Le Kosovo a célébré dimanche 17 février les cinq ans de son indépendance"irréversible" de la Serbie, un anniversaire marqué par un dégel dans les relations avec son ancien ennemi grâce à une médiation de l'Union européenne à laquelle les deux nations souhaitent adhérer.
"La république du Kosovo est une réalité irréfutable et irréversible", a déclaré la présidente kosovare Atifete Jahjaga, dans une allocution télévisée.
Des troupes de la Force de sécurité du Kosovo ont défilé sous les applaudissements de milliers de personnes, moment fort des cérémonies organisées dans le centre-ville de la capitale Pristina, pavoisée de drapeaux du Kosovo et des Etats-Unis, son principal allié.
Au cours d'une séance solennelle au Parlement, Atifete Jahjaga a adressé un message de réconciliation aux Serbes du Kosovo. "Le Kosovo est aussi votre patrie (...) tendons-nous la main de la coopération, normalisons le présent pour aller vers un avenir pacifique", a-t-elle dit dans une des rares déclarations de responsables politiques kosovars destinées à la minorité serbe, qui plus est dans la langue maternelle de cette dernière.
Pression de Bruxelles
De Belgrade, le Premier ministre serbe, Ivica Dacic, a pour sa part invité ses compatriotes à faire preuve de pragmatisme. "Il ne faut pas croire au mirage. Le Kosovo n'est pas indépendant, de même que la Serbie n'a plus de souveraineté sur le Kosovo", a-t-il dit à la presse locale, estimant que les solutions à chercher doivent avoir pour base la réalité sur le terrain.
Une centaine de pays, dont les Etats-Unis et la majorité des pays de l'UE, ont reconnu le Kosovo qui a proclamé son indépendance près de neuf ans après des bombardements de l'Otan sur la Serbie au printemps 1999. Cette opération militaire a chassé de ce territoire les forces serbes qui se livraient à une répression contre la guérilla indépendantiste kosovare albanaise.
Bien que la Serbie considère toujours le Kosovo comme sa province méridionale, plusieurs accords ont été arrachés entre Belgrade et Pristina sous la pression de Bruxelles, qui lie tout progrès vers leur entrée dans l'UE à la normalisation de leurs relations bilatérales.
Ils visent à améliorer la vie quotidienne des quelque 1,8 million d'habitants du Kosovo, dont l'existence est perturbée par le casse-tête administratif du statut controversé de ce territoire (état-civil, cadastre, douanes).
Crise économique
Les Premiers ministres serbe et kosovar, qui se sont rencontrés à quatre reprises depuis octobre sous les auspices de l'UE, ont convenu, entre autres, d'une gestion commune des postes-frontières entre la Serbie et le Kosovo et d'un échange d'"officiers de liaison" qui vont siéger prochainement auprès des missions de l'UE dans les deux capitales.
La question la plus épineuse et la plus complexe à régler est celle du soutien accordé par Belgrade aux Serbes du nord du Kosovo, où ils sont majoritaires, en maintenant dans cette région qui échappe pratiquement au contrôle de Pristina ses institutions, telles que des écoles et des tribunaux.
La Serbie souhaite une large autonomie pour ces 40.000 Serbes, mais aussi pour les 80.000 autres qui habitent dans des enclaves disséminées dans le sud du territoire.
Tous ces progrès sont assombris par la crise économique qui frappe le Kosovo, où un tiers des habitants vit avec moins d'un dollar par jour, où le chômage touche 40% de la population et où le revenu national brut (RNB) par habitant est de 3.520 dollars contre 7.610 dollars pour l'Europe dans son ensemble, selon la Banque mondiale.
La corruption qui ronge la classe politique est un des principaux soucis de l'UE et fait l'objet de vives critiques au sein de la société.
"Beaucoup d'échecs et juste quelques réussites", titrait dimanche le quotidien "Zeri".