• Les droits des femmes et des fillettes de plus en plus menacés

    Les droits des femmes et des fillettes

    de plus en plus menacés

    07 mars 2015 |  Par Jean-Charles Champagnat

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    Demain, 8 mars, c’est la Journée Internationale de la Femme. Au départ, conçue pour promouvoir le rôle des femmes dans la société, le 8 mars vient, en réalité, nous rappeler chaque année le chemin qui reste à parcourir pour atteindre l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes.

    Après cent ans de luttes acharnées, on a parfois l’impression que la tâche reste immense et relève de l’utopie, car ce sont les mentalités et les croyances qu’il faut changer. On a parfois l’impression que cette prise de conscience que le progrès n’est jamais une peine perdue et que la nécessité de sortir de sa sphère individuelle pour revendiquer ne seront jamais atteints.

    Pourtant, l’histoire finit toujours par avoir raison des injustices. Il aura fallu attendre 1910 pour que tout débute. L’allemande Clara Zetkin propose que soit créée la Journée Internationale des Femmes. L’idée sera entérinée par la conférence internationale des femmes socialistes qui se déroulait à Copenhague (Danemark). Clara Zetkin est la fondatrice d’un mouvement en Allemagne, dont l’organe « l’Egalité » s’efforçait de montrer que la lutte pour l’émancipation des femmes était inséparable de la lutte de la classe ouvrière.

    En Angleterre et aux Etats-Unis, les « Suffragettes » et leur organisation politique se livraient déjà à des actions pour arracher le droit de vote des femmes. Elles finiront par l’obtenir en 1918 et 1920 et seulement en 1944 en France.

    Justement, en France, c’est la provocante « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » d’Olympes de Gouges en 1791 qui a lancé les hostilités. Elle disait en substance, paraphrasant ainsi la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, « la Femme nait libre et demeure égale à l’homme en droits ».

    Pourtant, plus de 150 ans après, lorsqu’en 1949, Simone de Beauvoir, d’un avant-gardisme exceptionnel, publie « le Deuxième sexe », elle semble prêcher dans le désert. Pionnière de la pensée sur la condition des femmes, son ouvrage sera à l’origine des premiers engagements féministes dans le monde.

    Dans les années 1970, le Mouvement de la libération des femmes, puis le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception se battront pour le droit des femmes à disposer de leur corps. Au travers le manifeste des « 343 salopes », elles braveront ouvertement la loi anti-avortement de 1920, s'exposant ainsi à l'époque à des poursuites pénales pouvant aller jusqu'à l'emprisonnement.

    Et c’est 5 ans plus tard, en janvier 1975, que Simone Veil présentera la loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG), devant un parterre de parlementaires haineux et injurieux quasi essentiellement composé d’hommes.

    Et aujourd’hui, la France peut toujours rougir, car la place des femmes dans la vie publique française est toujours aussi honteuse malgré les lois sur la parité qui se sont succédées. La vraie parité s’exercera enfin, en 2015, dans les assemblées départementales.

    Quant aux postes dans la haute administration, les femmes y sont quasiment absentes. Et ne parlons pas des postes à responsabilité, de l’inégalité de traitement salarial ou bien encore de leur place dans les médias.

    Et partout dans le monde les droits acquis si difficilement par les femmes sont fortement menacés. La montée des intégrismes et de l’intolérance religieuse sont loin d’être les seules menaces qui pèsent sur l’égalité entre les êtres humains. Même si elles prennent des formes diverses, les attaques contre les libertés conquises par les femmes se multiplient, y compris dans les riches démocraties occidentales.

    La réalité concrète du sort fait à des millions de femmes à travers le monde reste insupportable et doit être régulièrement dénoncée : immolations, exécutions publiques, mutilations génitales, lapidations, prostitution, violences conjugales, mariage forcé des fillettes, prison de tissu, esclavage, exploitation sexuelles, les traitements réservées aux femmes et aux fillettes en 2015 sont loin de refléter une civilisation en marche vers le progrès.

    Que les hommes qui sont agacés par le pensum de cette Journée internationale se rassurent : personne ne hait plus la journée du 8 mars que celles qu’elle est supposée fêter.

    Car demain, des centaines d’articles et de reportages consacrés à la gent féminine seront diffusés aux quatre coins de la planète. C’est demain, que des milliers d’initiatives auront lieu à travers le monde. A cette occasion on entendra certains nous rappeler, souvent de manière légère, que sans la femme, l’homme serait bien malheureux. Des pays dresseront leur liste des femmes les plus influentes. D’autres encore, dans les pays où des élections se profilent, feront des promesses qu’ils sont pourtant sûrs de ne pas pouvoir tenir. D’autres aussi, jureront leurs grand Dieux, et quel que soit ce Dieu, que la femme est l’égal de l’homme. D’autres enfin, tel le bon Samaritain sortant du bois une fois par an, dénonceront les offenses faites aux femmes.

    Le 8 mars est donc le « post-it » dédié aux femmes, une piqure de rappel faite aux hommes pour leur rappeler leurs responsabilités.

    De mon point de vue, ce n’est pas seulement à chaque nouvelle journée de la femme que l’homme devrait respecter les femmes et les fillettes et prendre soin d’elles, mais de la même manière, les 364 autres jours de l’année.

    JCC


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