• Les violences se sont poursuivies en Syrie malgré la visite de Kofi Annan

    Les violences se sont poursuivies en Syrie malgré la visite de Kofi Annan

    LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 12.03.12 | 08h35   •  Mis à jour le 12.03.12 | 13h24

     

     

    Image fournie par l'opposition syrienne, le 12 mars, montrant les corps d'une partie des femmes et enfants assassinés dans la ville d'Homs en Syrie, un "massacre" commis par le régime selon l'opposition, qui a appelé lundi à une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.

    Image fournie par l'opposition syrienne, le 12 mars, montrant les corps d'une partie des femmes et enfants assassinés dans la ville d'Homs en Syrie, un "massacre" commis par le régime selon l'opposition, qui a appelé lundi à une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.AFP/-

    Au moins 47 corps de civils ont été retrouvés dans la ville syrienne d'Homs, un "massacre" attribué par l'opposition aux forces du régime et par les médias officiels à des "gangs terroristes". Par ailleurs, l'explosion d'une voiture piégée a tué lundi une adolescente et en a blessé 25 autres dans un établissement scolaire à Deraa, a rapporté l'opposition. L'armée syrienne bombardait également de nouveau lundi la ville rebelle d'Idleb et sa province, où les habitants manquent d'eau et d'électricité, ont rapporté des militants et une ONG syrienne. Selon l'agence officielle Sana, un "groupe terroriste armé" a fait exploser un oléoduc acheminant du mazout de la ville de Homs à Hama, plus au nord. L'agence n'a pas donné d'autres précisions.

    Le Conseil national syrien (CNS), principale formation de l'opposition, a appelé à une "réunion d'urgence" du Conseil de sécurité de l'ONU après ces informations, précisant que le "massacre" à Homs avait été perpétré dimanche. Le président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, a confirmé un "massacre" de femmes et d'enfants dans le quartier de Karm Al-Zeitoun, sans toutefois pouvoir préciser le nombre des victimes.

    INFORMATIONS INVÉRIFIABLES

     

    Un immeuble endommagé dans le quartier d'Inshaat à Homs, le 7 mars.

    Un immeuble endommagé dans le quartier d'Inshaat à Homs, le 7 mars.REUTERS/HANDOUT

    La télévision d'Etat a accusé des "gangs terroristes armés" d'avoir "kidnappé des citoyens dans des quartiers d'Homs et de les avoir tués et filmés pour susciter des réactions internationales contre la Syrie". Ces informations sont invérifiables en raison des restrictions draconiennes imposées aux médias pour la couverture de la crise en Syrie, où le régime de Bachar Al-Assad réprime depuis un an dans le sang une contestation populaire qu'il assimile à du "terrorisme".

    Selon l'opposition, "des membres de l'Armée syrienne libre sont parvenus à transporter les corps au quartier de Bab Sebaa [à Homs], plus sûr". C'est ainsi que les militants ont pu filmer les corps. "Certaines victimes ont été égorgées avec des couteaux, d'autres poignardées. D'autres, notamment des enfants, ont été frappés à la tête par des objets tranchants. Une fillette a été mutilée et certaines femmes ont été violées avant d'être tuées", a encore indiqué l'opposition.

    "COMPLICES"

    Le CNS a réagi en affirmant mener "les contacts nécessaires avec l'ensemble des organisations et des pays amis du peuple syrien en vue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité". "Les Etats qui soutiennent le régime sont complices de ses actes et de ses crimes", a ajouté le CNS dans un communiqué en référence à la Russie et la Chine, qui appuient le régime de Bachar Al-Assad et ont bloqué jusqu'à présent deux résolutions de l'ONU condamnant la répression.

    "De nouveaux massacres pourront être encore perpétrés à l'avenir si la communauté internationale reste silencieuse, a affirmé l'opposition. Nous appelons sans détour à une intervention militaire étrangère, à des frappes contre le régime et à armer l'ASL. […] Nous ne voulons plus de paroles, cela fait des mois que les Etats-Unis et les autres appellent Bachar à cesser les violences, mais il continue de tuer les gens. Ça suffit, s'ils n'ont rien d'autre à dire, qu'ils se taisent."

    POURSUITE DE LA DIPLOMATIE

    Cette annonce intervient après la fin de la visite de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan. Avant de quitter Damas et après deux entrevues avec le chef de l'Etat syrien, samedi et dimanche, l'ancien secrétaire général des Nations unies s'est déclaré "optimiste". "La situation est si mauvaise et si dangereuse qu'aucun de nous ne peut se permettre d'échouer", a-t-il estimé. Cette mission de bons offices n'a toutefois pas répondu aux espoirs qui étaient placés en elle, Annan n'ayant pas reçu de réponse du président syrien sur les "mesures concrètes" présentées lors des discussions.

    L'émissaire souhaitait l'instauration d'un cessez-le-feu, l'ouverture d'un accès humanitaire, la libération des prisonniers et l'entame d'un dialogue politique. Pour Assad, ces demandes ne peuvent être acceptées car, selon lui, l'opposition à son régime est le fait de "terroristes" avec lesquels aucune solution politique n'est possible. Les efforts diplomatiques se poursuivaient lundi avec la rencontre prévue à New York entre la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, et son homologue russe Sergueï Lavrov alors que le Conseil de sécurité de l'ONU doit entendre une communication sur le "printemps arabe".

    Chinois et Russes souhaitent que la condamnation soit répartie équitablement entre les deux camps, a expliqué le vice-ministre des affaires étrangères chinois, Zhang Ming, dimanche à Riyad. Zhang a également mis en garde contre la tentation de certains Etats "d'interférer" dans les affaires intérieures de la Syrie.  La Chine a salué lundi la "pertinence" d'un plan en cinq points prôné par la Russie et les Arabes pour trouver une solution à la crise syrienne, en estimant que ces propositions pouvaient déboucher sur une avancée "positive".

    EQUIPER LES COMBATTANTS EN ARMES

     

    "Nous ne pouvons pas accepter la poursuite complètement déraisonnable d'atrocités perpétrées par le régime d'Assad contre son peuple", a déclaré le ministre des affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle.

    "Nous ne pouvons pas accepter la poursuite complètement déraisonnable d'atrocités perpétrées par le régime d'Assad contre son peuple", a déclaré le ministre des affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle.AFP/FAYEZ NURELDINE

    Le prince Saud Al-Fayçal, ministre des affaires étrangères saoudien, a répété pour sa part son souhait de voir les combattants de l'opposition syrienne équipés en armes. Cet engagement logistique est le seul moyen, selon lui, de mettre fin au conflit. "Le régime syrien est engagé dans le massacre de ses propres citoyens", a-t-il affirmé après des entretiens avec Guido Westerwelle, chef de la diplomatie allemande.

    Malgré la visite de Kofi Annan, le régime syrien a poursuivi son offensive militaire contre des bastions de l'opposition dans le nord-ouest du pays. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, 39 civils, dont 25 dans la province d'Idleb, ont été tués samedi, ainsi que 39 rebelles et 20 militaires pour un bilan total de 98 morts.

    ***Damas veut rappeler ses ambassadeurs

    La Syrie envisage de rappeler ses ambassadeurs dans les pays européens qui ont rapatrié leur personnel diplomatique de Syrie, a déclaré lundi 12 mars l'ambassadeur de Syrie en Russie, Riad Haddad. "Il y a certains pays européens qui ont déjà rappelé de Syrie leur ambassadeur. La Syrie va en faire de même", a-t-il déclaré à la presse. Selon des diplomates arabes, la Syrie a commencé à rappeler ses ambassadeurs en Europe de crainte qu'ils ne soient expulsés en représailles à la brutalité de la répression par le régime du président Bachar al Assad du mouvement de contestation. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Suisse, le Canada et la France ont déjà fermé leur ambassade à Damas. Les 27 pays de l'Union européenne étudient la possibilité, à la demande de la France, de réduire collectivement le niveau de leurs relations diplomatiques à la fois dans les capitales européennes et à Damas. Mais aucun accord en ce sens n'a encore été arrêté. - (avec AFP)


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