De nombreux indices concordent pour dire que le débris d’avion découvert sur une plage de l’île de La Réunion provient du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, disparu le 8 mars 2014 au-dessus de l’océan Indien avec 239 personnes à bord. Mais il n’y a encore aucune certitude, les autorités, qu’elles soient françaises ou malaisiennes, attendant l’expertise qui doit débuter en France le 5 août.
Lire notre enquête publiée en mars : Un an après, l’improbable disparition du MH370
- Quel est l’objet qui a été retrouvé à La Réunion ?
Un débris d’avion long de deux mètres a été retrouvé le 29 juillet sur le rivage oriental de l’île. La pièce en question serait un fragment d’aile, plus précisément un « flaperon », ces volets disposés en bordure des ailes que les pilotes actionnent au décollage et à l’atterrissage.
Un numéro partiel sur la pièce a permis de confirmer qu’elle provenait bien d’un Boeing 777. Le vice-ministre malaisien des transports en a été informé vendredi matin par la Malaysia Airlines.
Dès jeudi, sur la base de photos reçues de la pièce, un expert français en sécurité aérienne, Xavier Tytelman, relevait sur son compte Twitter « des similitudes incroyables entre le flaperon d’un 777 et le débris retrouvé ».
Similitudes incroyables entre le flaperon d'un #B777 et le débris retrouvé ce matin à #LaReunion... #MH370 ?
Les responsables australiens des recherches engagées pour retrouver le MH370 se sont dits vendredi « de plus en plus convaincus » que le fragment d’aile d’avion découvert sur l’île de La Réunion provient du Boeing 777 disparu, sans pouvoir en être « certain à 100 % ».
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</figure>Le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), qui doit inspecter la pièce, a dit qu’« il n’y a aucune confirmation officielle à ce stade concernant la nature de la pièce ». Le préfet de La Réunion et le ministère de la justice français ont ajouté :
« A ce stade, la provenance du débris n’est pas identifiée. Aucune hypothèse ne peut être exclue, y compris la provenance d’un Boeing 777. »
- La présence de ce débris à La Réunion est-elle cohérente avec l’hypothèse MH370 ?
Jeudi, le premier ministre malaisien, Najib Razak, a affirmé que le lieu de découverte du flaperon était « cohérent avec l’analyse de la dérive fournie à l’équipe d’enquête malaisienne ».
La région a connu des crashs aériens, mais aucun impliquant un Boeing 777. Quatre accidents graves de ce type d’appareil ont été recensés en vingt ans et a priori un seul, celui du MH370, s’est produit au sud de l’équateur. Ce qui laisse penser que, s’il s’agit effectivement d’une pièce de Boeing 777, elle ne pourrait provenir que du vol de la Malaysia Airlines.
Le type de pièce qui a été retrouvé à La Réunion porte en général des marquages ou numéros d’identification. La presse locale affirme que le numéro de série serait « 657-BB ». Ce qui prouverait, selon le site AirLive.net, qui se fie au manuel de maintenance du 777, que le flaperon appartient à un avion de Boeing.
<article class="MediaCard MediaCard--mediaForward customisable-border" data-scribe="component:card" dir="ltr"> </article>BREAKING 657-BB code found on wreckage is Boeing 777 flaperon according to manual /@Paris7Life http://ift.tt/1MxCODd
Le fait que « l’on retrouve des débris à La Réunion ne signifie pas que le MH370 ait été si loin » , souligne Xavier Tytelman. En s’abîmant au large de l’Australie, ses débris ont simplement pu être balayés par le courant, et s’échouer à cet endroit au bout d’un an.
Le courant équatorial sud est en effet très puissant. Le Daily Mail Australia a fait une carte illustrant les résultats des recherches de scientifiques enquêtant sur cette disparition. Selon leurs calculs, qui prennent en compte la force du courant, les débris de l’appareil pouvaient aboutir à l’île de La Réunion entre dix-huit et vingt-quatre mois après l’incident.
<article class="MediaCard MediaCard--mediaForward customisable-border" data-scribe="component:card" dir="ltr"> </article>Photo du numéro de série de la pièce Boeing 657-BB #MH370 (via @Clicanoore ) #ReunionIsland #LaReunion
- Pourquoi l’expertise a-t-elle lieu en France ?
Selon une convention internationale, la Malaisie est le pays responsable des opérations de recherche et de l’enquête. Mais elle a confié à l’Australie la direction des opérations de recherche, étant donné qu’elles se déroulaient jusqu’ici au large de ses côtes. Une enquête internationale est conduite depuis plus d’un an par des experts malaisiens et australiens. Parallèlement, la Malaisie et l’Australie ont réclamé avec insistance le rapatriement de la pièce.
La France a catégoriquement refusé, pour plusieurs raisons : quatre Français étaient à bord du vol MH370 ; le parquet de Paris a lui aussi ouvert une enquête préliminaire le 11 mars 2014, puis une information judiciaire, le 7 mai 2014. Enfin, le flaperon a été retrouvé sur le territoire français.
Le débris va arriver le 1er août au centre de la Direction générale de l’armement-techniques aéronautiques (DGA-TA), a annoncé, le parquet de Paris. L’expertise judiciaire débutera le 5 août. Des morceaux d’une valise, découverts à proximité du débris d’avion, vont aussi faire l’objet d’une expertise à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN).
Une réunion se tiendra lundi à Paris entre un des trois magistrats français en charge de l’enquête, un représentant des autorités judiciaires malaisiennes, un autre du Bureau d’enquêtes et d’analyses, les gendarmes français et des experts malaisiens.