• Neve Shalom-Wahat al-Salam : "oasis de paix" dans un désert de violence

    <header>

    Neve Shalom-Wahat al-Salam : "oasis de paix" dans un désert de violence

    Le Point.fr - Publié le <time datetime="2014-07-19T09:29" itemprop="datePublished" pubdate="">19/07/2014 à 09:29      </time>lien 

    En Israël, un village réunit depuis des décennies des familles juives et palestiniennes qui vivent en harmonie, bien loin des tensions que connaît la région

    <figure itemprop="associatedMedia" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject">

    Des habitations du village et le Doumia-Sakinah, bâtis sur une colline en bordure de la vallée d'Ayalon.

    <figcaption>Des habitations du village et le Doumia-Sakinah, bâtis sur une colline en bordure de la vallée d'Ayalon. © wasns.org</figcaption></figure>
     
     
    </header>

    En Israël, le village de Neve Shalom-Wahat al-Salam (NSWAS) est unique en son genre. Situé entre Jérusalem et Tel-Aviv, non loin de la frontière cisjordanienne, il constitue une enclave pacifiste dans une région marquée par l'éternel conflit israélo-palestinien. En effet, ce village coopératif, dont le nom signifie en hébreu et en arabe "oasis de paix", regroupe depuis 1977 à la fois des familles juives et des familles arabes palestiniennes (musulmanes ou catholiques). Fondé en 1970 par le frère dominicain Bruno Hussar, juif d'origine et de nationalité israélienne, il offre depuis l'exemple d'une cohabitation équilibrée et sans accrocs entre deux peuples prétendument irréconciliables. 

    Cet exploit, récompensé en 1993 par le prix Niwano de la paix, doit nous rappeler que les échanges de roquettes entre Israël et Gaza sont tout sauf une fatalité. L'ancien membre des Pink Floyd Roger Waters ne s'y est d'ailleurs pas trompé en y délocalisant son concert du 22 juin 2006 initialement prévu à Tel-Aviv, attirant du même coup plus de 40 000 personnes ce soir-là ! Et l'auteur-compositeur de déclarer : "J'ai fait changer le lieu du concert, qui aura lieu à Neve Shalom-Wahat al-Salam en signe de solidarité avec les voix de la raison, palestiniennes ou israéliennes, qui cherchent une voie non violente pour une paix juste."

    Soixante familles oeuvrent pour la paix

    Une cinquantaine de foyers, soit plus de 200 personnes, composent ce village, et des travaux d'extension sont en cours pour accueillir 34 nouvelles familles. Deux voire trois autres extensions sont d'ores et déjà à l'étude. L'activité principale de NSWAS réside dans le travail éducatif pour la paix, l'égalité et la compréhension entre les deux peuples. De fait, plusieurs institutions sont tournées vers cet objectif. D'abord, une crèche, un jardin d'enfants et une école primaire, dotés d'un système éducatif laïque, bilingue et biculturel. Dans ce dernier établissement, les enfants juifs et palestiniens suivent pendant six ans une éducation commune. Ensuite, une "école pour la paix", par le biais de conférences et de séminaires, forme les jeunes ainsi que les adultes à la médiation de conflits ou à la connaissance approfondie de la culture de l'autre, par exemple. Ses enseignants interviennent en outre dans des universités israéliennes et comptent lancer prochainement un master de "résolution des conflits" avec l'université du Massachusetts de Boston. Enfin, le village accueille un centre spirituel pluraliste, le Doumia-Sakinah, où les résidents et les visiteurs des différentes confessions, juive, musulmane mais aussi chrétienne, viennent se rencontrer. Des activités y sont ainsi organisées : dialogue, étude ou encore méditation.

    Les habitants "veulent démontrer ainsi la possibilité de coexister en développant une communauté sociale, culturelle et politique, fondée sur l'acceptation mutuelle, le respect et la coopération dans la vie quotidienne - chaque personne demeurant fidèle à sa propre identité nationale, culturelle et religieuse". "La vie quotidienne de la communauté est organisée sur des bases démocratiques. Un secrétaire et un secrétariat sont élus chaque année et tous les membres participent aux assemblées régulières où les questions concernant la communauté sont discutées et décidées. NSWAS est indépendant de toute autorité extérieure et n'est affilié à aucun parti politique."

    L'objectif affiché du village n'est pas la fusion mais la cohabitation des deux peuples et des deux cultures. D'ailleurs, le village n'a connu qu'un seul cas de mariage entre une femme juive et un Palestinien, qui remonte au temps de sa création. Dès la première classe, les deux langues, hébraïque et arabe, sont enseignées. Les identités, loin d'être niées, sont plutôt affirmées et conciliées, leurs traditions, littérature et culture leur étant mutuellement enseignées. La connaissance et la compréhension des différences de l'autre sont au centre du projet éducatif. Le village promeut également la paix entre les deux peuples dans l'ensemble de la région.

    Contexte de tensions autour de Gaza

    La situation du village est singulière dans le contexte actuel. Le Proche-Orient connaît en effet une flambée de la violence entre Israël et Gaza. Les échanges de tirs de roquettes ont d'ores et déjà causé la mort d'un militaire et d'un civil israéliens et de 265 Palestiniens, parmi lesquels des femmes, des enfants et des personnes âgées. En France même, une manifestation pro-palestinienne a débouché sur des affrontements autour d'une synagogue entre les manifestants et la Ligue de défense juive. Face à cette recrudescence, le village réagit. Ainsi, le 12 juillet dernier, il a organisé un rassemblement dans la ville de Tira, au nord de Tel-Aviv, auquel ont participé plus de 400 citoyens israéliens juifs et arabes. 

    "Nous sommes de nouveau confrontés à la folie de la violence avec des vies humaines sacrifiées. Même avant l'enlèvement et la mort des quatre jeunes et avant le début de cette guerre, nous avons appelé plusieurs organisations militant pour la paix à réfléchir à la façon de faire entendre nos voix", explique Eyas Shbeta, secrétaire général du village, aux organisations de soutien. "Nous allons continuer à travailler ensemble, Juifs et Arabes, pour promouvoir la paix et l'égalité. Notre prochaine action sera axée sur les femmes qui, des deux côtés, ont perdu leurs proches dans ces combats." En outre, l'association des Amis français du NSWAS organise fréquemment des conférences, en milieu scolaire notamment, et édite deux fois par an une lettre d'information. Bientôt, toutes les associations d'amis européennes et américaines se réuniront au village pour faire le point du développement et des actions en cours.

    Le processus de paix en Israël continue d'être un défi pour le village et ses institutions, qui vivent en grande partie des dons et legs qui lui sont faits de la part des organismes et des particuliers. Si vous souhaitez, vous aussi, donner, sachez que le taux de déduction fiscale s'élève à 66 % des dons effectués, dans la limite de 20 % du revenu imposable.


    Tags Tags :
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :