• Le Turquetto de Metin Arditi

    Le Turquetto de Metin Arditi

    Le Turquetto de Metin Arditi

    Une hérésie renaissante

    Signé Ticianus, le tableau exposé au Louvre, L’Homme au gant est attribué à Titien. Prêté en 2001 pour une exposition à Genève, l’historien d’art remarqua une différence chromatique entre l’initiale et la suite du nom.

    Intrigué, il procéda à une analyse classée dans des archives du département des restaurations mais ce n’est que depuis 2009, seulement, qu’une loi genevoise autorise l’accès à ces archives. Dans ce roman, Metin Arditi retrace le parcours du Turquetto, disciple du Titien et auteur du fameux tableau.
    Ce roman a obtenu le prix des Libraires de Nancy- Le Point 2011.

     

    Juif né à Constantinople, en terre musulmane vers 1519, Elie se découvre très tôt une passion et un talent exceptionnel pour le dessin. Un seul regard lui suffit pour mémoriser un visage et opérer un rendu d’une époustouflante exactitude mais sa religion lui défend les représentations humaines.

    Les évènements familiaux l’amènent à s’exiler à Venise, terre chrétienne et siège des plus grands peintres de la Renaissance. Dans l’atelier qui le reçoit, on le surnomme tout de suite, Le Turquetto, "Le petit turc". Il acquiert rapidement une notoriété, ouvre un atelier et les commandes affluent.

    Il se convertit au Christianisme et poursuit une carrière éblouissante. Son sens du trait, de la couleur et de l’expression le démarquent des autres artistes. On le considère même supérieur au Titien et à Véronaise.

    Un destin exceptionnel auquel de notables ambitieux veulent s’associer pour bénéficier de cette renommée et notamment, Filippo Cuneo, un parvenu qui lui commandera une Cène qui marquera un tournant inattendu dans sa vie.

    Ce roman étonnant se lit avec ferveur. Fruit de l'imagination de l'auteur, c'est en véritable conteur que Metin Arditi donne vie à un peintre majeur de la Renaissance italienne dont on aura voulut effacer toute trace au nom d’une hérésie brandie pour servir les intérêts personnels d’un religieux peu scrupuleux.

    Avec un style fluide et foisonnant, Metin Arditi nous transporte dans cette époque où naissance et religions imposent leur destin aux individus mais bravées par la passion artistique d’un seul, ce qui ne lui évitera pas, par la suite, un questionnement identitaire. Nous menant de Constantinople à Venise, cette fresque historique est un petit chef-d’oeuvre.
     

    Hassina MIMOUNE

     

    Le Turquetto, Metin Arditi, Actes Sud, 2011

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