• Le Pape François choisit son bras droit

     

    Le Pape François choisit son bras droit

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      • Publié <time data-ago="il y a 4 heures" data-original="le 31/08/2013 à 13:09" datetime="2013-08-31T13:09:46+02:00" itemprop="datePublished">le 31/08/2013 à 13:09</time>
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    Mgr Pietro Parolin, en mars 2007.
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    Le pape a posé l'un des actes les plus importants depuis son élection en choisissant, samedi, un premier ministre relativement jeune et très respecté dans le milieu ecclésial, Mgr Pietro Parolin.

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    Le Pape François vient de procéder à la nomination la plus délicate de son pontificat. Il a choisi Pietro Parolin, un Italien de 58 ans, comme premier ministre. Il remplace le cardinal Tarcisio Bertone, 78 ans, mais qui n'a pas toujours été à la hauteur de cette fonction centrale de l'Eglise catholique qu'il a occupée pendant sept ans et dont le pontificat de Benoît XVI a objectivement pâti.

    La leçon a porté. Le Pape François a pris le temps de choisir son «Secrétaire d'Etat», désignation officielle de son bras droit. Il lui faut un homme de taille pour gouverner l'Eglise dans son administration ordinaire mais pour l'aider avant tout à mener à bien la réforme redoutée de la curie romaine. Et celle de la banque du Vatican…

    Il a donc d'abord opté pour un prélat inhabituellement jeune pour une telle fonction. C'est même un record historique. Son travail consiste à assumer le gouvernement quotidien et temporel - mondial - de l'Eglise catholique, interne et externe. Il a donc sélectionné un Italien car cette responsabilité requiert une fine connaissance des rouages de la curie romaine, de ses coutumes et langages codés que seule une culture italienne permet de pénétrer.

    Il l'a surtout pris parmi le corps des nonces apostoliques, ce qui est un retour à la normale. Ces ambassadeurs du pape sont en réalité les énarques de l'Eglise. Beaucoup attribuaient d'ailleurs les carences du cardinal Bertone à ce niveau de responsabilité au fait qu'il n'était justement pas issu de cette élite cléricale. Ses membres sont en effet rompus à une intense expérience internationale. Ils sont aussi formés à l'art de gérer très efficacement les affaires délicates mais sans crises inutiles. Une alchimie toute catholique qui allie souplesse, patience et… fermeté.

    La confiance de Benoît XVI

    Mais Mgr Parolin n'est pourtant pas un nonce anodin. S'il a été nommé il y a quatre ans ambassadeur du pape au Venezuela d'Hugo Chavez c'était pour sa capacité à faire valoir les intérêts de l'Eglise dans un contexte national difficile. Il avait la confiance de Benoît XVI qui l'avait lui-même ordonné évêque.

    Dans les couloirs du Vatican, deux interprétations radicalement opposées expliquaient toutefois cet «éloignement» de Rome. Ce brillant sujet proche de l'ancien secrétaire d'Etat le cardinal Angelo Sodano n'était pas forcément dans l'esprit de l'équipe Bertone alors au pouvoir. Il pouvait faire de l'ombre à certains. D'autres estimaient au contraire que ce passage dans une importante nonciature latino-américaine pouvait le préparer aux plus hautes fonctions.

    Car avant de partir Mgr Parolin exerça en effet avec un rare brio la fonction de «Sous-secrétaire pour les relations avec les Etats» de 2002 à 2009. C'est-à-dire de ministre des Affaires étrangères adjoint. Tout d'abord sous la responsabilité de très réputé cardinal Jean-Louis Tauran dont il est un disciple en matière diplomatique, puis avec Mgr Lajolo et enfin avec l'actuel ministre des Affaires étrangères, le Français Mgr Dominique Mamberti.

    Un bourreau de travail

    De l'avis de tous, ce bourreau de travail, toujours remarquablement informé, excella dans ce poste. Cette expérience globale lui a donné une vision panoramique de tous les problèmes internationaux. Elle complétait deux longs séjours en nonciature au Nigéria et à Mexico. Et un rôle de conseiller diplomatique à la curie où il a suivi de près l'Espagne et… l'Italie.

    C'est dire la capacité politique de ce prélat, natif de Schiavon, près de Vincenza au nord Est de l'Italie, non loin de Venise, à qui l'Eglise a confié, très tôt, de hautes charges et qui impressionne ses interlocuteurs par sa capacité à analyser synthétiquement les situations sans éluder aucun aspect des problèmes, sachant se mettre à la place de tous les protagonistes.

    Mgr Parolin qui parle italien, anglais, français et espagnol a aussi travaillé très activement sur les dossiers des relations bilatérales les plus difficiles du Saint-Siège. Avec Israël en premier lieu. Avec la Chine également: il a été l'inspirateur de la fameuse lettre de Benoît XVI aux catholiques chinois en mai 2007 qui l'opposa au cardinal Zen de Hong-Kong car Parolin a toujours promu une politique de réconciliation entre l'Eglise officielle et l'Eglise souterraine. Cette expertise qui lui sera aujourd'hui très utile pour conseiller le pape François, jésuite donc soucieux d'un rapprochement avec la Chine.

    Une «pointure»

    Mgr Parolin, médiateur hors pair, est aussi allé très loin dans les discussions apparemment impossibles mais qu'il a su rendre utiles avec l'Iran et le Vietnam où il s'est rendu à plusieurs reprises. Toujours pour le compte du Saint-Siège il a aussi travaillé dans des négociations internationales pour la non-prolifération des armes nucléaires. Il revient enfin de Caracas, avec un bilan remarqué alors que les relations entre le président Chavez et l'Eglise institutionnelle n'étaient pas évidentes.

    C'est donc une «pointure» que le Pape François a choisi et qui devrait s'imposer sans trop de difficultés au sein de la Curie où il va devoir conduire un profond de changement de mentalité et de méthode de travail. Tout en transformant la fonction même de Secrétaire d'Etat, moins pensée comme un pouvoir pyramidal et écran, éloignant le Pape de ses cardinaux et ministres, mais davantage voulue comme lieu d'échange pour une gouvernance plus collégiale de l'Eglise sur le modèle d'une chancellerie qu'elle fut à une époque.

    Mgr Parolin entrera d'ailleurs en fonction le 15 octobre, deux semaines après l'importante réunion à Rome des huit cardinaux - non résidents au Vatican mais issus du monde entier - à qui le Pape François a demandé de préparer … la réforme de la curie romaine. Le calendrier de sa nomination a été organisé pour qu'il accompagne, dès sa prise de fonction, cette nouvelle ère de gouvernance désirée par le Pape François.

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    L'Eglise doit « contribuer à résoudre les grands problèmes actuels, tels que la pauvreté, la justice sociale, la coexistence pacifique »

    Mgr Parolin, avant l'élection de François
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    Très à l'aise avec la presse qu'il sait utiliser et dont il n'a pas peur contrairement à beaucoup de hauts prélats romains, Mgr Parolin accorde volontiers des interviews. Il n'avait pas caché, avant le conclave de mars dernier dans la presse vénézuélienne la nécessité pour lui qu'un pape d'origine latino-américaine soit désormais élu pour «donner une forte impulsion à l'évangélisation de notre temps» et pour que l'Eglise puisse «contribuer à résoudre les grands problèmes actuels, tels que la pauvreté, la justice sociale, la coexistence pacifique».

    Pour l'anecdote il est arrivé que Mgr Pietro Parolin, soit perçu dans certains milieux exaltés comme le futur et «dernier» pape dont parle la soi-disant prophétie de Malachie et qui s'appellerait «Pierre le romain». Il est en effet l'un des rares hauts prélats de curie à porter le prénom du chef des apôtres!

    Une coïncidence qui n'a strictement aucun sens pour lui, sinon le patronage de Saint Pierre reçu à sa naissance, dans une famille très chrétienne et qui a toujours eu les pieds sur terre. D'autant qu'il perdit son père, marchand de matériel agricole, dans un accident automobile. Le jeune Pietro était alors âgé de dix ans. Quatre ans plus tard il entrait au petit séminaire. Croyant profond, il a ainsi sobrement commenté, samedi, sa nomination depuis le Venezuela: «c'est une surprise de Dieu dans ma vie».


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