• Nord-Kivu : nouvelles sanctions de l?ONU contre le M23

    Dernière modification : 01/01/2013 lien

    Nord-Kivu : nouvelles sanctions de l’ONU contre le M23

    Nord-Kivu : nouvelles sanctions de l’ONU contre le M23
    Prisonniers du M23 par l'armée congolaise (11 déc. 2012)
    © AFP/Photo Junior D.Kannah

    Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, le 1er janvier, de nouvelles sanctions contre le M23, mouvement rebelle qui avait pris le contrôle de Goma dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, au mois de novembre.

    Par FRANCE 24 (texte)
     
     

    "Cohésion nationale"

    Joseph Kabila a annoncé pour "début 2013" un dialogue inter-congolais visant à renforcer la "cohésion nationale" face au Mouvement du 23-Mars (M23). Lors de ses vœux pour la nouvelle année, lundi soir, le président de la République démocratique du Congo a expliqué que "la guerre dans laquelle nous sommes entraînés doit être une occasion de nous unir davantage malgré la diversité de nos tribus, de nos croyances religieuses et de nos opinions politiques".

    Le principal parti d'opposition, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), qui avait rejeté le résultat des présidentielle et législatives du 28 novembre 2011, s'y est déjà opposé. "La cohésion nationale doit se faire autour des valeurs, pas autour d'une fraude (électorale). La cohésion nationale a été détruite par lui, donc il ne peut pas en même temps détruire et arranger", a expliqué à l'AFP Bruno Mavungu, secrétaire général de l'UDPS.

    Le M23 ((Mouvement du 23-Mars) et le FDLR (les Forces démocratiques de libération du Rwanda) sont désormais sur la liste noire de l’ONU. Le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé de sanctionner, ce mardi 1er janvier, deux mouvements de rébellion au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo : les Congolais du M23  et les Rwandais du FDLR .

    Cette décision implique un gel des avoirs et une interdiction de voyager. Ces sanctions s’appliquaient déjà à de hauts responsables du M23 et des FDLR, elles sont à présent élargies à l’ensemble de l’organisation de deux mouvements rebelles. Deux autres dirigeants du M23 sont désormais visés : Jean-Marie Runiga Lugerero, considéré comme le "chef civil du Mouvement", et Eric Badege, présenté comme "un commandant du M23 soupçonné d'exactions contre des femmes et des enfants", selon l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice.

    Discussions en cours

    Depuis le 20 novembre 2012, quand le M23 a pris possession de la ville de Goma, dans le Nord-Kivu, avant de se retirer 11 jours plus tard, des discussions sont en cours entre la rébellion et le gouvernement de Kinshasa. Elles ont débuté en décembre à Kampala, en Ouganda, et devraient reprendre après les fêtes, le 4 janvier.

    Les sanctions de l’ONU viennent peser dans ce contexte de négociations. "C'est une condamnation que nous attendions (...) et qui arrive à point nommé car ces groupes risquent de déstabiliser pour des décennies l'Afrique, et particulièrement la région des Grands Lacs. Je pense que c'est une très bonne décision", a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement de la RD Congo, Lambert Mende.

    Le prédicateur Jean-Marie Runiga, chef de l’aile politique du mouvement rebelle M23, considère au contraire ces sanctions comme "injustes" : "C'est une manipulation pure et simple du gouvernement de Kinshasa qui induit un organe comme les Nations unies en erreur", a-t-il déclaré mardi au téléphone à l’AFP, à Bunagana, une ville frontalière de l'Ouganda sous contrôle du M23.

    Accusations d'exactions et de viols

    Les sanctions font suite au rapport du Commissariat de l'ONU aux droits humains (OHCHR), publié le 21 décembre, qui fait état des "exécutions arbitraires, disparitions forcées, traitements dégradants et viols de civils (commis) par les combattants du M23 dans et autour de Goma" et de pressions internationales, notamment françaises.

    "On n'a jamais vérifié ces allégations", rétorque Jean-Marie Runiga, qui dit avoir demandé en vain une enquête auprès de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), médiatrice de la crise. "On parle d'exécution sommaire, de viol, de cas de disparus, de traitements dégradants, de pillages de bâtiments publics et privés, cependant aucune indication n'est apportée sur l'identification des victimes", renchérit Jean-Marie Runiga dans un communiqué.

    La décision de l’ONU intervient également dans un contexte où le Rwanda s’apprête à occuper un siège non-permanent au Conseil de sécurité, pour une durée de deux ans. Ce pays, frontalier du Nord-Kivu, territoire riche en ressources minières et agricoles, est également un théâtre d’influence pour le pouvoir de Kigali. Kinshasa accuse d’ailleurs son voisin de chercher à déstabiliser la zone en appuyant le M23, ce que le Rwanda réfute.

    Dans une allusion à peine voilée aux tensions inter-États dans cette région des Grands Lacs, qui implique également l’Ouganda, Susan Rice a évoqué l'éventualité de "mesures supplémentaires du Conseil contre ceux qui persistent à fournir un appui extérieur au M23 ou à contrevenir à l'embargo sur les armes" imposé à la République démocratique du Congo.

    "Nous pensons, quoi qu'on en dise à Kigali, que de telles mesures (les sanctions) ne resteront pas sans lendemain parce que, à l'instar de notre pays, tous ces pays voisins vivent beaucoup de l'aide internationale", a souligné le porte-parole du gouvernement congolais.

    "Si des pressions viennent des acteurs multilatéraux comme le Conseil de sécurité, cela ne peut que les pousser dans la bonne direction parce que cela va alourdir le prix de ces aventures militaires qu'ils entreprennent chez nous par rapport aux avantages qu'ils en tirent", a-t-il conclu.
     


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