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Le "César" des frères Taviani, Ours d'or
Le "César" des frères Taviani, Ours d'or
Compte rendu | | 20.02.12 | 11h15 • Mis à jour le 20.02.12 | 11h33
Berlin Envoyé spécial - Quand les triomphateurs de la 62e Berlinale ont commencé à faire du cinéma, en 1954, le régime de la RDA venait d'écraser un soulèvement ouvrier. Cinquante-huit ans plus tard, Paolo (80 ans) et Vittorio (82 ans) Taviani ont remporté l'Ours d'or, pour Cesare deve morire (César doit mourir), tourné dans une prison romaine, où des détenus ont monté une représentation du Jules César de Shakespeare. Cette brève fiction a emporté la conviction du jury présidé par Mike Leigh.
Les récompenses majeures de ce palmarès, proclamé samedi 18 février, sont allées aux films qui correspondent le mieux à l'image traditionnelle du festival allemand : une manifestation soucieuse d'engagement politique, méfiante à l'égard des formes nouvelles. Pourtant, la compétition a réuni des films très divers, mais les plus aventureux ont été ignorés, ou se sont vu décerner des prix mineurs.
Entre ces deux catégories, on trouve Barbara, de Christian Petzold, qui a reçu l'Ours d'argent du meilleur réalisateur. Drame politique et intime, d'une grande rigueur, Barbara est situé dans la RDA de 1980. Dans le rôle-titre, Nina Hoss incarne avec une formidable économie de moyens un médecin qui s'installe dans une petite ville de la Baltique après un séjour en prison qui lui vaut d'être soumise à l'attention constante de la police politique. Petzold démontre encore une fois son art de la tension, et Barbara a suscité l'enthousiasme de la presse allemande, qui rêvait d'un Ours d'or pour le pays hôte. Mais il faudra encore attendre pour trouver un successeur à Fatih Akin, dernier lauréat allemand, avec Head-On, en 2004.
Csak a szél (Ce n'est que le vent), du cinéaste hongrois Bence Fliegauf, reçoit le Grand Prix du jury. Cette chronique de la persécution des Roms dans la Hongrie d'aujourd'hui impressionne par ce qu'elle montre, plus que par la manière (caméra à l'épaule, faux raccords) dont elle le montre. Autant qu'au film, la récompense est allée aux cinéastes hongrois qui travaillent aujourd'hui dans l'incertitude.
Enfant-soldat
La jeune actrice congolaise Rachel Mwanza a reçu l'Ours d'argent de la meilleure actrice pour Rebelle, du Canadien Kim Nguyen. Pour raconter deux ans de la vie d'une enfant-soldat, l'auteur a tourné en RDC et a fait une large place dans son scénario à l'imaginaire magique qui gouverne en partie les conflits dans cette région.
Quant au film historique danois, En Kongelig Affære (Une affaire royale), de Nikolaj Arcel, il a valu le prix d'interprétation masculine à Mikkel Boe Folsgaard, qui incarne Christian VII, le roi psychopathe qui régna sur le Danemark à la fin du XVIIe siècle, et le prix du scénario à Nikolaj Arcel et Rasmus Heisterberg.
La réalisatrice suisse Ursula Meier méritait sans doute plus qu'une mention spéciale pour son Enfant d'en haut. L'histoire de Simon (Kacey Mottet Klein, dans un de ces grands rôles d'enfant qui marquent durablement), petit voleur qui vit au fond d'une vallée avec sa sœur (Léa Seydoux) et monte chaque jour jusqu'aux pistes d'une station de ski pour rafler planches et accessoires, suscite une émotion constante.
A côté de la compétition, Steven Soderbergh a fait un passage spectaculaire avec Haywire, qui tient à la fois de la série Z et du projet théorique. Les tribulations de Mallory Kane (Gina Carano), agent secret mis au ban du renseignement international, sont une copie désinvolte de celles d'Ethan Hunt, héros de Mission : Impossible. Haywire est un film de genre à plus d'un titre. Le réalisme des combats dans lesquels Gina Carano, championne de MMA (mixed martial arts) à la ville, passe à la moulinette quelques stars masculines (Ewan McGregor, Michael Fassbender) donne une résonance étrange à cet exercice de style.
Ours d'or : "Cesare deve morire", de Paolo et Vittorio Taviani (Italie)
Déjà récompensés à plusieurs reprises, notamment à Cannes par une Palme d'or en 1977 pour Padre padrone et par un Grand Prix en 1982 pour La Nuit de San Lorenzo, les frères Taviani, fils d'un avocat anti-fasciste et vétérans du cinéma italien (162 ans à eux deux), ont remporté la récompense suprême de la 62e Berlinale face aux 17 autres films en compétition cette année.1 sur 12
Sur le Web : le palmarès de la 62e Berlinale.
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