . Ce dernier a lié les attentats en France à la situation en Syrie et estimé que la politique française au Moyen-Orient a contribué à « l’expansion du terrorisme. »

    Malgré le souhait commun exprimé à Vienne d’accroître la lutte contre le terrorisme, aucune décision n’a été prise en ce sens. « Cela se discute entre pays ou services de renseignement. Les services de renseignement doivent travailler ensemble, prendre des initiatives communes sur les frappes et améliorer la coordination sur les groupes indéterminés. Avec les Russes notamment », a commenté une source diplomatique occidentale.


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