« Qu’est ce qu’un créateur ? C’est un homme qui repense en fonction du futur l’ensemble du système d’habillement de son époque », a écrit l’historien de la mode Bruno du Roselle, au sujet du travail visionnaire d’André Courrèges.
Animé par une sensibilité furieusement moderne et une esthétique futuriste, l’inventeur de la minijupe « couture » est mort, jeudi 7 janvier, à l’âge de 92 ans à son domicile de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Après s’être battu pendant « plus de trente ans contre la maladie de Parkinson », a annoncé vendredi la maison Courrèges, l’ancien ingénieur des Ponts et chaussées, pilote d’avion et sculpteur, laisse derrière lui une petite révolution stylistique et sociale.
Natif de Pau, élève pendant dix ans de Cristobal Balenciaga, André Courrèges s’affaire, dès le lancement de sa marque en 1961, à tisser des liens étroits entre avancées technologiques et réalité quotidienne : sa collection de 1964 The Moon Girl (cinq ans avant qu’un homme mette le pied sur la lune, il y envoie déjà des femmes) crée l’événement avec ses silhouettes blanches et ses volumes trapèzes au-dessus du genou.
S’en suivent des expérimentations avec des matériaux novateurs comme le PVC ou le Rhodoïd, et des teintes explosives comme le rouge et l’orangé vifs. Les jeunes femmes font honneur à son inventivité : il compte rapidement parmi ses fans des figures telles que Françoise Hardy, Twiggy, Mireille Darc, Catherine Deneuve – et devient à la fois icône et accompagnateur de la révolution féminine. Car il prend – contre l’avis de nombreux de ses contemporains – le parti de libérer les femmes de leurs entraves : corsets, soutiens-gorge, talons hauts… en créant des vêtements faciles à porter, comme des combi-shorts ou des pantacourts.
Ses vêtements aux lignes épurées, parfois qualifiées d’architecturales, ont inspiré plusieurs stylistes, comme Thierry Mugler ou Jil Sander.
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Créateur de « la petite robe blanche »
- Pour ce qui est de la mini-jupe, les spécialistes en accordent la paternité à l’Anglaise Mary Quant. Mais c’est André Courrèges qui lui donne ses lettres de noblesse en l’imposant dans la haute couture parisienne.
- Le couturier sera aussi l’auteur des fameux collants « seconde peau », faits d’une seule pièce, allant des pieds aux bras, à glisser sous des robes chasubles ou à porter avec des blousons en vinyle, matière qu’il introduit dans la garde-robe.
- Sans oublier la « petite robe blanche » qui deviendra sa marque de fabrique. Le blanc, omniprésent dans ses collections, se mélange avec les rayures et damiers, qui donnent une allure moderne et ludique à la silhouette.
Adulé par les hautes sphères de la mode comme par la rue, le créateur se voit rapidement copié, et se referme de plus en plus sur lui-même. C’est sa femme, Coqueline Courrèges, qui prend la relève quand, souffrant, il se retire en 1994. Réduite à sa plus simple activité au début des années 2000, la marque est finalement reprise en 2011 par les hommes d’affaires Jacques Bungert et Frédéric Torloting.
Le réveil de la belle endormie se produit en 2015 avec l’arrivée du duo de créateurs Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant. Leur première collection, présentée lors de la fashion week de Paris en octobre dernier, reçoit des critiques positives de la presse et annonce un nouveau chapitre pour la maison.
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