• Maxime Le Forestier : "Béart était un ingénieur"

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    Maxime Le Forestier : "Béart était un ingénieur"

    Sophie Delassein <time>Publié le 16-09-2015 à 17h10   lien </time>

    Guy Béart vient de mourir à l'âge de 85 ans. Maxime Le Forestier se souvient de ses concerts, de son style de jeu, des discussions de collègues guitaristes.

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    Guy Béart, le 19 février 2015 (SADAKA EDMOND/SIPA)
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    Guy Béart vous téléphonait parfois…

    - La dernière fois que j'ai eu Guy au téléphone, c'était il y a quelques années, il avait plein de chansons qu'il voulait maquetter. Il cherchait des guitaristes, je lui ai recommandé Michel Haumont et Manu Galvin. Manu n'avait pas le temps, mais Michel a fait les maquettes et il s'est beaucoup attaché à faire des versions identifiables des dernières chansons de Guy Béart. Sinon, quand il m'appelait, nous avions des discussions de collègues guitaristes.

    Avez-vous eu l'occasion de le voir sur scène ?

    - Je l'ai vu à plusieurs reprises. La dernière fois c'était dans le Marais, au théâtre Silvia Monfort, c'est dire si ça ne date pas d'hier. Il avait chanté pendant deux heures et fait deux heures de rappels.

    Qu'appréciez-vous dans ses chansons ?

    - Il y a quelques incontournables, des chansons qui vous sauvent un homme. "L'eau vive", "Temporel", "L'ode à la lune", "Il n'y a plus d'après". Au moins une bonne quinzaine, comme chez Trenet. J'avais observé l'œuvre de Béart comme étant très symétrique. On sentait l'ingénieur en somme : très logique tout en cherchant l'absurde dans la logique, évidement [Guy Béart était diplômé de l'École nationale des ponts et chaussées, NDLR].

    On a le sentiment que ses chansons sonnaient comme des classiques ?

    - J'ai longtemps cru que "L'eau vive" était une chanson du folklore.

    Est-ce que Guy Béart, ce n'est pas toute une époque, une autre époque, celle des cabarets de la Rive-Gauche, de Jacques Canetti, etc ?

    - C'est peut-être le dernier représentant de cette époque, celles des auteurs-compositeurs-interprètes à la guitare, qui ont commencé à travailler après-guerre et qui ont eu des destins divers. Lui, il a eu son passage par la télévision qui a été marquant, comparé aux autres grands auteurs-compositeurs du XXe siècle, Brassens, Brel ou Ferré. Ce passage par la télé est particulier, son émission annonçait "Le Grand Echiquier". C'était le même principe : on passe la soirée à bavarder et à chanter des chansons.

    Emmanuelle Béart dit de son père : "c'est un chanteur refusant toute mise en scène, arrangements, éclairages sophistiqués". C'est l'école du cabaret ?

    - Certainement, mais les artistes de cabaret optaient pour cette formule faute de moyens. Chez Guy Béart, je pense que c'était plutôt une volonté d'être totalement seul, maître de son histoire de bout en bout : il voulait être tout à la fois, auteur, compositeur, interprète accompagnateur, éditeur, producteur, maison de disques. D'ailleurs il y est parvenu.

    Il disait toujours que son rêve absolu était que ses chansons lui survivent et que l'on oublie le nom de l'auteur. C'est une idée que vous avez, vous aussi, développée dans une de vos dernières chansons, "Le p'tit air".

    - C'est ce qu'on peut rêver de mieux quand on fait des chansons, c'est une manière un peu légère de survivre.

    Vous vous souvenez de ce débat qu'il avait eu avec Gainsbourg sur le plateau de Bernard Pivot. Guy Béart disait que la chanson "n'avait rien de mineure" et Gainsbourg répondait "Ta gueule ! Une chanson n'a pas besoin d'initiation". De quel côté étiez-vous ?

    - J'y étais et j'observais cela comme si j'assistais à un spectacle, sans participer à cette mascarade. J'ai tout de suite perçu que l'un et l'autre se donnaient en spectacle. Gainsbourg avec un peu plus de recul toutefois. Il me semblait que Gainsbourg était arrivé à jeun et que Béart avait bu quelques verres de whisky avant l'émission. Gainsbourg faisait gaffe de ne pas boire avant les émissions de télé. Les rôles étaient inversés.

    Quelle image garderez-vous de Guy Béart ?

    - Quand on est auteur-compositeur-inteprète et guitariste, pour s'accompagner en chantant, on a plusieurs solutions. Soit on est assis, soit on est debout avec la guitare en bandoulière, soit on pose la guitare sur une de ses cuisses, ce qui nécessite un tabouret. Lui était partisan de cette dernière solution. Mais le problème du tabouret, c'est qu'il est soit à droite, soit à gauche du micro, ce qui fait qu'à la fin du tour de chant, vous avez soit le mollet droit, soit le mollet gauche qui double de volume - ce qui était le problème de Brassens. Guy Béart avait inventé un tabouret large de manière à faire passer le pied du micro au milieu, ce qui lui permettait d'être tantôt sur la jambe gauche, tantôt sur la jambe droite. Malin ! Béart était un ingénieur. 

    Un mot sur son jeu de guitare ?

    - Il utilisait sa main droite pour faire une rythmique aussi, pour taper, si bien qu'on avait toujours l'impression qu'il jouait perpendiculairement à la caisse, mais c'est aussi une volonté d'être seul, de se suffire à lui-même. Il jouait aussi de la douze cordes pour avoir davantage de son et des aigus. Les musiciens qui l'ont accompagné lors de son concert d'adieu à l'Olympia l'an dernier, m'ont raconté que leur présence le gênait. Il était solitaire et autonome.

    Et ses compositions, elles servaient uniquement le texte, selon vous ?

    - En dehors de quelques mélodies comme "Temporel" qui se suffisent à elles-mêmes, elles servaient en effet le texte. C'était tout à fait dans la tradition de l'époque, des chansons récitatives. Brassens en a quelques-unes aussi.

    Propos recueillis par Sophie Delassein

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    Sur le web : Le chanteur Guy Béart est mort brutalement à 85 ans
     

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