• Ligue nationale pour la démocratie: ECOTOURISME

    Ligue nationale pour la démocratie
    97/B, West Shwegondine Road,
    Bahan Township, Rangoon
    Date: 20 Mai 2011


    Déclaration N° 10/05/11


    La Birmanie est l’un des plus grands pays d’Asie du Sud-est et offre une grande variété d’attractions touristiques. Dans les anciennes citées de Sri Kestra, Pagan, Mrauk-U, Mandalay et Pegu se trouve un éventail de monuments historiques. A travers tout le pays, une multitude de pagodes, petites et grandes parsèment le paysage birman.

    La pagode Shwedagon domine l’horizon de Rangoun de sa splendeur dorée tandis que la stupa Kyaikhtiyo, perchée sur un gigantesque rocher à l’équilibre précaire, attire de nombreux pèlerins et visiteurs dans l’Etat Mon, au sud-est de la Birmanie.

    Dans l’Etat Kachin, dans la région la plus au nord de ce pays qui s’étend sur 2000 Km de long, se trouve le pic montagneux le plus haut d’Asie du Sud-est, le Mont Khakaborazi qui s’élève à 4542 mètres et qui est recouvert en toute saison par un glacier prenant sa source dans l’Irrawaddy. Cette rivière, la plus illustre de Birmanie, traverse le coeur du pays pour se disperser dans des myriades de cours d’eau du delta qui se jettent ensuite dans la mer.

    Il existe aussi des rivières moins connues qui rivalisent de beauté pittoresque et de biodiversité avec l’Irrawaddy, et des paradis écologiques tels que Phongamrazi et Alaungdaw Kathapa, des réserves naturelles auxquels l’ASEAN a attribué le statut d’héritage régional. D’autres sites qui pourraient intéresser les éco-touristes sont les réserves naturelles des lacs Indawgyi, Inle et Moe Yun Gyi. Ces réserves accueillent une variété impressionnante d’espèces animales et végétales telles que des orchidées rares et sont aussi les étapes favorites des oiseaux migrateurs.

    La Birmanie dispose également d’une bande côtière le long de l’océan indien. Ornée de plages de sable blanc, elle demeure jusqu’à présent préservée du développement.

    Les régions Nord Ouest, Nord et Est du pays sont vallonnées par les collines de l’Etat Chin, l’extrémité Est de l’Himalaya et le plateau Shan. Ces régions d’une rare beauté sont habitées par de nombreuses minorités ethniques et sont pour la plupart hors des sentiers battus touristiques.


    Malgré cette abondance d’attractions, la Birmanie n’a accueilli que 200 000 visiteurs en 2009-2010. Selon les estimations, ils seront 300 000 en 2011 mais comparé au nombre de touristes se rendant chaque année en Thaïlande (14 millions), au Vietnam (4 millions), au Cambodge et au Laos (2 millions chacun), il est évident que le secteur touristique birman est bien loin derrière ses voisins.

    Alors que le Japon continue d’attirer 300 000 touristes par mois malgré la triple catastrophe du tremblement de terre, du tsunami et des fuites nucléaires, en Birmanie, le secteur touristique peut être considéré comme étant encore à ses balbutiements.


    Le succès du développement du tourisme en Birmanie ne dépend pas seulement des prestataires de services que sont les agents de voyages, les tour-operators, les hôtels, les guesthouses et les compagnies de transports mais aussi sur la coopération des touristes eux-mêmes. Il est essentiel de trouver un équilibre entre considérations sociales et intérêts commerciaux, bien qu’un tel équilibre soit difficile à atteindre dans un pays en développement comme la Birmanie. Bien que le tourisme puisse être un moteur économique pour la population du pays d’accueil grâce à la création d’emplois, l’entrée de devises étrangères et l’augmentation du niveau de vie, il peut également avoir des conséquences négatives si les considérations environnementales sont ignorées et si les différentes valeurs culturelles et sociales ne sont pas appréhendées avec suffisamment de sensibilité.


    En Birmanie, on a porté atteinte à des communautés entières dans le seul intérêt de l’industrie touristique. Des populations locales ont été déplacées pour faire place à la construction d’hôtels et d’autres sites touristiques, souvent sans qu’aucune compensation ne leur soit versée ni qu’un lieu approprié de réinstallation ne leur soit proposé. Pour ces personnes, être déracinées de leurs villages vieux de plusieurs siècles signifie souvent la perte de leur foyer et de leur moyen de subsistance.


    Un grand nombre de touristes peu perspicaces et peu scrupuleux pourrait endommager les structures sociales, culturelles et morales des communautés locales. Le danger ne réside pas seulement dans la mauvaise conduite des visiteurs mais aussi dans des comportements bien intentionnés mais peu judicieux. Alors que les risques liés au tourisme sexuel sont évidents, certaines pratiques irréfléchies telles que la distribution d’argent et de cadeaux qui ont transformé les enfants de certaines communautés en mendiants ne reçoivent pas suffisamment d’attention. Le véritable développement d’un pays ne repose pas seulement sur l’amélioration du niveau de vie mais aussi par la promotion de l’estime de soi de sa population et de son autonomie.


    Un sujet central de préoccupation est la destruction de l’environnement et les perturbations de la biosphère liées au développement d’infrastructures touristiques. Le déboisement des forêts pour y construire des hôtels, des sites de vacances, des restaurants, des routes et des terrains de golf devrait être interdit par la loi. La gestion des déchets et les systèmes d’évacuation des eaux usées devraient également être soumis à une stricte règlementation.


    Actuellement, la survie du lac Inlay, réputé tant pour sa beauté que pour le mode de vie unique de ses habitants, est gravement en danger. La déforestation a causé des déplacements de terrain du fait de l’érosion des sols, la sédimentation et les changements climatiques, ayant pour conséquence une réduction de 50% de la surface du lac au cours des trente dernières années. L’utilisation incontrôlée de fertiliseurs et de pesticides pour les jardins flottants, le déversement de déchets chimiques provenant des tisserands et forgerons et les eaux non traitées des égouts des hôtels et des restaurants ont pollué le lac de manière si importante que certaines espèces rares de poissons sont en voie d’extinction. L’eau n’étant plus potable, les habitants du lac qui ont grâce à lui subvenu à leurs besoins pendant plusieurs siècles sont aujourd’hui contraints de s’approvisionner en eau venant de sources éloignées.

    Le changement climatique est survenu de manière si précipitée que tout le système écologique s’en est trouvé perturbé, à tel point que le développement de l’industrie touristique elle-même en est menacé. Il n’est dorénavant plus permis d’ouvrir de nouveaux hôtels, auberges ou restaurants.


    La Ligue Nationale pour la Démocratie a boycotté la campagne « Visit Myanmar Year » (1996) afin d’attirer l’attention sur les violations des droits de l’homme, le monopole détenu par le régime militaire et ses proches sur les éléments les plus lucratifs de l’industrie touristique et sur les dommages culturels, sociaux et environnementaux liés à la préparation de l’arrivée des hordes de touristes attendues. Aujourd’hui, quinze ans plus tard, la situation des droits de l’homme ne s’est pas améliorée en Birmanie et malgré les efforts de l’Organisation International du Travail, l’utilisation du travail forcé continue à travers le pays. De tels abus ne peuvent être éradiqués que par la mise en place de politiques appropriées, et non pas comme certains l’espèrent, par l’afflux de visiteurs étrangers.

    Une partie importante des plus grandes entreprises touristiques appartient aux familles des membres du gouvernement et à leurs proches ; l’affirmation selon laquelle un pourcentage important de l’industrie touristique serait privée plutôt qu’entre les mains du gouvernement omet le facteur du capitalisme de connivence.Une prise de conscience internationale des préoccupations écologiques à mener à une plus grande prudence concernant la dégradation de l’environnement mais les dommages causés sur les monuments historiques, les rénovations ignorant la nécessité de préserver l’authenticité des lieux et les valeurs esthétiques restent un triste rappel d’une dynamique irresponsable visant à attirer les touristes. A l’heure actuelle, il n’y a vraisemblablement pas d’initiatives informées visant à la préservation des monuments historiques en consultation avec des experts.


    Les difficultés économiques dans lesquelles se trouvent la population de Birmanie aujourd’hui appellent à une révision de la position de la LND concernant le tourisme. Le défi consiste à récolter les bénéfices d’une industrie touristique en plein essor qui donnerait à l’économie un coup de fouet nécessaire tout en minimisant le plus possible les conséquences néfastes qu’un tel développement pourrait avoir. Les agences de voyages et organisations de défense de droits de l’homme pourraient fournir des informations aux potentiels voyageurs sur les agences de voyages, les hôtels et autres infrastructures touristiques sans affiliation avec le gouvernement, l’exploitation sociale et les violations des droits de l’homme. Une discrimination positive en faveur des entreprises impliquées dans des programmes efficaces de soutien aux populations et de préservation de l’environnement devrait être encouragée.


    Parmi les entreprises du secteur touristique, certaines fabriquent des produits d’artisanat traditionnel. La promotion de produits de qualité qui encourage la préservation de techniques et de motifs ancestraux tout en stimulant l’innovation et l’expérimentation serait bénéfique, tant sur le plan économique que culturel et artistique. Les objets souvenirs de mauvaise qualité sont incontournables mais les acheteurs éclairés ne sauraient tarder à se tourner vers des produits de qualité supérieure.


    La LND accueillerait volontiers les visiteurs soucieux de promouvoir le bien-être de la population, la préservation de l’environnement et désirant acquérir une compréhension de la vie culturelle, politique et sociale du pays, tout en passant d’heureuses vacances en Birmanie.
    Décision prise lors de la réunion du Comité Central Exécutif (CCE) de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) qui s’est tenue le 19 mai 2011

    CCE

    NLD
    Rangoun
    Traduit de l’anglais par Info-Birmanie
    Pour lire la déclaration en anglais, veuillez vous rendre sur le site de la LND :
    http://www.nldburma.org/


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