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Nucléaire: François Hollande entretient le flou
Nucléaire: François Hollande entretient le flou
Par Fabrice Nodé-Langlois Mis à jour <time class="updated" datetime="16-03-2012T21:55:00+02:00;">le 16/03/2012 à 21:55</time> | publié <time datetime="16-03-2012T17:55:00+02:00;" pubdate="">le 16/03/2012 à 17:55</time> Réactions (60)
Lors du 36e congrès de France nature environnement, le 28 janvier dernier, à Montreuil, François Hollande avait annoncé son intention de baisser à 50% d'ici à 2025 la part du nucléaire dans la production d'électricité. Crédits photo : FRED DUFOUR/AFPLe candidat PS annonce vouloir fermer une seule centrale avant 2017.
«On ne sait toujours pas ce que François Hollande veut faire sur le nucléaire», a déclaré vendredi matin sur RTL l'ex-ministre de l'Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet, en réaction à la prestation du candidat socialiste, la veille sur France2. Et la porte-parole de Nicolas Sarkozy de pointer l'incohérence entre l'engagement du PS signé avec les Verts et la signature d'un accord «avec Jean-Pierre Chevènement dans lequel on explique que le nucléaire, c'est formidable».
Une première certitude sur «ce que veut François Hollande» en matière de nucléaire: fermer avant la fin du quinquennat les deux réacteurs de Fessenheim, les doyens du parc atomique d'EDF qui auront quarante ans en 2017 et 2018. Cette décision (engagement n°41 du candidat) est qualifiée d'«idéologique» par la majorité qui souligne que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a estimé Fessenheim bonne pour le service, moyennant des travaux d'amélioration de la sûreté qu'EDF est en train de chiffrer. Chez François Hollande, son conseiller pour l'énergie, le député François Brottes, rétorque en deux temps: d'une part, il a le plus grand respect pour l'ASN qui doit son statut d'indépendance en partie à des parlementaires socialistes (dont le député Jean-Yves Le Déaut); d'autre part, «ce n'est pas l'ASN qui fait la stratégie énergétique du pays» mais le gouvernement.
Une démarche «pragmatique»
Cette stratégie, François Hollande la formule dans ce même engagement n°41: «J'engagerai la réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% à 50% à l'horizon 2025.»
Si la seule centrale de Fessenheim (2,8% de la puissance installée du parc de 58 réacteurs nucléaires) est arrêtée pendant le quinquennat, combien de réacteurs faudra-t-il fermer, et à quel rythme, entre 2017 et 2025, sachant que François Hollande s'engage à mettre en service un 59e réacteur, en chantier, l'EPR de Flamanville? L'accord conclu en novembre entre le PS et les Verts (EELV) prévoyait «la fermeture progressive de 24 réacteurs» en commençant par «les plus vulnérables». Aujourd'hui, le candidat du PS se sent délié sur ce point, décrypte François Brottes qui se refuse à faire des «calculs d'épicier». Autrement dit, de donner le nombre de réacteurs condamnés.
Car fixer un objectif de 50% d'électricité d'origine nucléaire pose la question de la consommation électrique totale. 50% de combien? Si la croissance économique et l'essor de la voiture électrique et de l'informatique accroissent la consommation d'électricité, le nombre de réacteurs atomiques nécessaires pour fournir 50% des besoins ne sera pas le même que si la France parvient à stabiliser voire à réduire sa consommation.
C'est pourquoi «à l'issue du grand débat national sur la transition énergétique que nous voulons organiser, et qui durera près d'un an, explique le porte-parole de François Hollande, tous les ans, nous ferons le point sur la consommation et la production». Une démarche «pragmatique» pour ses partisans que ses adversaires ont beau jeu de qualifier de «floue».
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Tags : Présidentielle, Nucléaire, François Hollande
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