L es recherches internet du couple arrêté pour terrorisme en disent long. Chez les voisins, on hésite entre stupéfaction et soupçon.
"Comment se faire exploser avec son enfant ? Possibilité d'activer un téléphone portable protégé par une feuille d'aluminium ? Comment fabriquer des explosifs à domicile ?" Voici quelques-unes des recherches sur internet mises au jour par les policiers de la sous-direction antiterroriste dans les ordinateurs du couple arrêté lundi à 19 h à Montpellier. Caroline, une Française de 23 ans convertie à l'islam et radicalisée depuis 2013, et son compagnon Abbas, un Franco-Tchadien de 35 ans, sont toujours en garde à vue à Paris, et pourraient être présentés aujourd'hui à un juge en vue d'une mise en examen.
"La saisie du faux ventre indique qu'on était dans une phase déjà bien avancée"
Combinées à la découverte en perquisition d'un faux ventre en matière plastique, évidé pour y créer une cavité, et recouvert de papier aluminium, ces questions obsèdent depuis les services antiterroristes parisiens qui ont pris l'affaire en main. D'autant que les attentats parisiens ont été commis avec du TATP, un explosif artisanal dévastateur. L'aluminium peut effectivement empêcher des portiques de sécurité de détecter un appareillage métallique, comme un détonateur ou un téléphone portable, parfois utilisé comme dispositif de mise à feu à distance. "Cela peut laisser penser qu'elle voulait s'en prendre à un lieu sensible et sécurisé par un portique", note une source policière. "Comme un commissariat, un palais de justice, un aéroport ou un avion." Aucun projet plus précis n'a toutefois été pour l'instant mis en évidence par l'enquête. "Mais la saisie du faux ventre indique qu'on était dans une phase déjà bien avancée, par rapport à d'autres projets d'attentats déjoués récemment."
Stupéfaction et soupçon
Autre volet très étonnant : l'argent. La jeune femme disposait d'un héritage important depuis le décès de son père. Elle avait déjà fait des dons de "30 000€, 40 000 et 60 000€" à certaines de ses connaissances. Mais les policiers enquêtent aussi sur d'importants achats d'or effectués par son compagnon, avec lequel elle était mariée religieusement. "Il y a des transactions très étranges, avec des achats et des reventes à perte." Quel était le but de ces dépenses ? S'agissait-il ainsi de financer des actions sans laisser de traces bancaires ?
À la résidence Fontaine de Cotte, dans le quartier populaire de Celleneuve, les voisins du couple, qui vivait dans un appartement au premier étage avec leur enfant de 18 mois sont partagés entre stupéfaction et soupçon. "Elle ne sortait jamais qu'avec son voile, il ne laissait que le visage dégagé. Son mari était très gentil, il disait toujours bonjour et m'aidait à rentrer ma poussette. Il est très grand, mince. De savoir que c'était dans mon immeuble, ce n'est pas du tout tranquillisant. Déjà, on voulait déménager. Là je pense que ça va être l'élément déclencheur", raconte une jeune mère de famille.
Sous surveillance
"Ils étaient très aimables avec nous. Elle est jolie, avec des grands yeux. Lui, on le voyait tout le temps aller à la mosquée", raconte un de leurs voisins. "Il était souvent avec un autre habitant, qui reçoit beaucoup de monde en tenue traditionnelle, ils font des réunions dans un parc à côté."
"Elle m'avait proposé de lire le Coran, je lui avait répondu que je ne lis même pas la Bible ou les Évangiles", ajoute Mireille, une retraitée qui vit au même étage. "Elle ne travaillait pas, elle restait à la maison. Au moment des attentats de Charlie Hebdo, Caroline était allée chez une autre voisine, et elle lui avait dit : "Oh, ça, c'est un complot". La voisine a eu une conversation avec elle, et a enregistré toute la conversation. Quand Caroline est partie, cette femme a eu peur et a appelé la police, qui a écouté la conversation et l'a un peu rassurée en lui disant : "Elle est sous surveillance".
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