• Le matin, devant ma glace...

     J'en appelle    J. BREL

     

    J'en appelle aux maisons écrasées de lumière


    J'en appelle aux amours que chantent les rivières
    A l'éclatement bleu des matins de printemps
    A la force jolie des filles qui ont vingt ans
    A la fraîcheur certaine d'un vieux puits de désert
    A l'étoile qu'attend le vieil homme qui se perd
    Pour que monte de nous et plus fort qu'un désir
    Le désir incroyable de se vouloir construire
    En se désirant faible et plutôt qu'orgueilleux
    En se désirant lâche plutôt que monstrueux



    J'en appelle à ton rire que tu croques au soleil
    J'en appelle à ton cri à nul autre pareil
    Au silence joyeux qui parle doucement
    A ces mots que l'on dit rien qu'en se regardant
    A la pesante main de notre amour sincère
    A nos vingt ans trouvés à tout ce qu'ils espèrent
    Pour que monte de nous et plus fort qu'un désir
    Le désir incroyable de se vouloir construire
    En préférant plutôt que la gloire inutile
    Et le bonheur profond et puis la joie tranquille

    J'en appelle aux maisons écrasées de lumière


    J'en appelle à ton cri à nul autre pareil...

    JACQUES BREL


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