• Le procureur Courroye au secours du mandataire de Liliane Bettencourt

    Le procureur Courroye au secours du mandataire de Liliane Bettencourt

    Le Point.fr - Publié le 14/10/2011 à 23:11 - Modifié le 14/10/2011 à 23:36

    EXCLUSIF. Le procureur préconise le maintien en fonction de Pascal Wilhelm, soupçonné de conflit d'intérêts par la fille de la milliardaire.

    Le procureur Courroye au secours du mandataire de Liliane Bettencourt

    Philippe Courroye et Liliane Bettencourt. © Montage LePoint.fr

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    Alors que la juge des tutelles de Courbevoie doit se prononcer lundi 17 octobre sur d'éventuelles mesures de protection en faveur de Liliane Bettencourt, que sa fille estime abusée par le mandataire chargée de le gestion de sa fortune, l'avocat Pascal Wilhelm, le parquet de Nanterre a notifié in extremis, ce vendredi, des conclusions visant à maintenir celui-ci dans ses attributions.

    Par cette initiative, le procureur Philippe Courroye - qui a signé en personne le document - apporte un soutien inattendu à Me Wilhelm, au moment où celui-ci apparaît visé par ailleurs, dans l'enquête judiciaire récemment ouverte à Bordeaux sur le soupçon "d'abus de faiblesse" commis au préjudice de la milliardaire. Une perquisition a ainsi été effectuée, jeudi 13 octobre, au cabinet parisien de l'avocat - ainsi qu'au cabinet de Georges Kiejman, ancien conseil de Mme Bettencourt.

    Dans ses conclusions - dont Le Point a pu prendre connaissance -, le procureur Courroye recommande "non de révoquer le mandat litigieux [de Me Wilhelm] en ouvrant une période d'incertitude et d'insécurité immanquablement préjudiciable à Mme Bettencourt", mais au contraire "d'ordonner la poursuite de l'exécution de la mesure de protection" dont elle fait l'objet depuis le début de l'année, en raison de la dégradation de son état de santé. Le magistrat suggère néanmoins de "renforcer les modalités de contrôle" des actions du mandataire de l'octogénaire, "en instaurant une collégialité" pour les décisions relatives à sa fortune.

    C'est le 25 mars que la fille de Liliane Bettencourt, Françoise Bettencourt Meyers, a dénoncé les agissements de Me Wilhelm, dans une requête adressée à la juge des tutelles Stéphanie Kass-Danno. Elle demandait alors la révocation du mandat confié à l'avocat, qui fut successivement le conseil de Patrice de Maistre, alors gestionnaire de la fortune de la milliardaire, puis celui de Mme Bettencourt elle-même, avant de se voir désigner "protecteur" de ses biens.

    Les soupçons de "conflit d'intérêts" émis par la famille à l'encontre de Me Wilhelm se focalisent sur l'investissement de 143 millions d'euros souscrit au nom de l'héritière de L'Oréal dans la société de jeux en ligne LGI, fondée et dirigée par l'homme d'affaires Stéphane Courbit, dont Pascal Wilhelm est aussi l'avocat. L'audition de Liliane Bettencourt par la juge, au mois de juillet dernier, a montré que celle-ci n'avait aucune conscience de cette opération. "Vous souvenez-vous de l'investissement d'une grosse somme d'argent récemment ?", lui a demandé la magistrate. "Non, a répondu la vieille dame. Je n'ai pas de grosses sommes d'argent à investir." Mme Bettencourt a alors en outre indiqué qu'elle ne connaissait pas Stéphane Courbit, bien qu'elle l'ait rencontré à deux reprises...

    Dans ses conclusions remises à la juge des tutelles, le procureur Courroye estime que la confusion des rôles de Me Wilhelm résultait de l'accord conclu, l'an dernier, entre Mme Bettencourt et sa fille, de sorte que celle-ci ne pourrait aujourd'hui s'en plaindre. "À supposer que les manquements dénoncés soient suffisamment caractérisés, force est de constater que certaines dispositions de cet accord portaient intrinsèquement les prémices de difficultés futures", écrit le chef du parquet de Nanterre - sans même relever que Me Wilhelm était à la fois, au moment de l'investissement contesté, le conseil de M. Courbit et le mandataire de Mme Bettencourt. Or, il est acquis que le jour où fut négociée la prise de participation de la milliardaire (le 17 décembre 2010), un neurologue diagnostiquait chez elle une altération des "facultés cognitives" telle que Mme Bettencourt se trouvait "dans l'impossibilité de pourvoir seule à ses intérêts".

    Depuis lors, une expertise médicale effectuée par surprise au domicile de l'octogénaire, le 7 juin dernier, à la demande du juge d'instruction de Bordeaux, a conclu que celle-ci se trouvait dans un état de "particulière vulnérabilité" et de "suggestibilité". Cette expertise a été versée au dossier de la juge des tutelles, mais l'avocat de Mme Bettencourt, Me Jean-René Farthouat, en a demandé l'annulation au motif qu'elle n'aurait pas été conduite dans les formes. Détail significatif : avant de représenter la milliardaire dans cette procédure, Me Farthouat n'était autre que le défenseur de Pascal Wilhelm durant "l'enquête déontologique" dont celui-ci a été l'objet devant le Conseil de l'ordre des avocats de Paris - et qui s'est conclue sans la moindre sanction.

    Dans un entretien paru vendredi sur le site de l'hebdomadaire Challenges, Me Farthouat annonce avoir demandé au juge des tutelles de prolonger le mandat de protection confié à Me Wilhelm qui, selon lui, "n'a pas démérité [...] et n'a aucune raison d'être dessaisi". Il précise avoir "suggéré" la nomination à ses côtés d'un "mandataire ad hoc" afin de l'assister. Dans ses réquisitions communiquées le même jour, le procureur Courroye préconise exactement la même mesure.


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