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Pari électrique de Vincent BOLLORE
Pari électrique
Groupe Bolloré. Une folie! Vincent Bolloré lache le mot à qui veut l’entendre à propos de son projet de voiture électrique. Huit ans qu’on en parle ! Mais, dimanche 2 octobre, le serpent de mer verra le jour avec les premiers tests grandeur nature d’Autolib’, le projet d’autopartage que lui a confié la mairie de Paris. L’homme d’affaire breton n’hésite pas à en faire des tonnes sur le thème «on va peut-être se planter, mais on y croit quand même».
Bolloré adore jouer ce rôle d’outsider, qui surgit là où on ne l’attend pas. Il faut dire que, depuis qu’il s’est lancé dans le véhicule électrique, il rencontre le plus grand scepticisme. A commencer par celui des constructeurs automobiles qui n’ont pas voulu de ses batteries.
En Breton qui se respecte, il a tenu bon, englouti 1,5 milliard d’investissement dans deux usines, monté une société commune avec le styliste italien Pinifarina. Bref, il donne l’impression de foncer tête baissée dans un nouveau métier, dont personne, aujourd’hui, ne peut prédire le succès ou l’échec.
Mais Bolloré est tout sauf fou. Il sait même très bien où il va: c’est son argent qu’il dépense; il n’y a pas meilleur guide. «Simplement, quand on possède 82% de son entreprise, cela autorise quelques libertés par rapport à une assemblée générale des actionnaires», ironise-t-il.
Alors Autolib’va-t-il marcher? Pas évident. La logistique, le vandalisme, la technologie, le potentiel de clientèle, tout tient de la gageure dans cette aventure. Mais il faut reconnaître à Bolloré un incontestable talent d’entrepreneur: en quelques années, l’homme d’affaire, qui s’est construit une réputation de raider, adepte des coups en Bourse, a su monter un business de A à Z à partir de pratiquement rien, si ce n’est son savoir-faire dans l’accumulation d’énergie. A la clef, il crée 1500 emplois à Paris et une activité industrielle en Bretagne. Pas si mal dans le contexte actuel.
Et si Autolib’ne prend pas? Ne nous y trompons pas. Ce projet n’est qu’un moyen, pas une finalité. Son intérêt: constituer une sorte de stress test en condition extrême d’utilisation pour prouver que ses batteries, dont personne n’a voulu, tiennent la route.
Le projet ne gagnera peut-être jamais d’argent, les 80000 utilisateurs qu’il vise ne seront peut-être jamais atteints. Qu’importe. Si Bolloré prouve que ses batteries sont les meilleures en termes de rechargement et d’autonomie, le Breton sera le roi du pétrole. En cas contraire, il sera toujours temps de trouver une autre folie. A condition que les autres activités maintiennent le groupe, presque bicentenaire, à flot. Comme c'est le cas jusqu'à présent.
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