Une flotte baleinière japonaise a largué les amarres, vendredi 28 décembre, pour l'Antarctique où elle conduira sa campagne de pêche annuelle, malgré les menaces de l'organisation écologiste Sea Shepherd.
"Le navire amiral, le Nisshin-Maru, a quitté aujourd'hui l'île d'Innoshima" dans l'ouest du Japon, a expliqué Junichi Sato, un responsable de Greenpeace au Japon. L'agence de presse Kyodo a rapporté pour sa part que trois autres navires baleiniers, partis du port de Shimonoseki (ouest), allaient rejoindre en mer le navire-usine.
L'Agence de la pêche japonaise n'a pas souhaité confirmer ces informations à l'AFP. "Nous ne révélons pas la date de départ pour des raisons de sécurité", a indiqué un de ses responsables. Dans une déclaration préalable, elle avait indiqué que la flotte espérait pêcher jusqu'à 935 petits rorquals et 50 rorquals communs d'ici au mois de mars.
PROTÉGER LES BALEINES "AVEC NOS BATEAUX ET NOS VIES"
La flotte nippone est attendue de pied ferme dans l'Antarctique par les militants de l'association de défense de la nature Sea Shepherd, installée aux Etats-Unis, qui ont promis de perturber au maximum ces opérations de chasse. Sea Shepherd a envoyé des bateaux dans la zone pour la neuvième fois, avec un déploiement record cette année : quatre navires, un hélicoptère, trois drones et une centaine de personnes engagées.
Il y a une dizaine de jours, une cour de justice américaine a interdit à Sea Shepherd de s'approcher "en aucune circonstance à moins de 500 mètres" des navires japonais quand ils naviguent en pleine mer. Mais l'ONG de Paul Watson, qui est recherché par Interpol, a maintenu son cap. "Ils verront que nous sommes toujours là pour garder le sanctuaire des baleines dans les mers du Sud, avec nos bateaux et nos vies", a-t-elle répliqué.
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DES GARDE-CÔTES À BORD DES BALEINIERS
Les pays opposés à la pêche à la baleine ont appelé jeudi les militants écologistes à s'en tenir à des manifestations pacifiques et sans danger. L'Australie, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas et les Etats-Unis ont déclaré dans un communiqué commun qu'ils n'hésiteraient pas à faire respecter la loi en cas "d'activité illégale". La semaine dernière, les autorités japonaises ont indiqué que des garde-côtes seraient à bord des baleiniers nippons pour assurer la sécurité des Japonais face aux manœuvres de harcèlement de l'association écologiste.
Le Japon pêche des baleines en vertu d'une tolérance de la Commission baleinière internationale (CBI) pour la chasse à des fins de recherche, bien que la chair des animaux finisse sur les étals nippons. L'organisme international proscrit toute pêche commerciale. Tokyo souligne, en outre, que la pêche au cétacé fait partie intégrante de la culture japonaise.
Sea Shepherd reproche aussi aux Japonais de chasser des dauphins, notamment dans la baie de Taiji, rendue célèbre par le documentaire oscarisé The cove, la baie de la honte. Remontée contre Tokyo, l'association a annoncé mi-décembre qu'elle soutenait Pékin dans la querelle sino-nippone sur la souveraineté d'îles de mer de Chine orientale, administrées par le Japon sous le nom de Senkaku, mais revendiquées par la Chine en tant que Diaoyu. "La mainmise du Japon sur ces îles conduirait au massacre de davantage de dauphins et baleines dans leurs environs", s'est inquiétée l'ONG.