• Le vrai coût de l'assistanat... une misère !

    Le vrai coût de l'assistanat... une misère !

    Lundi 5 Mars 2012 à 18:00


    Depuis quelques années, les pauvres sont au banc des accusés pour une partie de la droite. C'est du moins la thèse de Benjamin Griveaux dans son essai « Salauds de pauvres ! ». Contrer les discours de la droite sur le « cancer de l’assistanat » est l’une des ambitions de ce conseiller général de Saône-et-Loire, chargé du département de l’économie et de l’insertion, et aussi membre de l’équipe de campagne de François Hollande.


     

    « L’assistance » est devenue « l’assistanat », remarque Benjamin Griveaux. Les dictionnaires sont les témoins fidèles de l'idéologie de leur temps : dans l’édition 1928 du dictionnaire Larousse, un « assisté » est « celui qui reçoit les secours de l’administration, de l’assistance publique » alors que dans celle de 2011, être « assisté », c’est « être à la charge de la collectivité ». On ne vient plus en aide aux pauvres, on les supporte.
     
    Mais qui sont et que pèsent ces pauvres, si lourds à porter sur nos épaules ?
     
    Qui sont ces «
    voleurs » dont Nicolas Sarkozy parlait en novembre 2011 ? Lorsqu’il affirme que « oui, frauder la Sécurité sociale, c’est voler. Ce n’est pas simplement abuser du système ou profiter de ses largesses. C’est voler chacun et chacune d’entre nous, chacun et chacune d’entre vous. »
     
    Quels sont les effets de cette
    maladie dont Laurent Wauquiez parlait en mai 2011 ? Lorsqu’il affirme que « l’assistanat est un cancer » et que « aujourd’hui, un couple qui est au RSA, en cumulant les différents systèmes de minima sociaux, peut gagner plus qu’un couple dans lequel il y a une personne qui travaille au Smic. »
     

    Benjamin Griveaux, « pour en finir avec le choix de français de la pauvreté », répond en démontant une à une les idées reçues sur les plus démunis.

    Au voleur !

    Benjamin Griveaux nous rappelle que lorsque le terme « assisté» est utilisé, il renvoie « non seulement aux exclus du marché du travail, mais également aux personnages âgées vulnérables ou à celles en situation de handicap. »  
     
    Pour rappel, les personnes âgées bénéficiant du minimum vieillesse reçoivent 708,95 € par mois, les personnes handicapées, 711,95 €. Un bénéficiaire du RSA célibataire perçoit 466,99 €. Quant aux demandeurs d’asile et anciens détenus, « deux catégories étrangement réunies par le miracle de notre réglementation », ils ont droit à 329,41 €. Des sommes qui font rêver les travailleurs, pour sûr !
     
    En France, environ 3,2 millions de personnes bénéficient d’aides sociales. Pourtant, 13,5 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (moins de 954 € par mois), soit 8,2 millions de personnes. De plus, près d’un bénéficiaire potentiel sur trois ne touche pas le RSA faute d'en avoir fait la requête. L’Etat, qui se plaint d’en faire trop, pourrait en donner davantage si les ayant-droits étaient plus soucieux de leur sort.
     
    Mais, tendons leur la main, ils demanderont le bras, n’est-ce pas ? Aucun doute. A écouter la droite, ce sont les « assistés » qui nous vident les poches. Pourtant, la cour des comptes estime le nombre d’allocataires fraudeurs à 0,77 %, moins d’1 % des bénéficiaires d’aides sociales !
     
    Le coût des fraudes ? 3 milliards d’euros. Une somme non négligeable, la droite l’a bien compris. Mais elle sait aussi que les « voleurs » sont tenus de rembourser le trop-perçu lorsqu’ils sont découverts. Ainsi, en 2011, sur 675 millions d’euros de fraudes démasquées, 505 millions ont été récupérés.
     
    Cela fait toujours 2,5 milliards de perdus… Mais qu’en est-il des fraudes fiscales ? De ceux qui auraient les moyens de payer, mais qui ne le font pas ? Facture : entre 25 et 30 milliards d’euros par an.
     
    Les fraudes fiscales coûtent dix fois plus cher que les fraudes sociales.
     
    Une vérité, selon l'auteur, dont la droite est consciente. Comment ne pas voir que le taux de fraude sur l’impôt sur le revenu est de 10 %soit  4,5 milliards d’euros de perdus ? Que la perte en ligne est la même pour l’impôt sur les sociétés ? Et que le taux de fraudes des employeurs sur les prélèvements sociaux coûte à la collectivité entre 8 et 14 milliards d’euros par an ?

    Au menteur !

    Quand ce ne sont plus les politiques mais les chiffres qui parlent, il est difficile de croire que les « assistés » sont le « cancer » de notre pays. Et il devient surtout impossible de considérer les pauvres comme les véritables « assistés ».
     
    Pourquoi alors M. Wauquiez et M. Sarkozy ferment les yeux sur des évidences ?
     
    Pourquoi M. Wauquiez accuse un couple bénéficiaire du RSA de gagner plus qu’une personne au smic quand il sait que c’est strictement impossible ?
     
    S’indignant contre « l’immigration financière », pourquoi M. Wauquiez a-t-il proposé de réserver le RSA aux étrangers travaillant en France depuis au moins 5 ans, alors que cette mesure est d’ores et déjà inscrite dans la loi sur le RSA qu’il a lui-même supportée ?
     
    Peut-être parce que, comme le rappelle l’auteur : « Les pauvres ne votent pas. Ou, plutôt, ils ne votent plus. »

    Salauds de pauvres ! Pour en finir avec le choix français de la pauvreté, Benjamin Griveaux, Fayard / Fondation Jean-Jaurès, 168 pages, 12€

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