Le bilan s'alourdit d'heure en heure. Alors que la police faisait état de 8 morts vendredi soir, puis de 28 morts samedi matin, les victimes de la série d'attentats et de fusillades qui a frappé Kano, la deuxième ville du Nigéria vendredi soir, seraient au moins au nombre de 162. Un correspondant de l'AFP a constaté qu'au moins 80 corps avaient été comptabilisés à la morgue du principal hôpital de Kano. La plupart d'entre eux portaient des blessures par balles. A l'extérieur du bâtiment, une centaine de personnes attendaient pour recueillir les dépouilles de leurs proches. Des représentants de la Croix rouge locale et de l'Agence nationale des situations d'urgence ont précisé qu'ils continuaient à collecter les corps afin de les amener à la morgue. Selon une source hospitalière, les attaques auraient fait au moins 162 morts. "Ce chiffre peut changer car on continue à nous apporter [des corps]", a-t-elle précisé.
Dès vendredi soir, la police a évoqué "des attaques coordonnées" contre huit sites. Une vingtaine de déflagrations ont retenti en l'espace de quelques minutes, a raconté le correspondant de l'AFP. Les bâtiments ciblés étaient des antennes de la police et des services de l'immigration de la ville. Un correspondant de la chaîne de télévision privée nigérianne Channels figure également parmi les victimes. Il aurait été tué par balle selon un témoin. Un "meurtre" selon le Comité de protection des journalistes, basé à New York, qui a appelé les autorités nigériannes à tout faire "pour que ses tueurs soient traduits en justice".
Des attaques signées Boko Haram
Un couvre-feu de 24 heures a été imposé par les autorités de l'Etat de Kano, dont la ville du même nom est la capitale, après les attaques. Alors qu'on ignorait encore leurs auteurs vendredi soir, le quotidien Daily Trust a rapporté qu'un porte-parole du groupe islamiste Boko Haram avait revendiqué les assauts. Le groupe aurait ainsi agi en représailles après le refus du gouvernement de libérer plusieurs de ses membres actuellement emprisonnés. En décembre dernier, ce même groupe avait reconnu être à l'origine d'attentats meurtriers contre les Chrétiens le jour de Noël. Le plus meurtrier avait fait 44 morts dans une église catholique près d'Abuja, la capitale.
Premier acteur international à réagir, Berlin a "condamné fermement" les attaques de vendredi. Le chef de la diplomatie allemande a appelé "tous les responsables politiques à défendre la liberté et la tolérance religieuse" et "à mettre un terme aux agissements du groupe extrémiste Boko Haram". Londres s'est dit "choqué et horrifié" par les événements de Kano. "Il n'y a pas de place dans le monde d'aujourd'hui pour des actes aussi barbares" a souligné le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague, ajoutant qu'il condamnait "dans les termes les plus forts ceux qui les ont perpétrés".