Sauf surprise de taille, Jean-Christophe Cambadélis devrait être élu premier secrétaire par les adhérents du Parti socialiste à l’issue du scrutin qui se déroule jeudi 28 mai de 17 heures à 22 heures. La semaine dernière, la motion A, dont il est le premier signataire, et qui a reçu le soutien du gouvernement, avait récolté 60 % des suffrages au premier tour.
La motion B, des « frondeurs », avait réalisé 29 %. Son premier signataire, Christian Paul, se présente face à M. Cambadélis pour le poste de premier secrétaire, mais il a peu de chance de renverser la tendance. D’autant plus qu’une majorité des responsables des motions C (1,5 %) et D (9,5 %) a exprimé son intention de voter en faveur de l’actuel premier secrétaire.
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Déjà en poste depuis un an, M. Cambadélis n’avait pas encore été adoubé par un vote militant et n’avait été désigné que par le conseil national du parti pour remplacer Harlem Désir, entré au gouvernement, en avril 2014.
- La participation, principal enjeu
Lors du vote sur les motions, le 21 mai, qui détermine la composition des instances du Parti socialiste, à peine plus de 70 000 militants se sont mobilisés. Si Solférino s’est félicité du score en pourcentage (54,52 %), équivalent à celui du congrès de Toulouse, en 2012, cette communication ne masque pas la faiblesse des effectifs du PS. Depuis l’élection de François Hollande, quelque 40 000 militants ont déserté le parti. Il ne reste plus que 130 000 adhérents au sein de la formation. Et encore, ils sont loin d’être tous à jour de leur cotisation.
Avec un deuxième tour joué d’avance, la direction craint un effondrement de la participation, qui nuirait à l’image d’un premier secrétaire élu par un corps électoral décimé. Au premier tour, la motion A a été choisie par moins de 40 000 votants. La motion B n’a elle été approuvée que par 18 000 adhérents.
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Pour comparaison, la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR) enregistre pour sa part un peu plus de 30 000 adhérents, qui comptent eux-mêmes presque autant de collaborateurs. Un public dont on peut légitimement penser qu’il a été très mobilisé pour le vote. De quoi renforcer l’image d’un parti qui se recroqueville sur ses élus et qui s’éloigne de sa base militante.
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Les tractations commencent
Pour Jean-Christophe Cambadélis, le travail commence réellement au lendemain de ce vote. Le premier secrétaire doit former les instances dirigeantes du parti. Le conseil national (le parlement du parti) et le bureau national (organe de direction) sont composés au prorata du score du premier tour. Chaque motion, qui est en général une alliance de différents courants, doit décider en son sein qui la représentera dans ces instances. Les tractations ont donc déjà commencé. M. Cambadélis qui a réuni sur sa motion des proches de François Hollande, Martine Aubry, Manuel Valls, Ségolène Royal ou encore Gérard Collomb, devra faire des arbitrages.
Il devra ensuite composer son secrétariat national (le gouvernement du parti), auquel participent les seuls membres de sa majorité. Là encore, le premier secrétaire devra trancher entre la nécessité de renouvellement de son équipe et les exigences de chaque courant. Toutes ces décisions seront entérinées lors du congrès lui-même, qui se déroulera à Poitiers du 5 au 7 juin.
- Le troisième tour en ligne de mire
Au-delà du vote du 29 mai, une partie des militants du PS a déjà la tête au scrutin… du 11 juin. Ce jour-là, les premiers secrétaires fédéraux (les responsables départementaux) seront élus. Les rapports de force au sein du Parti socialiste se mesurent principalement au nombre de départements détenus par chaque courant.
Les fédérations ont ensuite le pouvoir de désigner leurs candidats pour les élections locales. Les nouveaux équilibres au sein du PS pourraient donc se refléter dès l’automne, lors de la constitution des listes pour les élections régionales.
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