La riposte prend de l'ampleur. Des chasseurs français qui ont décollé du porte-avions français Charles de Gaulle, en Méditerranée orientale, ont mené lundi leurs premières frappes en Irak contre des zones contrôlées par le groupe État islamique (EI) a annoncé l'état-major des armés françaises sur son compte Twitter. «Deux objectifs détruits» indique l'état-major, dix jours après les attentats de Paris revendiqués par le groupe djihadiste et qui ont fait 130 morts.
Plus tard dans la soirée, le ministère de la Défense a annoncé que des chasseurs-bombardiers Rafale avaient frappé en Syrie. «A partir de (...) la Jordanie, deux Mirage 2000 de l'armée de l'air ont été engagés dans la mission. Simultanément depuis le porte-avions, quatre Rafale Marine les ont rejoints au-dessus de la Syrie» pour frapper un site à Raqqa, dans le nord du pays.
Dimanche, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian avait annoncé que le porte-avions, qui a appareillé de Toulon mercredi dernier, serait opérationnel dès lundi dans le cadre de l'intensification des frappes contre l'EI après les attentats de Paris.
Le célèbre porte-avions, pièce maîtresse de l'armée française, est parti mercredi dernier de Toulon, pour rejoindre le Golfe persique. La mobilisation de l'appareil était prévue avant les attentats.
«Nous allons intensifier nos frappes, nous allons choisir des cibles qui feront le plus de dégâts possibles à cette armée terroriste», avait déclaré dans la matinée le président français François Hollande.
Des Rafale armés de bombes ont été catapultés dans la matinée du pont d'envol du Charles de Gaulle, dans un rugissement de moteurs. Au signal du chef de piste, ils sont passés en 2,5 secondes de 0 à 250 km/h, propulsés par un mégapiston, avant de prendre leur envol sur 75 mètres, là où il leur en faudrait plus de 1600 à terre.Les 26 chasseurs embarqués triplent la capacité de frappes françaises dans la région, en s'ajoutant aux 12 appareils stationnés aux Émirats arabes unis et en Jordanie (respectivement six Rafale et six Mirage 2000).
Selon une source militaire française, les chasseurs du Charles de Gaulle - Rafale et Super Étendard - devraient rester hors de portée des défenses antiaériennes syriennes en passant par la Turquie au nord ou par la Jordanie au sud.
Coordination avec la Russie
Côté aérien, la coordination pour éviter tout incident avec les Russes, présents militairement dans le nord-ouest de la Syrie, passe par le quartier général de la coalition conduite par les États-Unis au Qatar. Côté maritime, les états-majors français et russe ont commencé en fin de semaine dernière à échanger des informations, le porte-avions intervenant dans une zone où la flotte russe est très présente, au large de la Syrie.
Après l'explosion récente d'un avion de ligne russe, revendiquée par l'EI, le président russe avait ordonné à ses chasseurs de bombarder l'organisation en Syrie et à sa Marine de travailler avec les Français comme «avec des alliés».
Après sa mission en Méditerranée, à l'échéance non communiquée à ce jour, le Charles de Gaulle poursuivra sa route vers le Golfe où il doit relever un porte-avions américain.