• Patachou, la Lady de la chanson française, est morte

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    Patachou, la Lady de la chanson française, est morte

    Le Monde.fr | <time datetime="2015-05-01T15:30:58+02:00" itemprop="datePublished">01.05.2015 à 15h30</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-05-01T15:42:43+02:00" itemprop="dateModified">01.05.2015 à 15h42</time> | Par

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    Henriette Ragon, dite Patachou (au centre), entourée de Michel Legrand (à gauche) et de Philippe Bouvard sur la scène de Bobino à Paris en mars 1991. </figure>

    La Bague à Jules, Voyage de noces, Maman, papa : Patachou était chanteuse, une interprète rigoureuse à la voix sensuelle et vibrante, mais bien plus, partageuse, traqueuse de talents, aventureuse, femme de cabaret, étoile d’une France identifiée à sa vie nocturne autant qu’à son sens poétique. Henriette Ragon, dite Patachou, a quitté le monde des vivants, le 30 avril.

    Née le 10 juin 1918 à Paris, dans le quartier de Ménilmontant, fille d’un artisan céramiste, elle était âgée de 96 ans. Elle fut dactylo aux éditions musicales Raoul Breton (celles de Charles Trenet) avant guerre, puis ouvrière, pâtissière, marchande de légumes, avant d’ouvrir avec son mari antiquaire, Jean Billon, un restaurant dans une ancienne pâtisserie de la rue du Mont-Cenis à Montmartre, Le Patachou. Sa spécialité alors, c’est de couper les cravates des clients, avant de les accrocher au plafond. Les noctambules adorent, anonymes ou célèbres, tel Maurice Chevalier, un voisin qui aime sa gouaille et la pousse à chanter. Le Patachou devient cabaret, il rebaptise la patronne Lady Patachou, et on y reprend des chansons gaillardes et refrains à la mode, des ritournelles, Rue Lepic ou Un gamin de Paris.


    Patachou - Maman, papa - Chanson française par chansonfrancaisetv

    Passée par le Central de la chanson, Patachou, toujours Lady, se produit en vedette américaine d’Henry Salvador à l’ABC en 1951. Elle y triomphe en interprétant en comédienne Mon Homme, succès de Mistinguett en 1920. Puis, elle est en vedette à Bobino, où le patron du cabaret Les Trois Baudets, Jacques Canetti, par ailleurs directeur artistique chez Philipps, la repère et la programme chez lui dans un nouveau spectacle, Allegro. Elle publie son premier album, Montmartre, chez Columbia. Elle anime toujours Le Patachou, y programme des inconnus, comme le duo comique Les Pinsons formé par Raymond Devos et Pierre Verbecke.

    Une muse et interprète de caractère

    En 1952, en fin de nuit, elle auditionne un drôle de loustic, Georges Brassens. Il lui chante Le Gorille ou Putain de toi, des chansons qu’elle ne voudra jamais interpréter, contrairement à La Chasse aux papillons ou La Mauvaise Réputation qu’elle chante au Patachou avant de le laisser l’inconnu monter sur scène, accompagné par le contrebassiste du lieu, Pierre Nicolas. Georges Brassens ne reniera jamais la dette qu’il eut à l’égard de celle qui le tira du découragement et de la lassitude qui l’avaient alors happé. Elle présente Brassens à Ray Ventura, puis à Jacques Canetti qui le fait embaucher chez Polydor et l’engage pour une tournée estivale avec Patachou et Les Frères Jacques. Mais c’est aussi par elle que seront découverts Guy Béart – elle fut une excellente interprète en 1957 de Bal chez Temporel –, Jacques Brel, Jean-Claude Darnal, Maurice Fanon, Hugues Aufray, Frida Boccara, Nicole Croisille, Charles Aznavour.

    VIDEO

    Patachou était une muse, un agent actif de la chanson française. Elle fut aussi une interprète de caractère, qui inscrivait à ses tours de chant des classiques du répertoire : outre Brassens, Aristide Bruant (Rue Saint-Vincent, Nini peau d’chien), Léo Ferré (Le Piano du pauvre, en 1954), Francis Lemarque (Bal, petit bal), Charles Aznavour (Sur ma vie)... Des compositeurs et paroliers écrivent pour elle, comme Jamblan et Alec Siniavine qui lui offrent La Bague à Jules. On la voit chanter La Complainte de la butte dans le film French Cancan, de Jean Renoir (1955), dans lequel elle tient le rôle d’Yvette Guilbert.

    Une carrière aux Etats-Unis

    En 1953, elle part en tournée dans le monde entier. « Gamine française avec un nom fascinant », selon la presse américaine, elle chante au Waldorf-Astoria et au Carnegie Hall à New York, puis partout aux Etats-Unis où elle fera une longue carrière – elle apparaîtra plus de vingt fois dans le « Ed Sullivan Show ». Elle poursuit sa carrière, triomphe à Bobino, à l’Olympia. Elle créé en 1960 une comédie musicale, Impasse de la fidélité, au Théâtre des ambassadeurs. Puis fête ses dix ans de carrière à l’ABC avec un pastiche de My Fair Lady.

    A la fin des années 1960, elle vend Le Patachou et prend la direction artistique du restaurant cabaret du premier étage de la Tour Eiffel en 1970. Deux ans plus tard, elle donne soixante récitals au Théâtre des Variétés, avec Gérard Calvi et son orchestre. En janvier 1973, elle se produit au Théâtre Fontaine. Patachou se consacre ensuite à sa carrière d’actrice – elle a aussi fait une belle carrière à la télévision, au théâtre et au cinéma où elle apparaît notamment dans Napoléon (Sacha Guitry, 1955), Faubourg Saint-Martin (Jean-Claude Guiguet, 1986), Cible émouvante (Pierre Salvadori, 1993) et Pola X (Leos Carax, 1999).

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    Henriette Ragon, dite Patachou, à Paris. </figure> <aside class="fenetre">

    Dates

    10 juin 1918 : naissance à Paris

    1956 : sortie de l’album Patachou chante Brassens

    1972 : soixante récitals au Théâtre des Variétés à Paris

    30 avril 2015 : mort à Paris

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