Eu Navfor Med. Derrière ce nom se cache une opération militaire européenne qui a pour but la lutte contre les passeurs en mer Méditerranée. Le lancement de celle-ci a été décidé lundi au cours de la réunion mensuelle de tous les chefs de la diplomatie de l'Union européenne.
A ce stade, cinq navires de guerre, deux sous-marins, trois avions patrouilleurs, deux drones et trois hélicoptères participent à l'opération. A ces moyens matériels s'ajoutent un milliers d'hommes placés sous le commandement de l'amiral italien Enrico Credendino. Le personnel embarqué sera formé sur les questions du droit des réfugiés, mais aussi aux procédures de sauvetage de barques chargées de migrants en perdition.
Cette opération comprend trois phases différentes :
Première phase : Lancé lundi, elle consiste principalement à récolter des informations. Cette étape est très importante pour Jean-Yves Le Drian, le ministre de la défense. "Le renseignement, c'est l'arme principale" a expliqué ce dernier sur l'antenne d'Europe 1 dimanche. Si la participation matérielle de la France est pour l'instant inconnue, on sait que les premiers déploiements militaires se feront d'ici une semaine.
Deuxième phase : Il s'agit "d'intercepter en haute mer les bateaux permettant aux passeurs de s'enrichir" a détaillé le ministre. Les embarcations utilisées par les migrants pourront être arraisonnées et sabordées. "Il faut d'abord sauver les personnes qui sont à bord des bateaux et, s'il le faut, les ramener au port de départ", a expliqué le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Harlem Désir au Parisien. Les navires devront ensuite être "neutralisés, par exemple en détruisant les moteurs" a-t-il poursuivi.
Troisième phase : Cette dernière étape prévoit l'usage de la force à l'encontre des passeurs dans les eaux et sur les côtes libyennes. "Pour ça, il faut une condition : soit l'autorisation de l'ONU [...] soit l'autorisation du gouvernement libyen et on connait aujourd'hui la situation" sur place a expliqué Jean-Yves Le Drian. En effet, ce pays morcelé est dirigé par deux gouvernements rivaux. A cela s'ajoute l'inexorable progression de l'organisation Etat islamique. Si pour l'instant les djihadistes "ont 200 km de côtes" sur 1700 km a rappelé le ministre, il est peu probable que la situation reste en l'Etat.
"C'est un environnement complexe, c'est la raison pour laquelle ceci est une opération militaire", a expliqué de son côté un haut responsable. Des navires marchands longeant la côte libyenne ont à deux reprises été attaqués par des avions de combat et des tirs depuis le rivage, a-t-il ajouté.