Pour son université de rentrée à Guidel, les seules vagues qu’aura connu la formation de François Bayrou, auront été celles de l’Atlantique. Mais, en interne, pas de lames de fond, pas de remous après l’annonce du rapprochement entre le Modem et le parti de centre droit de Jean-Louis Borloo, l’Union des Démocrates et Indépendants (UDI). Pas de clash, ni de claquement de portes lors de la très longue réunion, vendredi soir, du conseil national, le parlement du Modem, qui se sera prolongée jusqu’à près de deux heures du matin.

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«Le ton était à la conciliation», reconnaît un des participants, issu de l’aile plutôt classée à gauche de la formation centriste indépendante, la plus naturellement opposée à ce virage vers le centre droit. «De tous les côtés, nécéssité a fait loi», constate une des participantes à la création du Modem en novembre 2007. «L’UDI a un groupe important d'élus locaux et nous une crédibilité importante sur l’image du centre indépendant et son authenticité», tranche François Bayrou pour expliquer ce mariage de raison.

Stratégies

L’ancien candidat à la présidence de la République a donc tenté, hier soir, ses troupes, inquiètes à l’approche des prochaines municipales. «Nos militants se sont interrogés principalement sur le fait de savoir si cette nouvelle stratégie nationale était compatible avec leurs propres stratégies locales», dans le cadre de futures accords électoraux avec le PS, constate l’eurodéputé Robert Rochefort, vice-président du Modem et plutôt favorable à la création de cette nouvelle force alternative au centre. «Nous perdrions notre spécificité si nous n’incorporions pas à ce rassemblement les déçus du hollandisme et des gens de centre gauche», poursuit Robert Rochefort.

Pas question pour François Bayrou de revenir sur les petits pactes signés localement entre socialistes et Modem pour les réorienter vers des alliances exclusives avec l'UDI, même quand elle se pacse avec l’UMP dans certaines villes. «Ce que nous n’accepterions pas, c’est de nous retrouver dans un cartel d’opposition avec l’UMP. Nous avons posé le débat en terme de rapprochement et pas dans une stratégie de rupture ou de courant», assure Jean-Luc Bennahmias, l’ancien secrétaire générale des Verts, aujourd’hui eurodéputé Modem.

François Deseille, chef de file du parti bayrouiste sur Dijon et membre de la majorité municipale avec le maire socialiste de la ville, François Rebasmen, ne nourrit plus aucune inquiétude avec le grand débat de vendredi soir. «Si on nous avait dit de tout abandonner localement pour nous allier avec l’UMP, alors là cela ne pouvait plus aller», constate-t-il, heureux de se voir conforté dans la stratégie qui est la sienne.

Mariage

«Chacun a fait le constat que nous ne pouvions rien faire les uns sans les autres», reconnaît Jean-Jacques Jégou, ancien trésorier de la campagne présidentielle de 2012 de François Bayrou. «Et aujourd’hui nous savons qu’il n’y a pas d’alliance possible avec François Hollande qui ne réforme pas et se comporte comme le premier secrétaire du PS», ajoute Robert Rochefort.

Malgré ce retour dans les bras de Borloo «avec lequel il n’y a aucune animosité, antipathie ou rivalité», jure, la main sur le cœur, François Bayrou, le patron du Modem a su conforter auprès de ses militants la ligne d’indépendance du Modem depuis sa création. Sans dissiper pour autant toutes les ambiguités à venir. A commencer par celle de la prochaine présidentielle. Dans le futur contrat de mariage entre le Modem et l’UDI, devra être inscrit que ce rassemblement a vocation à présenter un candidat à la présidentielle jusqu’au bout. Et ne pas se contenter d’un petit tour comme en 2012 avec Jean-Louis Borloo et Hervé Morin.

Christophe FORCARI envoyé spécial à Guidel (Morbihan)