Dur métier que celui de premier secrétaire du PS. Harlem Désir incarne le national, il est celui que les maires socialistes n'ont pas envie de voir. Il en est conscient, ne s'impose pas, mise sur les petites villes plutôt que sur les grands meetings. Profil bas !
Curieuse situation où le local bat froid au national, où les élus socialistes qui ont conquis leurs galons de gestionnaires et parfois même de visionnaires municipaux se tiennent à l'écart du président de la République et du gouvernement, qui eux ne parviennent pas à faire leurs preuves.
C'est la victoire du bas sur le haut, de la province sur Paris, des villes sur l'Etat, qui se meurt de ses déficits accumulés. La réalité a beau être crue, chacun s'en accommode : François Hollande a besoin de la résistance des élus socialistes pour sauver son quinquennat. Alors il les laisse se débrouiller.
Quelle est donc la recette de ce socialisme municipal qui, au fil des scrutins, a parachevé son emprise avec en 2001 deux grandes victoires, Paris et Lyon, puis en 2008 la conquête de 44 villes de plus de 20 000 habitants ? Du pragmatisme, de l'ouverture et de l'innovation sur fond de solidarité.
La crise a beau menacer le modèle, les restes sont suffisamment beaux pour que nombre d'élus socialistes puissent espérer sauvent leur peau lors des scrutins des 23 et 30 mars, pourvu que le national ne s'en mêle pas.
A Paris, Lille, Toulouse, Rouen, Lyon, Nantes, Rennes, Grenoble, Montpellier, Brest, les choses se présentent plutôt bien pour les sortants. La gauche ne semble pas près de perdre son hégémonie sur les très grandes villes.
La situation est nettement plus incertaine dans les villes moyennes, qui sont politiquement plus instables et moins bien protégées de la crise. Pour contrebalancer de possibles pertes dans des municipalités comme Angers, Auxerre ou Belfort, Harlem Désir a besoin d'afficher des conquêtes.
Le premier secrétaire du PS en a toute une liste dans sa poche. Parmi les possibles prises, il cite Avignon, Aix-en-Provence, Mulhouse et même Marseille mais à chaque fois il faudra la présence au second tour du Front national pour que le PS puisse espérer l'emporter sur la droite.
On entendra alors les mêmes accusations que celles qui s'étaient élevées au milieu des années 1980 lorsque la droite accusait François Mitterrand de jouer avec le Front national. Le climat politique n'a aucune raison de s'apaiser.