Ils se présentent comme des "vigies du changement", d'"infatigables militants de la réussite du quinquennat de François Hollande". La Gauche populaire, née en mai 2011 de la réunion d'élus socialistes et d'intellectuels engagés, ne cesse de poursuivre sa mue politique. Après son "adresse" à François Hollande lancée en décembre 2012 face à "l'urgence sociale", ce "réseau", de moins en moins intellectuel et de plus en plus partisan, publie mercredi 20 février un "manifeste" pour "renouer avec la vocation identitaire et historique de la gauche".
Signé par 20 parlementaires, majoritairement socialistes, mais parmi lesquels figurent aussi deux députés d'Europe-Ecologie - Les Verts dont François de Rugy, coprésident du groupe écologiste à l'Assemblée, ce document plaide pour "la défense des couches populaires et moyennes", convaincu que "la politique qui sera menée dans les quatre prochaines années constituer le levier d'une reconquête durable et robuste par la gauche de sa base sociologique naturelle".
"AVOIR UNE OFFRE POLITIQUE EN RÉSONANCE"
Alors que la majorité s'inquiète d'un nouveau tour de vis budgétaire, la "Gauche pop'" répond aux doutes économiques par une analyse de sociologie politique que "la gauche a trop longtemps abandonnée", regrette M. de Rugy.
"Pour réussir, la gauche au pouvoir doit d'abord être fidèle à son identité et avoir une offre politique en résonance avec les attentes des couches populaires, donc du monde du salariat", explique le député (PS) d'Indre-et-Loire Laurent Baumel, coanimateur du mouvement avec Philippe Doucet, maire PS d'Argenteuil et député du Val-d'Oise, et François Kalfon, conseiller régional d'Ile-de-France et secrétaire national adjoint aux élections du PS.
S'ils souscrivent aux décisions majeures des derniers mois – ratification du traité budgétaire européen, pacte de compétitivité, accord sur l'emploi –, les signataires estiment que le compte n'y est toujours pas pour le pouvoir d'achat et l'emploi, "les deux questions clés du quinquennat".
Pour augmenter le premier, ils préconisent une "grande réforme fiscale redistributive fondée sur la progressivité de la CSG ". Cette mesure, défendue par la Gauche populaire depuis sa création, a été portée un temps par le candidat Hollande, mais oubliée, une fois les socialistes arrivés au pouvoir, dans la loi de finance 2013. "La grande réforme fiscale reste à faire. Elle peut nous éviter un nouveau plan de rigueur qui ne créerait aucune perspective politique de réussite", conseille M. Baumel. Sur l'emploi, ils proposent notamment des "contrats d'activités" volontaires "se substituant à l'indemnisation passive du chômage".
"DÉMARCHE TACTIQUE"
Autant d'idées mêlant discours libéral et mesures interventionnistes, et balayant au sein du PS un spectre large. Ce qui nourrit la suspicion chez plusieurs de leurs camarades socialistes. Pour eux, la "Gauche pop'" pourrait, le jour venu, s'offrir au poids lourd du gouvernement le plus offrant, de Manuel Valls à Arnaud Montebourg. "Ils sont dans une démarche tactique pour gagner des parts de marché car pour l'instant, ils sont totalement marginalisés dans le PS", tacle un membre de la direction de la rue de Solférino.
Les intéressés réfutent toute ambition d'"écurie présidentielle" ou même de "groupe ou sous-courant du PS". "Nous sommes des sociaux-démocrates réformistes appartenant au pôle central de la gauche", précise M. Baumel. "On veut rassembler le plus large possible. (...) On travaille pour toute la gauche et pour la réélection de François Hollande en 2017", ajoute M. Doucet.