Le match aura-t-il lieu ? A l'issue du vote sur les motions qui s'est déroulé jeudi soir au PS, la question se posait. Les statuts socialistes précisent que seuls les premiers signataires des deux motions arrivées en tête peuvent concourir à la direction du parti, à l'occasion d'un second vote prévu le 18 octobre. Mais Emmanuel Maurel, qui a réuni 13,31% des voix des militants, laissait planer le doute sur sa volonté d'affronter Harlem Désir, crédité de 68,35% des suffrages. Le tenant de l'aile gauche du parti répond au "Nouvel Observateur".
Qu'avez-vous décidé ?
- J'ai décidé d'être candidat devant les militants le 18 octobre. C'est pour moi l'occasion de reconnaître ce qui s'est passé lors du vote du 11 octobre. Il y a eu un moment démocratique assez inattendu. La diversité du parti s'est exprimée. On a bien vu pendant quelques semaines que certains voulaient faire de ce congrès un non-évènement. On nous annonçait un congrès joué d'avance. Et ce qui est formidable, c'est que les militants se sont prononcés en liberté et ont pris ce congrès au sérieux. On veut continuer.
Qui voulait en faire "un non-évènement" ?
- Une partie des dirigeants qui ont porté la motion 1 [emmenée par Harlem Désir] étaient déjà passés à autre chose. Ils ont souhaité un congrès expédié et précipité. Ils avaient même commencé à nommer les numéros un, deux, trois, quatre du parti. On se rend compte aujourd'hui que les militants ont considéré que c'était une façon de prendre le congrès à l'envers et, nous, on veut prendre le congrès à l'endroit.
Qu'est-ce qui vous différencie de la motion arrivée en tête ?
- Nous portons l'exigence d'un parti qui soutient sans faille le gouvernement mais qui est en même temps autonome. Nous voulons réaffirmer le rôle irremplaçable des militants quand les socialistes sont au pouvoir. Il faut faire un parti fort, un parti fier, un parti acteur du changement et non pas un parti simplement commentateur. Sur le fond, nous souhaitons une réorientation européenne comme nous dénonçons la sacralisation de ce chiffre de 3% de déficit public pour l'année prochaine, qui ne semble ni tenable ni pertinent.
Espérez-vous capitaliser sur les voix des trois autres motions ?
- Je constate que près d'un tiers des militants n'ont pas apporté leur suffrage à une motion qu'on annonçait ultra-majoritaire. La première satisfaction que j'en tire, c'est que nous sommes parvenus à réveiller le congrès. On a mis les débats sur la table et non pas sous le tapis. Et sur toutes une série de questions : la réorientation européenne, la marche forcée à la réduction des déficits, la révolution fiscale, l'urgence écologique... Ce qui est intéressant dans les trois autres motions, c'est que nous avons un certain nombre de préoccupations communes. C'est l'occasion pour moi, lors de cette courte semaine de campagne, de les remettre à l'ordre du jour.
Avez-vous discuté avec les représentants de ces trois autres motions ?
- Ce que j'espère, c'est le soutien des militants. Ils ont voté en liberté le 11 octobre, qu'ils continuent à le faire, qu'ils amplifient cette dynamique le 18 octobre.
Où se trouve aujourd'hui l'aile gauche du PS ? Autour de Hamon, autour de Montebourg, tous deux dans la motion 1, ou autour du trio Maurel-Guedj-Lienemann ?
- Ce qui m'intéresse, ce n'est pas d'être l'aile gauche du parti, mais d'ancrer le parti à gauche. De ce point de vue là, on a réussi une étape. Le très bon score de la motion 4 [portée par Stéphane Hessel] est aussi porteur d'une exigence de changement à gauche. Benoît Hamon et Arnaud Montebourg sont des camarades ministres qui font leur travail et qui essayent de contribuer au changement à leur manière et je leur en sais gré.
Quel score espérez-vous réaliser ?
- A partir du moment où l'on voit clairement que c'est un congrès qui n'est pas verrouillé, où les militants s'expriment en conscience, la question n'est pas de faire un score. Je suis clairement candidat pour être premier secrétaire du Parti socialiste.