Des appels au calme et à la transparence ont été lancés à la veille du second tour de la présidentielle de dimanche au Sénégal. Le chef de l'Etat sortant Abdoulaye Wade affronte son ex-Premier ministre Macky Sall, qui a reçu le soutien de l'ensemble de l'opposition et est donné favori.
Quelques incidents violents ont opposé les partisans des deux candidats, mais sans commune mesure avec les violences ayant précédé le premier tour, le 26 février, qui avaient fait de six à quinze morts et au moins 150 blessés. Le président de la Commission électorale nationale autonome a annoncé que 18.000 membres de son institution seront déployés dans tout le pays pour veiller à ce que le scrutin se tienne dans des conditions de sécurité et de transparence.
Le Sénégal est souvent présenté comme l'un des rares exemples de démocratie en Afrique de l'Ouest, régulièrement secouée par des violences politico-militaires, comme en témoigne le coup d'Etat qui a renversé jeudi le président malien Amadou Toumani Touré. Le chef des observateurs de l'Union européenne a appelé "au respect des règles démocratiques", car "la violence ne sert à rien".
"Défaite inévitable"
Au total, quelque 300 observateurs étrangers, Africains et Européens, vont surveiller le vote, ce qui n'a pas empêché Macky Sall d'appeler "à la vigilance" par crainte de fraudes organisées par son adversaire qu'il soupçonne de vouloir passer en force. "La défaite du président Wade est inévitable, nous n'accepterons pas qu'il confisque les suffrages des Sénégalais", a-t-il déclaré vendredi au cours de son dernier meeting dans banlieue de Dakar.
Le président sortant est arrivé en tête du premier tour avec 34,81% des voix, suivi de Macky Sall (26,58%). Ce dernier, 50 ans, a très vite obtenu le ralliement de tous les autres candidats éliminés qui ont appelé à voter pour lui afin de barrer la route au sortant dont ils ont jugé la candidature "anticonstitutionnelle" après deux mandats. Macky Sall a également enregistré le soutien de nombreuses organisations de la société civile, de mouvements de jeunes comme "Y'en a marre", et de personnalités comme le célèbre chanteur Youssou Ndour dont la candidature à la présidentielle avait été rejetée par le Conseil constitutionnel.
Sur le papier, si les appels à voter pour lui sont suivis, il peut l'emporter avec environ 60% des voix. Mais le président sortant compte sur les abstentionnistes du premier tour (48,42%) qui avaient "eu peur de sortir" après des violences, mais sont "nos militants et sympathisants". Il a affirmé qu'il lui fallait encore "trois ans" pour achever ses "projets", alors que le nouveau mandat présidentiel est de sept ans.