• Manifestations record en Grèce contre un nouveau plan d'austérité

     

    Manifestations record en Grèce contre un nouveau plan d'austérité

     

    Alors que le Parlement grec examine un nouveau plan de rigueur dont l'adoption est prévue jeudi, plus de 125 000 personnes sont descendues dans les rues pour protester. Des violences ont éclaté en marge du cortège à Athènes.

    Par Alexia KEFALAS , correspondante à Athènes (vidéo)
    Dépêche (texte)
     

    REUTERS - Une grève générale de 48 heures, la plus importante depuis des années, a débuté mercredi en Grèce et de violents affrontements se sont produits à Athènes entre forces de l'ordre et manifestants cagoulés devant le siège du parlement.

    Malgré ce vaste mouvement de contestation, les députés, dont les 154 élus socialistes, ont adopté dans la soirée en première lecture un nouveau plan d'austérité. Ils devront encore se prononcer jeudi article par article.

    Ce nouveau train de mesures comprend notamment une réduction des salaires et des retraites dans la fonction publique, une hausse des impôts, une suspension des accords salariaux de branche et l'instauration du droit de licenciement dans l'administration.

     

    Évasion fiscale :

    La grève de 48 heures entamée mercredi concerne les administrations, les entreprises, les services publics mais également les commerces de détail.

    Plus de 100.000 personnes sont descendues dans les rues d'Athènes.

    "C'est l'une des plus grandes manifestations de ces dernières années. Les gens montrent qu'ils sont déterminés à manifester contre les politiques suivies", a témoigné une manifestante, Mary Bossis, professeur à l'Université du Pirée.

    "Nous n'en avons pas fini avec les manifestations. Nous sommes arrivés à un point où les gens ont le sentiment que le gouvernement ne les représente plus, où ils veulent un changement radical", a-t-elle ajouté.

    Impopulaire, le Premier ministre socialiste George Papandreou a réclamé le soutien de ses concitoyens sur sa politique d'austérité qu'il juge indispensable pour sortir la Grèce de son endettement.

    Après deux ans de ce régime drastique, la colère était évidente mercredi chez les manifestants furieux non seulement contre leur propre gouvernement mais aussi contre les créanciers internationaux exigeant une telle politique d'austérité.

    Cocktails molotov

    "Qui essaient-ils de tromper? Ils ne nous sauvent pas. Avec ces mesures, les pauvres deviennent plus pauvres et les riches plus riches. Et bien je dis: 'Non merci. Je ne veux pas de votre aide'", a déclaré un fonctionnaire de 50 ans, Akis Papadopoulos, dans un défilé.

    S'exprimant avant le vote, Nikos Kioutsoukis, l'un des responsables du syndicat du secteur privé GSEE, a jugé que les députés auraient dû rejeter les nouvelles mesures d'austérité "s'il leur reste encore un peu d'humanité, de décence, de fierté et d'esprit national".

    Malgré le déploiement de plus de 7.000 policiers dans la capitale, des manifestants casqués et cagoulés, vêtus de noir, ont lancé des pierres et des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre qui ont riposté en tirant des grenades lacrymogènes place Syntagma, devant le parlement.

    De violents affrontements s'étaient produits fin juin au même endroit lors d'une précédente manifestation.

    Pour la première fois, les manifestants sont arrivés jusqu'aux marches de l'édifice, forçant les policiers à reculer. L'odeur des gaz lacrymogènes était perceptible à l'intérieur du parlement.

    Au milieu des détonations provoquées par les grenades lacrymogènes, des colonnes de fumée noire provoquées par les cocktails Molotov se sont élevées sur la place. Après plusieurs heures de confrontation, la police a fini par vider la place mais des heurts se sont poursuivis dans des rues adjacentes.

    Au moins sept personnes ont été hospitalisées et d'autres ont souffert de problèmes respiratoires, de brûlures légères ou de coups à la tête. Des affrontements ont aussi été signalés sur des avenues loin du principal rassemblement.

    Au moins trois agences bancaires et trois hôtels ont été endommagés tandis que l'Acropole disparaissait derrière un nuage de fumée provenant d'amas de détritus en feu. Un bâtiment occupé par une banque a été évacué après avoir été incendié par des cocktails Molotov.

    "La limite du supportable"

    La police a aussi fait état de violences en Crète, où plus de 20.000 personnes ont manifesté contre l'austérité, et dans les villes de Thessalonique, Volos, Lamia et Patras.

    Quelque 400 dockers se sont rassemblés à l'entrée du port du Pirée tandis qu'un millier de gardiens de prison se sont réunis devant le ministère de la Justice.

    Les contrôleurs aériens ont décidé d'assouplir leur mouvement et d'observer un débrayage de douze heures seulement (de minuit à midi) pour ne pas pénaliser les voyageurs. Un porte-parole de l'aéroport d'Athènes a indiqué que 150 vols nationaux et internationaux avaient été annulés tandis que 16 vols ont été reportés.

    Cette grève survient avant un sommet de l'Union européenne dimanche consacré à la crise de la dette souveraine dans la zone euro et à la question du déblocage d'une nouvelle tranche d'aide pour permettre à la Grèce de faire face à ses échéances financières au-delà du mois de novembre.

    George Papandreou dispose d'une courte majorité de quatre sièges au Parlement mais il a réussi à maintenir la discipline au sein du groupe parlementaire du Pasok, dont les 154 députés ont voté en faveur de son projet.

    Le malaise est pourtant perceptible chez les députés socialistes, dont un a démissionné lundi en signe de protestation contre l'austérité.

    "Il est évident que la société a atteint la limite du supportable", a déclaré une députée Pasok, Elpida Tsouri.

    Le ministre de la Réforme administrative, Dimitris Reppas, a pour sa part évoqué le sentiment d'isolement qui règne au sein du parti au pouvoir, se comparant à un homme "jeté aux lions". "Au gouvernement, on se sent comme des gens dans le Colisée, face au monstre de la dette, sous l'oeil de la foule dans les tribunes", a-t-il dit.

    La Grèce qui connaît une troisième année de récession accuse une dette publique qui s'élève à 162% de son produit intérieur brut (PIB).

     

     

    Une nouvelle génération de sans-abri victime de la crise en Grèce

     

    La crise économique frappe durement les Grecs, au point de les jeter dans la rue. Nos envoyés spéciaux, Matthieu Mabin, Alexandra Renard et Clovis Casali, sont allés à la rencontre de ceux qui ont tout perdu.

    Par Alexandra RENARD / Clovis CASALI / Matthieu MABIN , envoyés spéciaux en Grèce (vidéo)
    FRANCE 24 (texte)
     

    Nombreux sont ceux que la crise économique a durement frappé, au point de se retrouver non seulement sans emploi, mais aussi sans abri. Pour la première fois, la classe moyenne ne parvient plus à joindre les deux bouts et de plus en plus de Grecs se retrouve au chômage, à dormir dans leurs voitures ou même dans la rue.

    Certains d’entre eux ont la chance d’être accueillis dans des centres d’aide comme celui de Klimaka. On y propose gratuitement toutes sortes de services en échange d’acte de solidarité. En y entrant, on pourrait pensait qu’il s’agit d’une auberge de jeunesse, mais il n’en est rien, il s’agit de l’un des rares centres pour sans-abri en Grèce. Entièrement financé par des dons, notamment des églises, le centre est plus que jamais sollicité. Des personnes qui ont toujours eu un emploi se retrouve aujourd’hui à y chercher refuge, nourriture et soins.

    "Nous recevons des personnes en bonne santé, qui par le passé avait un emploi et qui dorment aujourd’hui dans la rue", témoigne Efi Stamatoyiannopoulou, une infirmière du centre. Des familles entières se rendent au centre en quête de vivres et autres produits de première nécessité. En un mois, Klimaka a accueilli 20% de sans-abri de plus, issus pour la plupart de la classe moyenne.

    La dépression gagne du terrain

    Lambros, l’un des rares logé au centre était employé en bâtiment, au chômage depuis février. Il a dormi dans sa voiture pendant six mois avant de trouver refuge à Klimaka. "Je ne peux pas me plaindre, reconnaît-il. Il s’occupe bien de moi." Dans le même temps, Lambros fait part de sa honte : “Je ne veux pas que ma famille sache où je me trouve maintenant".

    Les victimes de la crise y trouvent surtout une oreille attentive. Selon les infirmières du centre, le soutien psychologique est leur activité principale. En effet, beaucoup souffrent de dépression en raison des conséquences de la crise qui, en quelques mois, leur a tout fait perdre, emploi, logement… 54 % des Grecs disent se sentir souvent déprimés.

    Hautement qualifié, Georges pousse la porte du centre en quête d’aide. Il a travaillé durant 20 ans à la radio publique, il est aujourd’hui sous antidépresseurs. "À mon âge, c’est difficile de retrouver un emploi où que ce soit", déplore-t-il.


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