Pas de surprise: après les questions au gouvernement, c'est l'heure des Chiffres et des lettres. Sur France 3, comme à l'Assemblée nationale.
Les chiffres, d'abord. Ce fut ceux de Jean-François Copé, lancés en rafale au milieu d'un discours de 35 minutes. Sur la fiscalité, sur le chômage, sur le pouvoir d'achat, sur le déficit, sur la politique familiale, le président de l'UMP n'a cessé de les empiler, comme s'il fallait légitimer un discours entendu en boucle ces dernières semaines.
Maintenant qu'il n'est plus candidat et en attendant qu'il le soit à nouveau, Jean-François Copé a tenu à livrer un discours de politique générale pour illustrer deux de ses concepts: "le big-bang économique et social" et le "front des producteurs". Les "je" ont donc répondu aux mots "France", "Nation" et "ferveur patriotique".
Il ne fut pourtant jamais aussi à l'aise que dans la "petite" politique, comme lorsqu'il a énuméré les récents couacs ou faux pas des ministres: Peillon et le cannabis, Lurel et Chavez, Cahuzac et l'enquête pour blanchiment de fraude fiscale, Arif et l'annonce de la libération des otages au Cameroun.
Puis, il y eut deux tours de lettres avec Jean-Marc Ayrault. 14 lettres qui font deux mots: "j'assume" et "rigueur". Ils ont rythmé la réponse du Premier ministre . Sa rigueur, "c'est la justice", "c'est la réforme", "c'est l'esprit de responsabilité", a-t-il énuméré. C'est également la rigueur de "comportement", a ajouté le Premier ministre, saluant au passage la "dignité et la responsabilité" de Jérôme Cahuzac.
"Ayrault a brisé un tabou"
A la sortie, les quelques députés socialistes présents étaient plutôt satisfaits d'avoir entendu ces deux mots dans la bouche du chef de la majorité. "C'est un moment fondateur. Il a cassé un tabou", s'enthousiasmait Eduardo Rihan-Cypel, député de Seine-et-Marne. "C'est un départ pour Jean-Marc Ayrault. Il manquait une mise en perspective, la voilà", renchérissait Thierry Mandon, député de l'Essonne. "La rigueur, c'est une réalité, autant l'assumer. Bien sûr que je préférerais avoir de l'argent à dépenser, mais ce n'est pas le cas", ajoutait enfin Olivier Dussopt, député de l'Ardèche.
Dans l'hémicycle, l'ambiance était plus somnolente, à l'exception de quelques cris venus de la droite, destinés à déstabiliser le Premier ministre. Un député de l'UMP a même soufflé, à très haute voix, un "c'est long", suivi dix minutes plus tard d'un "c'est très long". On a connu le public de l'émission Des Chiffres et des lettres plus sage.