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Lasagnes au cheval: un fournisseur français au coeur d'un scandale européen
AFP - Hier 20:53lien
Lasagnes au cheval: un fournisseur français au coeur d'un scandale européen
Scandale au Royaume-Uni, justice saisie en France, abattoirs en Roumanie, trader aux Pays-Bas...: l'affaire de la fraude présumée à la viande de cheval dans des plats cuisinés a pris samedi une dimension européenne, avec des soupçons qui se portent sur un fournisseur français.
La découverte de cheval dans des lasagnes censées être au boeuf a provoqué un scandale au Royaume-Uni, où le cheval est vénéré et sa consommation taboue. Elle a entraîné le retrait vendredi des plats en France et en Suède.
A la mi-journée, le groupe alimentaire Findus, distributeur de ces plats cuisinés, a annoncé en France le dépôt lundi d'une plainte contre X. "Nous avons été trompés", a déclaré dans un communiqué le directeur général de Findus France, Matthieu Lambeaux.
Depuis Londres, Findus a estimé que cette fraude à la viande de cheval pourrait remonter à août 2012, et qu'il était peu probable qu'elle soit "accidentelle".
Les soupçons de Findus se portent sur le fournisseur de la viande de ses lasagnes, la société française Spanghero. Findus accuse cette société établie à Castelnaudary (sud-ouest) d'avoir livré de la viande de cheval roumaine avec des mentions "boeuf".
Spanghero a déclaré qu'il s'était approvisionné auprès d'un producteur roumain, qu'il envisage de poursuivre en justice.
"S'il s'agissait bien de cheval, nous allons nous retourner contre le fournisseur roumain", a déclaré à l'AFP Barthélémy Aguerre, président de Spanghero.
Mais il n'a pas livré le nom du fournisseur roumain, assurant qu'il ne l'avait pas sur lui.
"Complot international"
La Roumanie a commencé samedi à se défendre. "Je suis sûr que l'importateur (français) savait que ce n'était pas du boeuf, car le cheval a un goût, une couleur et une texture particuliers", a indiqué à l'AFP le président de l'association Romalimenta qui regroupe les patrons roumains de l'alimentaire, Sorin Minea.
Selon lui, il existe en Roumanie trois abattoirs qui exportent la viande chevaline vers des pays de l'UE, notamment la France et l'Italie. Le cheval "est moins cher que le boeuf", a souligné Sorin Minea.
Le ministère roumain de l'Agriculture a annoncé samedi mener une enquête sur les livraisons de viande vers la France.
"L'autorité sanitaire vétérinaire roumaine (ANSVSA) a contacté les autorités vétérinaires françaises qui ont confirmé qu'il s'agit de deux sociétés de Roumanie disposant d'une autorisation sanitaire vétérinaire pour l'abattage et le dépeçage du boeuf, du porc, du mouton et du cheval", a indiqué le ministère dans un communiqué transmis à l'AFP.
Pour compliquer l'affaire, Spanghero et sa maison-mère Pujol sont passés par l'intermédiaire "d'un trader chypriote, qui avait sous-traité la commande à un trader situé aux Pays-Bas", a indiqué le ministre français à la Consommation, Benoît Hamon.
M. Hamon a dénoncé cette architecture qui "relève avant tout d'une logique financière qui aurait rapporté plus de 300.000 euros".
Il a demandé à l'organisme français de répression des fraudes "de se rapprocher sans délais" de ses homologues néerlandais et roumains "pour déterminer le stade auquel la fraude ou l'erreur de gestion des viandes doit être imputée".
"Il est possible que nous ayons d'autres mauvaises nouvelles. (...) Je pense que nous devons être réalistes", a déclaré le ministre britannique de l'Environnement, Owen Paterson, à l'issue d'une réunion d'urgence à Londres avec les autorités sanitaires et les principales chaînes de supermarchés, dont Tesco, Asda, Morrisons et Sainsbury's.
Dans ce scandale, on a affaire soit à "une grave négligence", soit à "un complot international criminel", consistant à mettre volontairement du cheval dans des produits étiquetés "viande de boeuf", a estimé M. Paterson, qui attend des "résultats significatifs" d'ici vendredi prochain.
La viande de cheval ne présente pas de risque pour la santé. Mais les autorités britanniques craignent la présence dans cette viande d'un produit utilisé pour traiter la douleur chez les chevaux mais interdit à la consommation humaine, par crainte de "risque pour la santé".
L'Agence britannique de sécurité alimentaire (FSA) a demandé à Findus d'effectuer "des tests" pour identifier la présence éventuelle dans les lasagnes de ce produit, la phénylbutazone.
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