Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, aura attendu le lendemain des élections pour féliciter le socialiste François Hollande. Le leader conservateur s'est contenté d'un message consensuel : "Hollande a gagné, et je dois donc m'entendre avec lui et essayer d'agir ensemble pour le bien de la France, de l'Espagne et de l'Europe." Interrogé sur la radio Onda Cero, le chef de l'exécutif espagnol a évité de commenter le programme de Hollande. Comme à l'accoutumée, Rajoy s'est bien gardé d'exprimer un avis tranché sur les mesures de croissance proposées par le socialiste. L'Espagne, qui applique depuis six mois des coupes franches drastiques dans les acquis sociaux pour réduire le déficit public, maintient pour l'instant l'austérité prônée par Angela Merkel.

Dans son ensemble, la presse de droite espagnole perçoit la victoire de Hollande comme une nouvelle ère d'incertitude en Europe. Le quotidien ABC est le plus sceptique vis-à-vis de la politique du nouveau président français. L'éditorialiste s'interroge sur la marge de manoeuvre de Hollande pour changer la politique économique européenne en titrant "l'exiguë marge de Hollande pour réorienter l'Europe". L'autre doute émis concerne l'avenir de la droite française. Alors que, ici, le Parti populaire rassemble tout le spectre conservateur espagnol, l'éclatement de la droite française en plusieurs branches est perçu avec inquiétude. "La perte de références de l'UMP est très préoccupante vis-à-vis de la montée de l'extrême droite et du parti de Le Pen qui est contre toutes les libertés", assure l'éditorialiste Ramon Pérez-Maura du journal ABC.

Seul le quotidien de centre gauche, El País, a ouvertement salué le retour des socialistes au pouvoir en France, indiquant que ce changement allait bénéficier au reste de l'Europe pour atténuer la politique d'austérité, laquelle alimente la récession économique. Les socialistes espagnols ont également applaudi cette victoire, qui leur "redonne du baume au coeur", après leur défaite aux législatives de novembre dernier.