• Le pouvoir russe "tue" politiquement l'opposant Navalny

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    Le pouvoir russe "tue" politiquement

    l'opposant Navalny

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    <time datetime="2013-07-18T09:21:45" itemprop="dateCreated">Créé le 18-07-2013 à 09h21</time> - <time datetime="2013-07-18T10:08:52" itemprop="dateModified">Mis à jour à 10h08</time>

    Reconnu coupable de détournement, le pourfendeur du Kremlin est privé de ses droits civiques, ce qui l'empêche de briguer la mairie de Moscou.

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    Alexei Navalny au moment du verdict, lors de son procès, à Kirov, le 18 juillet 2013. L'opposant russe a été reconnu coupable de détournement de fonds dans une affaire qu'il dit fabriquée de toute pièces. (AFP PHOTO / VASILY MAXIMOV)

    Alexei Navalny au moment du verdict, lors de son procès, à Kirov, le 18 juillet 2013. L'opposant russe a été reconnu coupable de détournement de fonds dans une affaire qu'il dit fabriquée de toute pièces. (AFP PHOTO / VASILY MAXIMOV)

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    "Coupable !" Même s'il était attendu, le verdict prononcé jeudi 18 juillet a fait l'effet d'une bombe dans la petite Cour de justice de Kirov, à 900 kilomètres de Moscou, où était jugé Alexei Navalny, opposant numéro au très autocratique régime du président Vladimir Poutine. Dans la foulée, le leader de l'opposition russe devrait être condamné à une peine de prison (le procureur a demandé 6 ans) et devrait être arrêté à la fin de l'audience à l'issue d'un procès dont tout indique qu'il a été fabriqué de toutes pièces par le pouvoir et mis en œuvre par une justice largement aux ordres.

    Le jeune (37 ans) blogueur, pourfendeur du Kremlin, qui s'était rendu célèbre en dénonçant la corruption, l'une des plaies du régime Poutine, a lui-même été condamné pour "détournement" de 16 millions de roubles (400.000 euros) au détriment d'une exploitation forestière, Kirovles, alors qu'il était consultant du gouverneur libéral de la région.

    Prouver que le chevalier blanc est un "pourri"

    Pour le pouvoir russe, il s'agissait de démontrer que ce gênant chevalier blanc n'était en fait qu'un "pourri" comme les autres. L'opération avait aussi un autre but : tuer, politiquement, l'étoile montante de la contestation russe. Car sa condamnation sera vraisemblablement assortie d'une privation de ses droits civiques. Il ne pourra se présenter à des élections. Pourtant, après de multiples péripéties, la candidature de Navalny venait d'être acceptée pour l'élection du maire de Moscou, le 8 septembre. Navalny ne pourra peut-être plus s'y présenter et, en tout cas détenu, ne pourra faire campagne. Certes il peut faire appel. Mais tout ceux qui connaissent le système judiciaire russe estiment qu'il peut, au mieux espérer, une peine moins sévère.

    En condamnant le jeune leader, le Kremlin poursuit son entreprise de démolition systématique de l'opposition démocratique russe. Le pouvoir a commencé par juger et emprisonner (depuis 2004) pour "fraudes" et "escroquerie" lors d'une farce judiciaire, le puissant oligarque Mikhaïl Khodorkovski, qui avait eu le tort, lui aussi, de dénoncer la corruption et de financer l'opposition. Il est considéré comme un "prisonnier d'opinion" par Amnesty International.

    Puis le Kremlin s'en est pris à ceux qui manifestaient dans la rue contre les fraudes massives aux élections de 2011, les jetant en prison pour de longues peines. La répression s'est poursuivie avec la condamnation et l'emprisonnement de trois "Pussy Riot", de jeunes féministes punks, qui avaient chanté un prière anti-Poutine dans la cathédrale de Moscou.

    Les "agents de l'étranger" pris pour cible par le pouvoir

    Enfin, le pouvoir s'en est pris aux organisations non-gouvernementales pro-démocratiques, considérées comme des "agents de l'étranger" (et traitées comme tels), du moment qu'elles recevaient des fonds ne venant pas de Russie. Des perquisitions, armes au poing, ont eu lieu, touchant même les instituts culturels français et allemands…

    La condamnation de Navalny est sans doute l'un des derniers clous que le pouvoir veut enfoncer dans le cercueil de l'opposition russe. Pourtant, paradoxalement, la toute puissance de Vladimir Poutine ne semble pas vraiment menacée. Même s'il était un leader assez charismatique, un bon orateur, le leader de l'opposition était gêné par ses liens avec la fraction la plus nationaliste et la moins recommandable de la contestation (dont il a certes tenté récemment de s'éloigner).

    L'opposition reste un conglomérat disparate, allant des ultras au pro-occidentaux, d'accord sur rien à part leur opposition au régime Poutine. Après les grandes manifestations de 2011, la contestation dans la rue s'est essoufflée. Certes pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en 1999, Vladimir Poutine est passé en dessous de la barre fatidique des 50% de popularité, en raison de la stagnation ou de la baisse du niveau de vie pour cause de croissance économique en berne. Mais le "leader national" conserve toujours beaucoup plus d'opinions favorables que négatives.

    L'acharnement sur l'opposition russe montre la nervosité d'un pouvoir rongé par la corruption et qui ne se sent pas sûr de sa légitimité après avoir largement truqué les dernières élections. Alors les réflexes naturels reviennent à Poutine, ceux d'un colonel de l'ex-KGB.

    Jean-Baptiste Naudet


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